Le moment, je l’avoue, n’est pas beau ; ces années de 1690 à 1715 ne sont pas des plus triomphantes pour le glorieux monarque. Mais pourquoi prétendre que ce moment est celui qui le montre le plus à nu dans sa nature ?
Son tableau répresente le moment où la nature s’émut d’horreur à la mort du créateur ; le moment où le soleil s’éclipsa sans l’interposition de la lune, et où les morts sortirent de leurs sepulchres.
Quelques historiens se reportent à ce moment. […] Trop heureux quand la peinture d’un ridicule du moment pouvait avoir quelque vérité ! […] Nous pourrons observer le caractère de l’éloquence publique, dans le seul moment où elle a pu se montrer en France. […] Le langage ne pouvait avoir ni persuasion ni verve dans de tels moments. […] Dès le moment même, si le danger de ce choix fut compris, l’honneur ne le fut pas moins.
Je ne pense pas que Théophile Gautier, de qui on a souvent rapproché M. de Saint-Victor, et qui, en effet, a pu être son maître un moment, soit aussi neutre, aussi indulgent, aussi placide d’impression qu’on veut bien le dire : il est facile, quand on lit Gautier avec intelligence, de saisir sa vraie impression et de la discerner, comme un sable fin, au fond de ce beau lac d’indifférence où il se joue ; mais enfin M. de Saint-Victor se distingue absolument de lui par la vivacité avec laquelle il articule et accuse en toute rencontre ses affections ou ses répugnances. […] Sa voix (je l’ai entendu) prend des accents irrités, vibrants et comme métalliques quand il croit qu’on les outrage : son goût noble et élevé devient altier en ces moments-là. […] Je suis tenté à un moment de m’écrier avec Bolingbroke lui-même, qui n’espérait plus de le revoir : « Adieu, cher Swift, je t’aime avec tous tes défauts ; fais un effort, et aime-moi avec tous les miens. » Mais si je n’y prends garde, je m’aperçois que je prêche pour mon saint, — la souplesse et une sympathie conciliante.
Les personnages restent vrais, les scènes sont vraisemblables dans leur complication : sir Ralph seul touche un peu, par moments, à la caricature, mais nous ne le remarquerions pas, n’était le rôle final, le volte-face miraculeux auquel il est destiné. […] Le moment où, pendant la chasse, apprenant qu’Indiana est renversée et expirante, sir Ralph tire flegmatiquement son couteau pour se couper la gorge, me paraît d’un sublime effet. […] Dans le monde, le visage de ces hommes se compose et sourit invariablement par habitude, par artifice : dans la solitude, dans les moments de réflexion, en robe de chambre et en pantoufles, surprenez-les, ils sont sourcilleux, sombres ; ils se font, à la longue, un visage dur, mécontent et mauvais. — J’aurais autant aimé, de plus, qu’en accordant à Raymon de Ramière de grands talents et un rôle politique remarquable, on insistât moins sur son génie et sur l’influence de ses brochures : car, en vérité, comme les hommes de génie ou de talent qui écrivent des brochures en France, qui en écrivaient vers le temps du ministère Martignac ou peu auparavant, dans le cercle sacré de la monarchie selon la Charte, ne sont pas innombrables, je n’en puis voir qu’un seul à qui cette partie du signalement de Raymon convienne à merveille ; le nom de l’honorable écrivain connu vient donc inévitablement à l’esprit, et cette confrontation passagère, qui lui fait injure, ne fait pas moins tort à Raymon : il ne faut jamais supposer aux simples personnages de roman une part d’existence trop publique qui prête flanc à la notoriété et qu’il soit aisé de contrôler au grand jour et de démentir.
oui, vraiment, Barrès en a pour un moment ! […] Elles marquent une époque curieuse dans l’histoire des lettres depuis le moment où tout Saint-Denis, révolutionné, se mettait aux fenêtres pour voir passer les « décadents » jusqu’au moment où le vagabond Verlaine recevait, dans un galetas du quartier Saint-Jacques, au milieu de l’élite de la Jeunesse, par l’organe du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, les hommages de la Noblesse de France. […] Une voix les dénombre dans un coin, et l’on apprend qu’en ce moment même Bertrand agonise d’une pneumonie contractée aux obsèques de Lamoureux.
Remontant aussi haut qu’on puisse remonter dans une pareille histoire, l’abbé Huc, qui a lu sur son sujet tout ce qu’on peut lire en Chine ou ailleurs, discute avec beaucoup de compétence la légende syriaque et grecque de saint Thomas l’apôtre évangélisant les Indes, et montre, sans l’affirmer positivement cependant, que le Christianisme a pu pénétrer des Indes en Chine presque au même moment où il faisait son apparition dans le monde occidental. […] Nous, nous n’avons jamais cru beaucoup aux transformations morales et libres de cette grande idiote qu’on appelle l’Asie, de cette hébétée de l’opium, du panthéisme indou et des coups de bâton ; mais en ce moment nous y croyons moins que jamais, et surtout en ce qui touche la Chine, c’est-à-dire l’expression de l’Asie dans sa concentration la plus violente et la plus dure. […] Mais la beauté du moment unique qui brilla pour le Christianisme à la Chine, au xviie siècle, ne se retrouvera plus !
Supposons que, dans ce moment même, Thémistocle, vainqueur de Salamine, parût au milieu des jeux : on sait que lorsqu’il s’y montra après sa victoire, tout retentit d’acclamations et de battements de mains ; les jeux furent interrompus, et l’on oublia pendant une journée entière les combattants, pour voir et regarder un grand homme. Je m’imagine que dans ce moment, le père devait approcher de son fils, et lui dire : « Tu vois dans quel pays tu es né, et comme on y honore tout ce qui est grand ; et toi aussi, mérite un jour que ton pays t’honore. » Ainsi, chez les Grecs, de quelque côté qu’on jetât les yeux, on trouvait partout des monuments de la gloire ; les rues, les temples, les galeries, les portiques, tout donnait des leçons aux citoyens. […] Il prit en eux le courage d’un moment pour de la vertu ; et les précipitant dans une guerre au-dessus de leurs forces, il détruisit le dernier rempart d’Athènes, le respect qu’inspirait un grand nom.
Un bruit de trompettes et de flûtes s’éleva le matin de bonne heure, au moment du départ. […] L’autre parla encore au guerrier impatient: « Attends un moment, sire Hagene, tu es vraiment trop pressé. […] En ce moment, deux guerriers se prirent par la main. […] Les hommes de Gunther sont si animés de fureur, qu’en ce moment je ne puis sauver personne. […] Oui, je vois en ce moment l’armure de Hagene rougie de son sang. » Kriemhilt reconnaissante lui prit elle-même le bouclier de son bras.
Si la grâce préfère les courbes aux lignes brisées, c’est que la ligne courbe change de direction à tout moment, mais que chaque direction nouvelle était indiquée dans celle qui la précédait. […] A ce moment précis, l’intensité, qui n’était qu’une certaine nuance ou qualité de la sensation, devient une grandeur. […] Delbœuf fait varier l’éclat C du troisième anneau, et demande à l’observateur de lui dire si, à un moment donné, la teinte grise B lui paraît également éloignée des deux autres. Un moment arrive, en effet, où celui-ci déclare le contraste AB égal au contraste BC ; de telle sorte qu’on pourrait construire, selon M. […] Il ne s’agit pas ici, en effet, de mesurer la sensation, mais seulement de déterminer le moment précis où un accroissement d’excitation la fait changer.
écrit-il, c’était alors le moment d’acquitter ma dette. […] Le moment venu, il hésite, et il nous en apprend les raisons. […] Cela nous conseille l’indulgence dans les moments où nous sommes tentés de nous irriter contre lui. […] Si son laquais quittait un moment sa chaise, à l’instant on m’y voyait établi : hors de là, je me tenais vis-à-vis d’elle, je cherchais dans ses yeux ce qu’elle allait demander, j’épiais le moment de changer son assiette. […] Et le moment est venu aussi de lui faire connaître Dieu.
Est-ce le moment de songer aux amours ? […] En fait et à un moment donné, c’est exact. […] J’ai peur qu’en ce moment nous ne soyons entrés dans la jonglerie. […] A d’autres moments, il semblait atteint d’une mélancolie profonde. […] C’est à ce moment qu’il se réveille.