Ce qui est certain, c’est que, quand Georges remit le pied en France sur la falaise de Biville, en août 1803, il n’avait plus pour but unique la mort du Consul et l’assassinat à tout prix ; cette mort était résolue évidemment ; il la fallait comme condition première de l’entreprise ; mais le coup se liait à des projets immédiats de remplacement : le 3 nivôse, comme le dit avec concision M. […] Desmarest pense que le parti de la Restauration a peut-être plus gagné à la mort de Moreau en 1813, qu’il n’a perdu à celle de Georges et de Pichegru.
Il fut de la cabale du duc de Bourgogne, et put fonder de hautes espérances de fortune sur le prochain règne : la mort du prince le fit désespérer du bonheur public et du sien. […] Après la mort du Régent, Saint-Simon se retire : il vit jusqu’en 1755, dans son hôtel de la rue Saint-Dominique et dans son château de la Ferté-Vidame, écrivant avec une activité fiévreuse. […] Tantôt il ramasse toute une scène en quelques traits, par un dessin large, hardiment simplifié ; tantôt il développe d’immenses tableaux, comme ceux de la mort de Monseigneur, et du lit de justice qui dégrade les enfants légitimés de Louis XIV.
Écartons donc toute cette masse d’écriture inutile, qui n’ajoute qu’un poids mort à notre littérature. […] Imaginez Bajazet venant au lendemain de la publication qu’un journal aurait faite des circonstances de la mort du vrai Bajazet : la pièce de Racine n’était plus possible. […] Camille Desmoulins est une nature généreuse, sensible, aimante, une vraie nature de femme par la tendresse, que la passion politique a pu rendre violente et féroce jusqu’à applaudir aux pires excès, à réclamer les plus cruelles vengeances : une âme avide de bonheur, d’affection, de vie, affolée par la peur et les approches de la mort.
Les nouveaux venus, trop fiers pour acheter à coups de bassesses et de servilisme la place qu’on leur refusait, trop pressés d’agir pour se mettre à la file et attendre que la vieillesse ou la mort leur eût ménagé des vides, résolurent de marcher au combat avec leurs propres armes, créées de toutes pièces. […] La stagnation c’est la mort, quoi qu’on en pense de par les Instituts et Académies. […] Ma Triste, les oiseaux de rire Même l’été ne volent pas Au Mutisme de mort de glas Qui vint aux grands rameaux élire, Tragique d’un passé d’empire, Un seul néant dans les amas, Plus ne songeant au vain soulas Vers qui la ramille soupire.
Ces cousins germains, qui adhérèrent au jeune maître, pendant que ses vrais frères lui faisaient de l’opposition 115, prirent le titre de « frères du Seigneur 116. » Les vrais frères de Jésus n’eurent d’importance, ainsi que leur mère, qu’après sa mort 117. […] Car au-delà, du côté du nord, l’on entrevoit presque sur les flancs de l’Hermon, Césarée de Philippe, sa pointe la plus avancée dans le monde des Gentils, et du côté du sud, on pressent, derrière ces montagnes déjà moins riantes de la Samarie, la triste Judée, desséchée comme par un vent brûlant d’abstraction et de mort. […] Or, le recensement de Quirinius n’eut lieu qu’après la déposition d’Archélaüs, c’est-à-dire dix ans après la mort d’Hérode, l’an 37 de l’ère d’Actium (Josèphe, Ant., XVII, xiii, 5 ; XVIII, i, I ; II, I).
combien à mon tour Plaît ce dôme noirci d’une divine horreur, Et le lierre embrassant ces débris de murailles Où croasse l’oiseau chantre des funérailles ; Les approches du soir, et ces ifs attristés Où glissent du soleil les dernières clartés ; Et ce buste pieux que la mousse environne, Et la cloche d’airain à l’accent monotone ; Ce temple où chaque aurore entend de saints concerts Sortir d’un long silence et monter dans les airs ; Un martyr dont l’autel a conservé les restes, Et le gazon qui croît sur ces tombeaux modestes Où l’heureux cénobite a passé sans remord Du silence du cloître à celui de la mort ! […] L’astre touchant des nuits verse du haut des cieux, Sur les tombes du cloître un jour mystérieux, Et semble y réfléchir cette douce lumière Qui des morts bienheureux doit charmer la paupière. […] Ces murs, ces longs dortoirs, se couvrent d’anathèmes, De sentences de mort qu’aux yeux épouvantés L’ange exterminateur écrit de tous côtés.
dessin de la mort de Pélopidas . du même. […] Je ne sais ce que j’aurais produit à votre place ; je me serais renfermé longtemps dans les ténèbres ; j’aurais assisté à la mort de Pélopidas ; et je crois que j’y aurais vu autre chose. […] Je crois que cet artiste est mort il y a quelques mois ; un an plus tôt, on ne l’aurait pas regretté.
Pour être matière et sujet d’histoire, il faut être quelqu’un ; et ni avant sa mort ni après sa mort ce marquis de Grignan n’a été quelqu’un… Ce qu’on en connaît, on ne le sait que par sa grand’mère, qui même ne s’appelait pas Grignan, — qui s’appelait de son chef Rabutin de Chantal, et du chef de son mari Sévigné, et qui, elle, ne fut pas comme son petit-fils. […] Mais pour son compte particulier, ce Grignan des Grignans n’ajouta, lui, à sa vie obscure, qu’une mort obscure.
À part, en effet, ces allusions qui lui ont donné quelques jours de vie, quoi de plus froid et de plus mort avant d’avoir vécu, quoi de plus intolérablement abusif dans l’impossible, que la donnée de Gulliver ! […] Je me fie à ce fond de vieux tiroir, qui ne fut ouvert peut-être qu’après la mort du doyen, et qui m’éclaire sa personnalité restée obscure. […] Telle est la plaisanterie de Swift, ce sanglier saxon, qui n’a pas d’articulation dans le cou et qui se retourne tout d’une pièce ; tel est l’esprit de ce Voltaire anglais, de ce bouffon au masque immobile, qui, à force de sérieux, finit par être sinistre, et qui l’a été, une fois, plus que les fossoyeurs de Shakespeare bouffonnant avec des têtes de mort dans le cimetière d’Elseneur.
En apparence il est inutile au roman comme il est inutile devant la mort. […] Renan regrette dans Saint Paul que l’Apôtre ne soit pas mort renanien ; M. […] J’ai pu faire naguère, la même différence entre la mort de Jean Valjean et la mort de Jean-Christophe. […] Et l’on n’en sort que par la mort, le crime ou le suicide. […] Et je ne sais pas si le roman romanesque était si mort que cela, puisque M.
Paul Bourget s’étaient employés à le lui épargner), lorsque la mort arriva, une nuit, soudaine, Mme Laforgue, au réveil, trouvait son mari mort à côté d’elle. […] Cette mort n’est-elle pas un châtiment ? […] ce qui reste au poète de l’ami regretté, c’est un pastel évocateur et ces quelques sensations égrenées, et le souvenir de rêves faits pour l’épanouissement détruit de l’ami et le souvenir de sa mort, de ce qui fut son âme, et des minutes de pensée devant la pierre tombale qui symbolise maintenant le vivant, et aussi à cette pierre tombale le souvenir de tous les autres morts de l’artiste, de ceux dont il dit « ses morts », puisque c’est en sa joie et sa douleur qu’ils ont vécu et qu’ils sont morts. […] La vie et la mort, qu’est-ce ? […] La mort c’est avoir choisi.
Fontaney, dont les piquants Souvenirs sur l’Espagne, publiés sous le pseudonyme de lord Feeling ne sont certainement pas oubliés, est mort, il y a peu de jours, âgé de trente-quatre ans environ, après une maladie de langueur qui pourtant ne faisait pas craindre une fin si prompte. […] Si c’est elle qui lui a fait quitter son modeste emploi pour les chances de la vie littéraire, elle l’a déçu, puisqu’il est mort à la peine, sans atteindre même à ce peu qu’on appelle la renommée.