» criait André Chénier, dans un mouvement sublime.
Bouvard et Pécuchet, dont Gustave Flaubert a fait deux imbéciles de base et de sommet, ont le désir, du fond de leur imbécillité, de devenir des êtres intelligents et savants sans instruction obligatoire, et si on eût pressé le bouton à Flaubert là-dessus quand il vivait, il aurait dit certainement, il n’aurait pas pu ne pas dire, que c’était là un noble mouvement, une inspiration honorable.
Et ce qui me confond, c’est la légèreté avec laquelle des hommes frivoles prescrivent des règles de conduite à des personnages d’une prudence consommée, et placés dans la plus orageuse des cours ; et cela, sans en connaître les intrigues secrètes, les brigues, les mouvements, les caractères, les vues, les intérêts, les craintes, les espérances, les projets qui changent avec les circonstances, les circonstances qui changent d’un jour à l’autre ; sans que leurs fausses conjectures sur ce qui se passe à deux lieues des bords de la Seine leur inspire la moindre incertitude sur ce qui s’est passé il y a deux mille ans sur les rives du Tibre. […] Mais de peur que la vue des cruelles angoisses qui l’excédaient ne brisât l’âme de son épouse et que le spectacle du tourment de cette femme ne lui arrachât un mouvement d’impatience, il lui persuada de se retirer dans un autre appartement. […] Il est rare que l’oppression, quand elle est extrême, n’inspire pas aux peuples quelque résolution salutaire ; mais, selon les circonstances, c’est ou une véritable crise qui termine le mal, ou le sanglot d’un agonisant, un dernier mouvement convulsif qui tombe rapidement et sans effet. […] C’est l’effet d’un malaise semblable à celui qui précède la crise dans les maladies : il s’élève un mouvement de fermentation secrète au dedans de la cité ; la terreur réalise ce qu’elle craint, la crédulité dénature ce qu’elle entend ; il y a des plaintes sourdes, il échappe des mots ; on remarque de l’inquiétude sur les visages, du désordre dans la conduite habituelle des personnages importants ; les amis se séparent, les ennemis se rapprochent ; le commerce, plus réservé pendant le jour, est plus fréquent pendant la nuit ; il erre dans les rues des hommes qui s’enveloppent, qui se hâtent, qui se dérobent ; les têtes exaltées qui ne s’expliquent rien, mais que tout frappe ont des visions, tiennent des discours prophétiques, et débitent des rêveries qui subissent, en passant de bouche en bouche, mille interprétations diverses, entre lesquelles il est difficile qu’il ne s’en trouve quelques-unes symboliques de la catastrophe qui suit. […] Nous avons perdu ses poëmes, ses tragédies, ses discours oratoires, ses livres du mouvement de la terre, son traité du mariage, celui de la superstition, ses abrégés historiques, ses exhortations et ses dialogues.
C’est ainsi que le mouvement de renaissance religieuse de 1800 à 1840 environ est très évidemment l’effet des fureurs antireligieuses de la seconde moitié du xviiie siècle. […] Ces choses sont cause et effet, et une fois l’engrenage en mouvement, le Français devient d’autant plus anticlérical qu’il tient plus à passer pour libertin, et d’autant plus libertin, au moins en apparence et d’enseigne, qu’il s’efforce d’être anticlérical. […] L’effet produit n’a pu être qu’un mouvement de pitié pour les hommes qui ont commerce avec les gens d’Église et un mouvement d’horreur contre les hypocrites de religion ; et la conclusion de gros bon sens, la conclusion un peu vulgaire, mais très naturelle, la conclusion bourgeoise de ce public bourgeois, n’a pu être que celle-ci : « Tout compte fait, il y a beaucoup d’hypocrites, d’imposteurs et d’écornifleurs dans le monde religieux, et ceux qui s’entêtent de religion sont des bêtes, ou, ce qui est pire, le deviennent. […] Seulement, un peu partout, et surtout en France, il n’y a jamais mouvement général pour faire deux choses à la fois. […] Réduire successivement le service militaire de sept ans à cinq ans, de cinq ans à trois ans, de trois ans à deux ans, tout le monde le sait, aussi bien ceux qui sont favorables à ce mouvement que ceux qui lui sont opposés, c’est abolir l’esprit militaire, c’est-à-dire la cohésion, l’entente cordiale, la communion d’esprit entre l’officier, élément permanent de l’armée, et le soldat, qui ne fait plus qu’y passer.
Prestement, assembler la petite troupe, consoler Lemaître qui pleure son cheval, et achever la bête qui geint, faire trotter les deux cavaliers démontes, lourd-bottés, examiner encore le mouvement des tirailleurs gris devant le village, évaluer leur nombre, esquiver leur tir… L’un des chasseurs, Wattrelot, file et porte au colonel un billet du lieutenant : le renseignement. […] L’empereur Ferdinand dépêcha, lui, à la cour de France son Friedenbourg, lequel eut mission de représenter à Louis XIII et à Luynes : « qu’avec la révolte de l’électeur palatin, il s’agissait d’une conspiration républicaine ; que, de toutes les républiques, villes libres, aristocraties et démocraties protestantes, naissait un mouvement qui menaçait au même titre toutes les monarchies », etc. […] Ce qu’il examine, c’est le moi et ses mouvements, ses impulsions, ses pudeurs, ses comédies, ses vives sincérités, ses costumes pour aller dans le monde, ses lassitudes et son abandon dans la retraite. […] L’ombre, aucun poète ne l’a mieux aimée et n’a mieux peint ses nuances, ses mouvements, ses manières de s’allonger aux poutres des plafonds, de se tapir aux angles des murs, aux coins des meubles, de guetter les objets, de les approcher, de les envelopper, de les ensevelir, de les abolir et de leur enseigner peu à peu le dernier devoir de disparaître. […] Il étudiait, d’après l’Eirenicon de Pusey, tout récent, un épisode du grand mouvement religieux qu’a décrit plus tard, avec une admirable justesse de méditation, Paul Thureau-Dangin, dans les trois tomes de La Renaissance catholique en Angleterre.
» L’abattement viendra après l’excès ; ces sortes d’âmes ne sont trempées que contre la crainte ; leur courage n’est que celui du taureau et du lion ; il a besoin, pour demeurer entier, du mouvement corporel, du danger visible ; c’est le tempérament qui les soutient ; devant les grandes douleurs morales, ils s’affaissent. […] Les lettres d’Horace, quoique en vers, sont de vraies lettres, agiles, de mouvement inégal, toujours improvisées, naturelles.
. — Publier est la continuation du même effet par le mouvement que cela donne à l’esprit, qui, sans cela retomberait sur soi-même1258. » — Il a écrit « par trop-plein, dit-il encore, par passion, par entraînement, par beaucoup de causes, mais jamais par calcul », et presque toujours avec une rapidité étonnante : le Corsaire en dix jours, la Fiancée d’Abydos en quatre jours. — Pendant l’impression, il ajoutait, corrigeait, mais sans refondre […] Elle semble une Cybèle des mers sortie de l’Océan, — s’élevant avec sa tiare de tours orgueilleuses, — dans le vague lointain, d’un mouvement majestueux, — souveraine des eaux et de leurs puissances. — Elle l’était jadis ; ses filles avaient leur douaire — dans les dépouilles des nations, et l’inépuisable Orient — versait dans son giron les pierreries en pluies éblouissantes. — Elle trônait dans sa pourpre, et à ses fêtes — les monarques invités croyaient leur dignité accrue1269… La Bataille géante1270 est debout sur la montagne ; — le soleil brunit l’éclat de ses tresses sanglantes ; — dans ses mains de feu, les boulets flamboient, — et ses yeux brûlent tout ce que leur éclair a touché. — Çà et là, sans repos, elle roule, un instant fixe, puis au loin, — lançant sa flamme.
Tous les ressorts qu’on peut mettre en mouvement, il les faisoit agir en digne chef du parti. […] La circulation du sang est une découverte d’une toute autre importance : elle consiste dans un mouvement qui le fait aller sans cesse du cœur dans toutes les parties du corps, par le moyen des artères, & revenir, de ces mêmes parties, au cœur, par le moyen des veines. […] Il l’enseigna d’abord dans ses leçons, la démontra ensuite par des expériences, & la publia en donnant sa Dissertation anatomique sur le mouvement du cœur & du sang. […] Dans le premier mouvement de son chagrin, « il courut au collège des jésuites, demandant miséricorde avec les termes du monde les plus humbles & les plus touchans, conjurant tous ceux qu’il rencontroit de ne le point perdre, & ajoutant qu’il avoit toujours été ami de la société ; & que l’épitaphe en question n’étoit point de lui, mais qu’elle avoit été supposée par ses ennemis, pour le brouiller avec les jésuites ».
Ces deux misérables mouvements, plaisir de l’esprit et orgueil, qui n’en sont qu’un, entraient dans toutes ses actions et faisaient l’âme de toutes ses conduites : « J’ai toujours mis ce plaisir, que je cherchois tant, à ce qui flattoit mon orgueil, et proprement à me proposer ce que le Démon proposa à nos premiers parents : Vous serez comme des Dieux !
Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées.
Elle me prophétisa ce qui m’est arrivé par hasard, un rôle grave dans une courte pièce, à grand mouvement. — Vous reviendrez après en Orient mourir où je vis, me dit-elle.
Ce bien-être à Sorrente pendant les chaleurs vient du mouvement des vagues qui lèchent les falaises, de l’ombre des arbres, de l’haleine continuelle des brises du large, de la fraîcheur et de la limpidité des ruisseaux qui tombent des montagnes de Salerne, qui murmurent entre les collines et qui serpentent dans les vallées.