On ne risque guère davantage d’y mettre le pire : il a ses partisans. » Evidemment, c’est une boutade et La Bruyère savait à quoi s’en tenir, autant que Pascal, qui, « réglant sa montre » et se « moquant de ceux qui demandent l’heure », parle à chaque instant de « ceux qui s’y connaissent et qui ont le bon goût ».
Quand nous avons vu une main purement et fermement catholique comme celle de Wallon, dont nous connaissons le courage, écrire un livre biographique sur le célèbre fondateur de l’éclectisme moderne et y camper cette insolente épigraphe qui le montre au doigt : Esto vir !
Elle nous montre, dans la faculté de comprendre, une annexe de la faculté d’agir, une adaptation de plus en plus précise, de plus en plus complexe et souple, de la conscience des êtres vivants aux conditions d’existence qui leur sont faites.
J’ai parlé de son éloquence, elle est connue ; en général ce n’est pas une éloquence de mots et d’harmonie, c’est une éloquence d’idées qui se succèdent et se heurtent ; il semble partout que la pensée se resserre pour occuper moins d’espace ; on ne la prévient jamais, on ne fait que la suivre ; souvent elle ne se déploie pas tout entière, et elle ne se montre, pour ainsi dire, qu’en se cachant.
Ainsi les faits nous apparaissent tellement séparés de leurs causes, que Bodin, jurisconsulte et politique également distingué, montre tous les caractères de l’aristocratie dans les faits que les historiens rapportent à la prétendue démocratie des premiers siècles de la république. — Que l’on demande à tous ceux qui ont écrit sur l’histoire du Droit romain, pourquoi la jurisprudence antique, dont la base est la loi des douze tables, s’y conforme rigoureusement ; pourquoi la jurisprudence moyenne, celle que réglaient les édits des préteurs, commence à s’adoucir, en continuant toutefois de respecter le même code ; pourquoi enfin la jurisprudence nouvelle, sans égard pour cette loi, eut le courage de ne plus consulter que l’équité naturelle ?
Et cependant ce n’était que la moitié de la France, car la France n’est jamais tout entière que dans la guerre ; dans sa diplomatie et dans ses parlements, elle ne montre jamais que la moitié de ses capacités, tant elle est divisée en deux fractions par les partis qui la déchirent. […] Il ne versa jamais sur le seuil de leur exil l’amertume ou le dénigrement, qui ouvre le sanctuaire de l’infortune, comme cette fidélité d’ostentation qui montre du doigt aux ennemis du dehors les faiblesses ou les ridicules de l’intérieur des rois. […] Quand on s’est lancé hardiment, avec une sainte pensée dans le cœur, au milieu d’un peuple en révolution, pour l’apaiser et le diriger vers des destinées plus hautes et plus surhumaines ; Quand on lui a dit : « Lève-toi et règne, mais montre-toi digne de régner par ta modération, par ta tolérance, par ton respect des libertés d’autrui ; tu n’auras d’autre maître que la raison, tu respecteras tout le monde, et toi-même » ; Quand ce peuple a été soulevé entre ciel et terre pendant quelques mois, et que toutes les nations étonnées se sont agenouillées pour le contempler dans sa liberté et dans sa sagesse ; ce peuple de France a été vraiment roi de lui-même, et digne de l’être.
Mais, nous le répétons avec douleur, là s’arrête la divinité philosophique de Platon ; presque dans tous ses autres dialogues le saint disparaît, le rhéteur se montre, argumente, et le dialecticien, faisant un ennuyeux abus de la parole, se livre à des puérilités d’esprit qui font rougir le génie grec. […] Il montre comment un jeune homme, flatteur du peuple, finit par y devenir l’idole de la multitude et par affecter la tyrannie, troisième forme de cette rotation éternelle des gouvernements humains. […] Il fait ici la théorie de la tyrannie en homme qui l’avait pratiquée, puis il montre le tyran malheureux et puni par sa propre toute-puissance.
Ce qui montre bien qu’elle n’intervient pas essentiellement pour relâcher la morale, c’est l’usage que les stoïciens en ont fait dans l’antiquité. […] C’est qu’avec la précision de son génie scientifique, Pascal ne nous montre aucun objet, qu’il ne lui ait arraché le secret de son essence intime, et qu’il n’ait suivi, aussi loin que la pensée peut aller, l’action qui en rayonne à travers l’infinité de la nature. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique.
L’histoire d’une théorie, d’une doctrine nous montre que ceux qui l’ont fondée ou développée ont risqué souvent aussi de la faire avorter ou de l’affaiblir. […] Mais il ne faudrait pas confondre ce qui montre une vertu avec ce qui la produit, pas plus qu’il ne faut croire qu’il n’y aurait point de chaleur sans thermomètre. […] § 15 Rien ne montre mieux notre barbarie réelle que les crises où le mécanisme social, si fragile, étant faussé et ralenti, on en voit les éléments s’agiter convulsivement sans arriver à se rejoindre.
Si ma réclamation n’est point fondée, si le Libelle est de bonne foi, comme il le prétend, & qu’il veuille donner du poids à ses raisonnemens, qu’il se montre, qu’il me présente les originaux des Pieces sur lesquelles il s’appuie, qu’il tâche de me confondre. […] S'il s'obstine à demeurer caché, qu'il montre du moins les originaux dont il a fait usage ; & s'il craint de s'en rapporter à la décision d'une seule Personne, qu'il les remette à la Société de Théologiens & de Gens de Lettres, qui se proposent de réunir leurs lumieres & leurs travaux pour la défense de la Religion ; Société dont il parle, & dont j'ignore quels sont les Membres. […] Le Continuateur du Dictionnaire Historique de l'Abbé Ladvocat, se montre beaucoup plus sévere que moi à l'égard de M. de Voltaire, dans l'Article qu'il a consacré* à la mémoire de ce Patriarche de la moderne Philosophie.
Il faut le voir, pendant tout ce premier acte, circuler en faisant le gros dos autour de son gendre, à la façon d’un vieux matou casanier ; il se confond devant lui en politesses, en révérences, en obséquiosités taciturnes ; il tient le milieu, dans cette maison prodigue et brillante, entre l’intendant fidèle et le grand parent tombé en enfance que l’on ne montre plus qu’aux grands jours. […] A partir de ce moment, il devient sauvage, ce vieux Poirier, et je sais gré à la comédie de l’énergie avec laquelle il nous montre ce que peuvent contenir de fiel et de haine les âmes basses et les cœurs étroits. […] Roussel commence par causer affaires ; puis il s’avance, il s’insinue, il tâtonne ; il n’offre pas Caliste tout d’abord, mais il la montre de loin, dans la perspective, gracieusement posée sur le million qui lui sert de piédestal.
Sainte-Beuve nous montre, à peu près dans le même temps, trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poème sur la nature des choses. […] Partout se découvrent aux yeux de l’esprit des perspectives sans limite dans l’espace et dans le temps ; la science montre à l’homme que ses conceptions les plus hautes et les plus profondes sont inférieures à la réalité : elle semble, dans son progrès continu, être devenue le commentaire vivant de cette pensée du grand géomètre qui est aussi parmi les plus grands des philosophes et des poètes : « L’imagination se lassera plus tôt de concevoir que la nature de fournir. » En même temps que se dévoile devant notre pensée la grandeur illimitée de la création, le sentiment de l’harmonie universelle, de la solidarité des êtres, de la connexion des phénomènes, se révèle de plus en plus clairement aux esprits attentifs que l’esprit de système n’a pas troublés. […] Semble aspirer au but que leur montre son geste, Et par son attitude altière leur atteste L’effort colossal des aînés : L’homme, en levant un front que le soleil éclaire, Rend par là témoignage au labeur séculaire Des races qu’il prime aujourd’hui ; Et son globe natal ne peut lui faire honte.