L’architecture nouvelle Je vois bien peu d’esprits prêts à admettre que ce que nous nommons communément beau, n’est qu’une part infime de la beauté répandue dans le monde. […] Nous appelons beauté ce que nos pères, aux yeux desquels l’Univers insoupçonné n’existait pas, appelaient monde, c’est-à-dire un grain de sable perdu dans l’immensité. […] Le monde ne pourra la renier ; jaillie de lui, toute pleine de son âme, comprenant le sens intime de ses manifestations, elle étendra son domaine jusqu’aux limites mêmes de ce monde. Et l’antagonisme ayant cessé entré elle et lui, nos fils très lointains pourront peut-être un jour bénir les fiançailles du monde et de la beauté. […] Il me semble radicalement impossible que le monde se contente à jamais de la mesquine et puérile esthétique actuellement en honneur.
Sardou et cette vogue à laquelle notre vieux monde ne suffit pas. […] C’est une société qui se désagrège, un monde qui s’en va. […] Elles ne sont pas du monde des vivants. […] Le monde tel que le peint M Zola, fait assez bien songer à ce quelque chose d’hybride et de paradoxal que pourrait être le monde de Balzac, vu par les yeux d’Hugo. […] Ce qu’il a étudié, c’est la façon dont tous ces mondes se mêlent pour en former un autre très différent et très spécial et qui est le monde parisien.
M. de Heredia la lui apporta en lui apprenant à faire des sonnets parnassiens et le savant put quitter ce monde sans trop de souffrance. […] À notre époque, être philosophe c’est avoir un ou plusieurs systèmes pour expliquer le monde. […] Espérons toutefois que nous n’attendrons pas un siècle pour pouvoir lire Nietzsche en paix sans avoir devant nous un imbécile qui nous crie : « J’ai découvert le monde ! […] Il s’adressait à des êtres qui ont le devoir de ne regarder que leur personne parce que mille intérêts en dépendent, et qu’ils servent réellement le monde entier en ne pensant qu’à eux-mêmes. […] Ce sera le contraire à présent ; on a déjà le sentiment de cette barbarie effrayante qui va dominer le monde.
Ferrari et Bossuet, il n’y a que l’épaisseur d’une négation, mais cette dentelle est plus que l’épaisseur d’un monde. […] En effet, si la fatalité est la reine du monde, la loi éternelle, pourquoi le philosophe est-il triste lorsqu’il proclame ses arrêts ? […] Ferrari ajoute que tout cela n’est qu’une illusion et qu’il n’y a rien de ridicule dans le monde. […] Il déclare, à toute page, que le monde est la proie d’une dualité éternelle. […] L’établit-il même par l’histoire, qu’il nous a tracée du monde, trop rapide pour ne pas être suspecte, trop vaste pour n’être pas superficielle ?
Il est une simple représentation objective du monde. […] Il semble que nous soyons transportés dans un autre monde. […] Nous nous efforçons à revêtir des apparences du monde réel, ce monde du rêve, ce monde du sentiment abstrait ; nous le réalisons en quelque sorte dans des analogies corporelles et réelles. […] Ils représentent non telle personnalité historique, mais des lois du Monde. […] voilà qui aide à faire son chemin dans le monde !
Le matin, pour la première fois de sa vie, se trouvant au monde avec un souverain dans sa poche, cet homme, qui ne se couchait jamais, songea à coucher dans un lit. […] Voici donc la promenade et la distraction de ces deux débris du monde antique dans la société moderne : l’athlète et la matrulle. […] Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi. […] Elle était la fille d’un marchand du faubourg Saint-Antoine, enlevée à 13 ans, et ayant promené sa vie amoureuse dans les quatre coins du monde. […] Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les âmes mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, comme Watteau qui échappe aux amitiés des grands, et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne qui se suicide, comme Gabriel de Saint-Aubin qui boude l’officiel, les académies, et suit son génie dans la rue, comme Le Bas qui met son honneur d’artiste sous la garde de la blague moderne.
Le goût de la solitude chez cet homme qui plaisait tant dans le monde et qui se plaisait tant dans le monde, le goût de la solitude a été continuel, et il a été chez lui — il ne faut guère se servir du mot profond quand on parle de La Fontaine — mais il a été presque profond chez lui ; il a été, en tout cas, très pénétrant. […] Comment il était dans le monde ? Voilà par où je terminerai ce qui ressortit à son caractère d’artiste, car il avait précisément dans le monde ce caractère. […] l’amour domestique, La Fontaine ne l’a pas connu le moins du monde, vous le savez, et je n’insisterai point là-dessus. […] Laissons le monde et sa croyance … Voilà le ton, voilà celui qu’il a toujours.
Il était mécontent de lui-même, mécontent du monde, mécontent de ce qu’il appelait encore Dieu. […] Renan a divisé le monde en deux catégories : les sages, et les autres. […] Selon la vieille formule des alchimistes, nous sommes des microcosmes : des mondes en diminutif, mais des mondes. […] Le monde, de ce train, ressemblera un jour à la plaine Saint-Denis. […] Les hommes de notre monde sont nourris et sont tenus comme des étalons reproducteurs.
Arnolphe remonte aux plus anciens temps du monde. […] Quand on est ainsi on fuit le monde et l’on se retire dans une solitude. C’est bien à quoi assurément il songe ; mais il est retenu dans le monde par l’amour qu’il a pour une mondaine, et il est sans cesse en contact avec les vices et surtout avec les défauts du monde, ce qui redouble sa misanthropie et l’exaspère. […] L’auteur dans le monde bourgeois vient d’abord se faire admirer. […] Pour une mondaine le monde est avant tout, et celui qu’elle aime, même véritablement, ne vient qu’ensuite.
Le monde littéraire l’attirait. […] Chateaubriand a fait connaître au monde une nouvelle manière de sentir. […] Ainsi que bien d’autres, il a interrogé le monde, mais le monde lui a répondu, comme à tous ceux qui savent lui dicter les réponses. […] En 1828, déjà illustre dans le monde des lettres, il donna sa démission. […] Le monde est fait comme on vient de le voir ; mais le monde ainsi fait est une infamie.
Madame d’Alonville, la mère d’Adrien, est une jeune veuve, et nous aimons cette idée de veuve, cumulant le père et la mère dans la fonction sacerdotale de l’éducateur ; mais cette femme aimable, raisonnable, expériente des choses du monde, n’est, au fond, en matière d’éducation, qu’une agréable nullité. Il y a un mot de Kant, magnifiquement niais et bien digne, du reste, d’un anthropomorphite comme lui : « Quand un être parfait — dit-il quelque part — en aura élevé un autre, on saura alors quelles sont les limites du pouvoir de l’éducation. » On ne le saura donc jamais ; car d’êtres parfaits, il n’y en a point dans ce monde. […] Femme honnête et du monde, voilà tout ! […] Elle aurait empêché la mère d’Adrien, madame d’Alonville, de vouloir faire l’éducation morale de son fils sur le seuil du monde, à la veille des passions qui vont tout à l’heure éclater. […] Corne a tout dit quand il nous a parlé de la vie sociale sans nous montrer en quoi elle consiste, et du monde, cette notion aplatie entre les deux tempes d’une tête de femme ; car le monde, c’est six mille ans de tradition, d’influences et d’Histoire que nous portons tous plus ou moins sur notre pensée, — c’est cent cinquante générations d’un milliard chaque, et non pas le xixe siècle tout court, et à Paris !
I Le livre dont je vais vous parler doit être d’un intérêt puissant pour tout le monde, — sans exception, pour tout le monde. […] pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ? […] Il ne s’est pas isolé du monde parce qu’il avait la lèpre du corps comme le lépreux, ou la lèpre de l’orgueil comme Obermann et comme René. Lui, il s’est isolé du monde pour vivre davantage en Dieu, et parce qu’il aimait exclusivement Dieu. […] aussi païenne que le monde antique l’était du temps de Diogène, Mais ses Diogènes, à elle, étaient d’une autre espèce.