Il est vrai que, crispée par un scepticisme tardif, cette main n’a pu s’essuyer entièrement de ce Christianisme dans lequel elle a été si longtemps plongée : Notre mot éternel est-il : C’était écrit ? […] Mais sur le sien, à lui, le poète a écrit sans horreur le mot fataliste dans sa brièveté impérieuse et avec son fil de sabre turc, comme si c’était, après tout, le dernier mot de sa pensée, qui ne doute plus.
La Critique même, qui a le triste devoir de juger les autres, et qui, pour cette raison, est tenue à plus de décence que ceux-là qui n’ont qu’à parler, voudrait taire ce que personne ne tait qu’elle n’en serait pas moins, sans risquer de noms, très bien comprise… Sa réserve, si elle en avait, serait donc inutile ; mais elle n’est pas assez Jocrisse pour garder le secret d’une comédie dont tout le monde se passe le mot. […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de Paul de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du xviie siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes. […] Car, ici, il ne s’agit que de Romanciers, et madame Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une Romancière, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
La Critique même, qui a le triste devoir de juger les autres, et qui, pour cette raison, est tenue à plus de décence que ceux-là qui n’ont qu’à parler, voudrait taire ce que personne ne lait, qu’elle n’en serait pas moins, sans risquer de noms, très-bien comprise… Sa réserve, si elle en avait, serait donc inutile, mais elle n’est pas assez Jocrisse pour garder le secret d’une comédie dont tout le monde se passe le mot. […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes. […] Car ici, il ne s’agit que de ROMANCIERS, et Mme Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une ROMANCIÈRE, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
Le dernier mot ne valait pas la peine d’être dit. […] Prenez-les tous, en effet, depuis les meilleurs jusqu’aux pires, et cherchez si la physiologie, si l’influence ou l’explication, ou le mystère, ou l’effet, ou le mot physiologiques, n’y sont pas visibles ou latents, sommeillants ou éveillés, à fleur ou à fond de sujet. […] Mais, il faut bien le dire, il n’y a pas encore, en ce moment, de pareille œuvre dans la littérature du dix-neuvième siècle, et, quand la Critique se pose cette question-là, elle se fait l’effet de se pencher sur le bord d’un gouffre… Seulement, disons que, quoi qu’il en puisse être et quoi qu’on puisse penser du génie, qui n’a pourtant jamais dit, et qui ne dira jamais le mot de ce fat de Calonne à une femme, et qu’il trompait encore !
Bernard Derosne nous assure que Guy Livingstone a été écrit en « vingt-sept jours » et sans « autre but que l’envie de se distraire. » Mot bien nonchalant pour une chose si intense ! […] S’il n’est pas poëte, comme lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume. […] L’auteur de Guy Livingstone est idéal de sentiment et d’expression, de société et de caractère, dans un temps où nous nous mourons du mal de cœur de la réalité, qu’on nous donne pour l’art ou la vie ; il est idéal, parce qu’il est un byronien d’abord et ensuite un dandy, préoccupé, comme tout dandy, de la beauté des attitudes de son orgueil ; il l’est encore parce que tous les caractères de son roman sont pris dans un milieu humain et social exceptionnel, parce que la high life est la vie des classes supérieures qui valent mieux que les autres, de cela seul (comme le mot le dit) qu’elles sont au-dessus.
La nation, gaie et légère, préférait alors un bon mot à cent panégyriques. […] Il peint de la manière la plus touchante la douleur des pères, des fils, des épouses et des mères ; mais en même temps il s’élève avec indignation contre la frivolité barbare de ces Sybarites, qui, incapables d’être émus par tout ce qui attendrit les âmes nobles et sensibles, avides de la misérable gloire que donne un bon mot, ingrats avec légèreté, au milieu des festins et des fêtes, prodiguent une raillerie insultante à ceux qui ont combattu et sont morts pour eux. […] C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.
Les mots ne suffisent plus à exprimer toute l’intensité du sentiment moderne. […] On n’y retrouve aucun jeu de mot, aucune gauloiserie ; — que nous voilà loin des anciennes traditions françaises ! […] C’est un sentiment étonnamment complexe, qui n’est pas de la pensée, qui est plus que de la sensation et qu’aucun mot n’exprime. […] Je sais que vous avez de ces mots pour n’en pas prononcer d’autres bien simples. […] Mais le matérialisme n’est pas le dernier mot du genre humain.
Nous placerons dans ce chapitre, entre le Paradis perdu et la Henriade, quelques poèmes français et étrangers dont nous n’avons qu’un mot à dire. […] À moins qu’on ne fasse venir Sippary du mot hébreu Sepher, qui signifie bibliothèque.
Moi-même il me sembloit qu’au plus grand des héros, L’œil de larmes noyé, je parlois en ces mots : « Ô des enfants d’Ilus la gloire et l’espérance ! […] » En achevant ces mots épouvantables, Son ombre vers mon lit a paru se baisser, Et moi, je lui tendois les mains pour l’embrasser ; Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs, meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputoient entre eux.
à ces mots il saisit un gros infortiat grossi des visions d’Accurse et d’Alciat inutile ramas de gothique écriture, dont quatre ais mal unis formoient la couverture entourée à demi d’un viel parchemin noir où pendoit à trois clous un reste de fermoir. […] D’ailleurs combien de choses les poëtes imitent-ils, lesquelles ne sont pas l’ouvrage des hommes, comme le tonnerre et les autres metéores, en un mot toute la nature, l’ouvrage du createur.
Sakaye suivit, sans mot dire, le yébem qui avait pris le chemin de la montagne indiquée. […] Guinné (mot kâdo).
Presque tous les saints, au contraire, sont, qu’on nous permette le mot ! […] On pourrait mettre au compte de Fénelon, en le modifiant un peu, un mot piquant et juste qui a été dit sur Diderot : — Diderot n’est naturel que quand il est exagéré. — Fénelon, lui, n’est naturel que dans je ne sais quelle affectation de simplicité qui lui sied et qu’on lui pardonne.