Crapelet, éditeur lui-même de vieux poètes, et jaloux comme le potier l’est du potier, relevait dans la publication de l’abbé Prompsault jusqu’à 2000 fautes, à peu près le chiffre que Méziriac prétendait retrouver dans le Plutarque d’Amyot ; mais Amyot avait de quoi survivre, et le Villon de l’abbé Prompsault en mourut, — l’édition, non le poète. […] Et nous-mêmes qui savons le fort et le faible, qui vous avons vu naître, briller et mourir, nous y applaudirons et nous y applaudissons déjà, à ce commencement d’illusion, parce qu’après tout votre renommée charmante, si elle dépasse un peu vos œuvres, ne fera pourtant qu’égaler votre génie, — ce que ce génie aurait été si vous en aviez daigné pleinement user et en artiste plus maître de sa force […] Revint-il à Paris pour y mourir ? […] A quel âge mourut-il enfin ? […] — Puisque Charlemagne, ce dernier grand type héroïque en vue à l’horizon, et qui domine tout le Moyen Âge, avait lui-même payé le tribut mortel, les moindres que lui, les rois et princes du siècle présent, avaient bien pu mourir.
Ces essais, semble-t-il, ne se soutiennent pas ; et Tifernas, qui mourut quelques années après en Italie, ne fut pas remplacé. […] Ce Béda était un enragé Picard, que Bayle appelle « le plus grand clabaudeur » de son temps : préchant, écrivant, dénonçant, calomniant, injuriant, déchaîné aujourd’hui contre Érasme, demain contre Le Fèvre d’Étaples, un autre jour contre Louis de Berquin, qu’il fit enfin brûler, il ne laissa point de répit aux libres esprits, jusqu’à ce que ses fureurs, atteignant la propre sœur du roi, le firent enfermer au Mont-Saint-Michel, où il mourut. […] Ce qui restait de rhétoriqueurs guindés ou de cyniques bourgeois dans les provinces se fondit peu à peu dans son école : quand il mourut, tout le reconnaissait pour maître. […] Née en 1492, mariée en 1509 au duo d’Alençon. veuve en 1525, remariée en 1527 avec Henri d’Albret roi de Navarre, elle meurt en 1519. […] Il meurt à Turin (1544).
Des érudits de trente ans, comme La Boétie, mouraient à la façon des héros de Plutarque, en prononçant de graves discours, qu’ils semblaient réciter de mémoire, comme une leçon apprise aux écoles. […] Mariée d’abord au duc d’Alençon à l’âge de 17 ans, puis, en secondes noces, à Henri d’Albret, roi de Navarre, après une vie tout entière subordonnée à celle de son royal frère, elle mourut à 58 ans dans un commencement de vieillesse pieuse et triste. […] S’il faisait venir d’Italie le Primatice, et s’il visitait Léonard de Vinci mourant, il laissait mourir en exil Marot. […] Il y mourut en 1544, à l’âge de soixante ans, l’année même de la bataille de Cérisoles, extarris et rerum egenus, dit son biographe Sainte-Marthe, mais toujours poète et galant, malgré le conseil d’Ovide qu’il avait dû lire dans le texte même : Turpe senilis amor. […] Dans une histoire allégorique de la Réforme, voici ce qu’il dit de la scolastique, et des théologiens qui la pratiquaient : Ils nourrissoient leurs grands troupeaux de songes D’ergo, d’utrum, de quare, de mensonges… … Ils ont laissé le pain qui ne perist, Pour cestuy-là qui à l’instant pourrist ; Ils ont laissé la vraye olive et franche, Pour s’appuyer sur une morte branche ; Ils ont receu vaine philosophie, Qui tellement les hommes magnifie, Que tout l’honneur de Dieu est obscurcy.
Une partie des lieds de Heine, et de quelques autres poètes, ne sont pas que l’expression d’une humeur particulière, que de l’écriture morte, lue silencieusement et solitairement par une élite. […] Des visions l’obsèdent, de faibles rappels sonnent dans son souvenir ; un vague fantôme de femme reparaît ainsi, en quelques phrases obscures, à la fin de plusieurs chapitres des Reisebilder ; cette « Maria la morte », dont il croit entendre la « voix soyeuse » dans un vieux palais de Vérone, dont il retrouve le vague visage dans une galerie de très anciens portraits à Gênes : « Dans mon cœur vibrait le souvenir de Maria la morte. […] Il y a là les enivrements d’un amour éclos dans « le beau mois de mai », une fille froide comme une vieille rouée, vide d’âme comme une morte, des ironies cinglantes, des abandons de tristesse, des abattements navrés, la douceur d’une âme rompue et endolorie, des coups d’ailes d’espoir, des reproches ingénieux et soumis qui attendent humblement un mot amical, puis la rupture irrémédiable, et la menace, au bout d’une chanson, du dénouement funèbre de Werther. […] Et c’est pendant cette agonie de supplicié qu’il écrivait avec sa gaieté à’ rebours : « Je suis heureusement de fort bonne humeur ; dans mes nuits d’insomnie, ma fantaisie me joue les plus belles comédies et les plus jolies farces du monde. » Et ailleurs : « On m’a pris mesure pour mon cercueil et mon nécrologe ; mais je meurs si lentement que cela devient fastidieux pour mes amis et pour moi-même. » Heine a mis toute une coquetterie d’ancien à tomber correctement, un joli sourire sur ses lèvres blanches.
Arthur, qui ne veut pas maudire, En soupirant détend sa lyre… Mais Gaston dit : — « m’en vengerai, Ou bien en mourrai ! […] Les trois chevaliers furieux se tournent vers le sire de Joux en l’accusant ; mais lui-même, que ce spectacle renverse, tombe et meurt suffoqué de colère au moment où il leur jette son démenti : Cependant sur leurs haquenées Galopaient les dames de Joux, Fuyant, ainsi que trois damnées, L’ombre d’un père et leurs époux.
Il y a plus ; c’est en effet la religion qui détermine la catastrophe : Virginie meurt pour conserver une des premières vertus recommandées par l’Évangile. Il eût été absurde de faire mourir une Grecque, pour ne vouloir pas dépouiller ses vêtements.
Tout art original est réglé par lui-même, et nul art original ne peut être réglé par un autre ; il porte en lui-même son contre-poids et ne reçoit pas de contre-poids d’autrui ; il forme un tout inviolable : c’est un être animé qui vit de son propre sang, et qui languit ou meurt, si on lui ôte une partie de son sang pour le remplacer par du sang étranger. […] Est-ce que j’ai besoin de vérifier si Cléopatre est morte ? […] Il aime son général en bon et honnête dogue, et ne demande pas mieux que de mourir, pourvu que ce soit aux pieds de son maître. […] Si votre dessein est de mourir, — et à présent je le souhaite, — en voilà assez, — pour faire autour de nous un tas d’ennemis morts, — un bûcher honorable pour nos funérailles. — Choisissez votre mort. — J’ai vu la mort sous tant de formes — que peu m’importe laquelle. — Ma vie à mon âge est un tel haillon, à peine si elle vaut qu’on la donne. — J’aurais souhaité pourtant que nous eussions jeté la nôtre de meilleure grâce, — comme deux lions pris aux rets, avançant la griffe et blessant les chasseurs. » — Antoine le supplie de partir, il refuse ; Antoine veut mourir de sa main. — « Non, par le ciel, je ne le veux pas ; et ce n’est pas pour vous survivre. » — « Tue-moi d’abord, tu mourras après ; sers ton ami, avant toi-même. » — « Alors, donnez-moi la main. […] Il mourut à soixante-neuf ans.
Vers le milieu du siècle dernier, La Condamine racontait que la cuisson du poison était confiée à une vieille femme : si cette femme mourait, le curare était jugé de bonne qualité ; si elle ne mourait pas, on la battait de verges. […] Les grenouilles, les crapauds et les couleuvres meurent avec des symptômes semblables. […] L’élément sensitif vit et meurt à sa manière, il a ses poisons qui lui sont propres. L’élément moteur peut vivre et mourir séparément, il a également ses poisons spéciaux. […] Après sept ou huit minutes, la grenouille était morte et sans mouvement.
Il pleure, il embrasse sa femme, il lui jure qu’il sera éternellement malheureux sans elle, il lui crie : « Je meurs si tu meurs ! […] Il est également vrai qu’Admète n’a pas le courage de mourir et qu’il est désespéré de voir mourir Alceste. […] lâche pour les beaux yeux de qui une femme est morte !… Tu as vraiment trouvé un moyen bien ingénieux de ne jamais mourir : c’est de persuader à ta femme, quelle qu’elle soit, de mourir à ta place ! […] Elle tombe morte.
… y avoir échappé et venir mourir du choléra… mourir sans la croix, sans avoir lu son nom sur le rapport de l’armée » ; ce sont là ses premiers sentiments. […] Moi, je l’aime malgré tout, parce que je suis obligé d’en vivre en attendant que j’en meure. » Lui-même, il a son accès terrible ; « il va piquer une tête contre la porte de l’enfer, mais le diable le renvoie et ne veut pas encore de lui. » Avec cela, il n’est pas nommé chef de bataillon. […] Heureux qui ne meurt pas sans avoir vu l’instant sublime qui lui rend accompli et exaucé son plus noble désir ! […] C’est une grande satisfaction pour les cœurs bien placés… Le fils, à qui cette lettre est adressée et à qui elle donnait une si pénétrante leçon, devait mourir avant son père. […] Mais que de lenteurs non prévues, que d’obstacles de tout genre, que de misères à traverser avant de voir luire ce beau jour, ce jour unique tant désiré, et de mourir sans même avoir pu assister et présider à la seconde grande journée !
Elle en eut deux fils qu’elle aimait beaucoup, l’un militaire, dont l’établissement l’avait fort occupée, et qui mourut peu de temps après elle, et un autre, l’abbé de La Fayette, pourvu de bonnes abbayes, et dont on sait surtout qu’il prêtait négligemment les manuscrits de sa mère et les perdait. […] Je ne lui répondis qu’avec des larmes… « Cependant elle diminuoit toujours… » Le 30 juin 1673, Mme de La Fayette écrivait à Mme de Sévigné : « Il y a aujourd’hui trois ans que je vis mourir Madame : je relus hier plusieurs de ses lettres ; je suis toute pleine d’elle. » Au milieu de ce monde galant et brillant, durant dix années, Mme de La Fayette jeune encore, avec de la noblesse et de l’agrément de visage, sinon de la beauté, n’était-elle donc qu’observatrice et attentive, sans intérêt actif de cœur, autre que son attachement pour Madame, sans choix singulier et secret ? […] » Je ne sais si le lit galonné de Mme de La Fayette prêtait beaucoup aux plaisanteries ; mais, couchée là-dessus, comme il lui arrivait trop souvent, elle y était plus simple à coup sûr que son amie sous ce manteau couleur de feuille morte qu’elle affecte d’user jusqu’au bout. […] Ainsi, ma chère madame, nous regardons cette communion, qu’elle avoit accoutumé de faire à la Pentecôte, comme une miséricorde de Dieu, qui nous vouloit consoler de ce qu’elle n’a pas été en état de recevoir le viatique. » — Ainsi mourut et vécut dans un mélange de douceur triste et de vive souffrance, de sagesse selon le monde et de repentir devant Dieu, celle dont une idéale production nous enchante. […] Dieu avoit jeté une amertume salutaire sur ses occupations mondaines, et elle est morte après avoir souffert dans la solitude, avec une piété admirable, les rigueurs de ses infirmités, y ayant été fort aidée par M. l’abbé Du Guet et par quelques-uns de Messieurs de Port-Royal qu’elle avoit en grande vénération, ce qui a fait dire mille biens d’eux par Mme la comtesse de Grammont qui estime fort Port-Royal et ne s’en cache pas…. » 125.
A la fin indignée, et voulant s’enfler encore plus fortement, son corps creva et elle resta morte. » La Fontaine n’ajoute rien et met seulement le récit en dialogue ; on va voir la différence. […] Cela allait si loin que, dans le plus simple et le plus rude de tous, Corneille, le personnage disparaissait souvent, ne laissant à sa place qu’une idée abstraite et morte, sans âme ni figure d’homme, et qu’en changeant les pronoms on pouvait faire de ses plus belles scènes des dissertations philosophiques. […] Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu’on briguerait en foule une si belle mort. […] Sans sa coignée, mourait de faim. […] Le sanglier rappelant les restes de sa vie, Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps.