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3580. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Gibbon, il est déclamatoire, oratoire ; c’est le ton de nos beaux esprits ; il n’y a que des ornements, de la parure, du clinquant, et point de fond ; je n’en suis qu’à la moitié du premier volume (de la traduction), qui est le tiers de l’in-quarto, à la mort de Pertinax.

3581. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

D’où me vient enfin cette suggestion extraordinaire de vérités dont les expressions sont mortes pour mon esprit, même quand il les connaît à la manière ordinaire ?

3582. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.

3583. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Le parfait chartreux était celui qui, interrogé à l’article de la mort sur ce qu’il avait fait pendant quarante années de silence, répondait par cette parole du Psaume : « Cogitavi dies antiquos, id annos æternos in mente habui.

3584. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Lucile, la pauvre jeune fille, atteinte de consomption, se laissa mourir pendant le conflit dont elle était l’objet, et, moyennant des larmes et un grand deuil, sa mort tira chacun d’embarras.

3585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

C’est pendant l’hiver qui précède la mort de Louis XV (février 1774) ; mais on s’arrête bientôt de peur de surprise : « Il nous était venu aussi une idée folle bien amusante, qu’il avait été convenu de tenir très secrète de peur que le roi n’y mît opposition, tout innocent que c’était : c’était de jouer, rien qu’entre nous, des comédies toutes portes closes.

3586. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

On ne croirait pas, dans la réalité, à la douleur d’un homme qui pourrait exprimer en vers ses regrets pour la mort d’un être qu’il aurait beaucoup aimé.

3587. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Le campagnard croit de tout son cœur aux revenants, et, la nuit de la Toussaint, il met le couvert pour les morts. — En Auvergne, au commencement de la Révolution, une fièvre contagieuse s’étant déclarée, il est clair que M. de Montlosier, sorcier avéré, en est la cause, et deux cents hommes se mettent en marche pour démolir sa maison.

3588. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il est vrai qu’il a reçu l’instruction des événements : il a vu s’achever le long et lourd règne de Louis XIV, il écrit dans le fort de la réaction qui suivit la mort du grand roi ; et il y aide, pour son compte, de tout son cœur.

3589. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

J’ai vu Méris, par la vertu de telles herbes, se changer en loup et traverser d’un bond les longues forêts, ou faire sortir les morts de leurs tombeaux ; je l’ai vu de même transporter les moissons d’un champ dans un autre. » André Fleuse fait songer aussi aux ascètes de la Thébaïde, dont la solitude faisait des voyants, et, par-delà, aux plus anciens hommes, aux pâtres chaldéens.

3590. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Et ces dernières pages, si belles, tandis que je les parcours, je suis sans doute arrêté par des phrases éclatantes comme celle-ci, qui termine un morceau sur le rôle de l’amour dans le développement de notre être moral : «… Tout au long de nos années, il s’est donc enrichi ou appauvri, au hasard de cette passion souverainement bienfaisante ou destructive, le trésor de moralité acquise dont nous sommes les dépositaires : infidèles dépositaires si souvent, et qui préparons la banqueroute de nos successeurs parmi les caresses et les sourires. » Ou bien ce passage m’éblouit comme un magnifique éclair : «… L’amour seul est demeuré irréductible, comme la mort, aux conventions humaines.

3591. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Que m’importe qu’Alexandre soit mort en 324 ou 325, que la bataille de Platées se soit livrée sur telle ou telle colline, que la succession des rois grecs et indoscythes de la Bactriane ait été telle ou telle ?

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