Sur toute la profondeur des lignes, c’était la même activité religieuse, plus complète à mesure que le terrain se faisait plus calme.
En effet les hommes durent se représenter la terre comme un grand dragon couvert d’écailles, c’est-à-dire d’épines ; comme une hydre sortie des eaux (du déluge), et dont les têtes, dont les forêts renaissent à mesure qu’elles sont coupées ; la peau changeante de cette hydre passe du noir au vert, et prend ensuite la couleur de l’or.
Un compliment, c’est un peu d’amour dans beaucoup d’esprit ; c’est juste la mesure du cœur et de l’esprit de Marot. […] Quant aux obscénités littéraires de Marot, en vérité elles sont assez rares, et il ne faut en grossir ni la mesure ni le nombre. […] Plus aucune commune mesure. […] Entre le parfait et ce qui ne l’est pas il n’y a pas de degré, parce qu’il n’y a pas de commune mesure. […] Mais c’est une question de mesure, et rien au monde n’est plus difficile que de déterminer cette mesure selon le génie de chaque peuple.
Pour le présent j’attends mon ordre de départ, et je me dispose à profiter de la liberté qui m’est donnée. » Régulier et méthodique, Gandar ne se proposait toutefois d’user de cette latitude qu’avec discrétion et mesure : « Mon désir était de voir peu de villes pour les bien voir, de séjourner à Rome, de traverser Gênes, Florence et Naples, et d’arriver à Athènes sans m’écarter de cette ligne. […] Un peu de réflexion le rendit à lui-même et le ramena à la juste mesure des choses. […] Fidèle aux habitudes de mon esprit, je me prépare surtout à déterminer et à juger l’impression morale produite par ses drames, grande question qui me tourmente à mesure que j’avance, et sur laquelle je suis très préoccupé de dire assez, de ne pas dire trop166… » En dehors d’ailleurs du cadre et de l’appareil enseignant, l’admiration de Gandar pour Shakespeare ne l’aveuglait pas, et il restait à cet égard dans une mesure que les derniers venus, toujours portés à renchérir, ont trop souvent dépassée. […] Chaque année, les amis qui venaient l’entendre en Sorbonne remarquaient en lui un progrès dont ils étaient frappés : il gagnait à mesure en simplicité, en lumière, en fermeté ; ce qu’il y avait d’oratoire dans sa nature se déployait là, en s’épurant ; sa piété vive et studieuse pour ses modèles, pour Bossuet surtout, l’a plus d’une fois bien inspiré.
À mesure que le froid augmentera, chaque zone plus ou moins tempérée deviendra de plus en plus favorable aux formes arctiques, et de moins en moins propice à ses anciens habitants. […] Et à mesure que la neige disparaîtra du pied des montagnes, les formes arctiques se saisiront du sol découvert et dégelé, toujours s’élevant de plus en plus haut, tandis que leurs semblables continueront leur voyage vers le pôle. […] À mesure que ces plantes et ces animaux émigrèrent vers le sud, ils durent se mélanger en Amérique avec les productions américaines indigènes, et en Europe avec les espèces européennes ; de sorte qu’une vive concurrence dut s’établir entre les anciens habitants de ces deux grandes régions et les nouveaux immigrants. […] À mesure que la température baissa, toutes les plantes et autres productions tropicales firent retraite vers l’équateur, suivies à la remorque par les productions tempérées et celles-ci par les formes arctiques ; mais nous n’avons rien à faire avec ces dernières quant à présent. […] En effet, si l’axe de rotation de la terre se déplace, l’équateur se déplace avec lui, et les latitudes terrestres sont variables ; mais la question ne saurait encore être décidée par la comparaison des mesures modernes avec les observations anciennes qui manquent de l’exactitude nécessaire.
Dans quelle mesure sommes-nous dupes de l’illusion dont nous parlons ? […] De même le premier orateur qui employa la prosopopée 27 fut, en quelque mesure, sincère ; il représenta à sa manière le phénomène qu’Homère avait décrit en poète, et le même instinct esthétique lui suggéra de placer à tort dans la bouche du conseiller imaginaire la démonstration du précepte après son énoncé. Puis la prosopopée prit place dans les rhétoriques parmi les conventions oratoires ; sa vérité psychologique, de plus en plus faible à mesure que les esprits se raffinaient, fut oubliée ; on ne se souvint plus que de sa valeur esthétique et de sa vertu démonstrative. […] Les monologues tragiques, s’ils ne passent pas dans l’allure générale et dans les détails la mesure de la vraisemblance, et s’ils ne sont introduits par le poète que dans les circonstances qui les motivent dans la réalité, reproduisent un événement assez fréquent de la vie humaine ; la preuve en est que la comédie use aussi de ce procédé et que le drame moderne l’a conservé ; rien n’est donc plus légitime que son emploi. […] Nous venons de citer des exemples types : dans le premier, l’imagination domine évidemment ; dans les trois autres, la passion semble pure de tout mélange ; mais rarement la passion s’éveille sans éveiller en quelque mesure l’imagination ; la raison en est que rarement l’objet de la passion est purement intellectuel, c’est-à-dire d’ordre général, scientifique ou politique ; quand je n’ai d’autre société intérieure qu’une société abstraite, consistant dans des concepts que parcourt mon entendement, mêlés à des noms propres de personnages ou de pays que je ne connais que par ouï-dire et qui valent pour mon esprit des abstractions, alors je suis, à vrai dire, seul avec ma pensée, je n’ai point de société véritable, et, d’ordinaire, je reste calme228 ; l’émotion, presque toujours, me fait rentrer dans la vie réelle, dans la vie sociale ; ce qui m’émeut en joie ou en tristesse, c’est quelque objet concret de la nature, le plus souvent quelque personne humaine, dont mon souvenir reproduit l’image plus ou moins nette, et, avec cette image, le son spécifique.
Il est si probable que ces esprits animaux sont du feu, que les vieillards manquent de mouvement, de force, à mesure qu’ils manquent de chaleur. […] On pourroit parmi nous introduire dans le chant cette mesure qui approche de la saphique. […] Les vers de dix syllabes ordinaires sont d’une autre mesure ; la césure sans hémistiche est presque toûjours à la fin du second pié, de sorte que le vers est souvent en deux mesures, l’une de quatre, l’autre de six syllabes ; mais on lui donne aussi souvent une autre place, tant la variété est nécessaire. […] Le fini est-il dans votre esprit autre chose que l’image de quelque mesure bornée ? L’infini est-il autre chose que l’image de cette même mesure que vous prolongez sans fin ?
Mais, en outrepassant la mesure du blâme par le mot flétri (la conscience publique flétrit de coupables manifestations) qui se trouvait dans l’adresse de la Chambre et qu’adoptait le ministère, on a refait une position à M.
Le cadre ici était petit, mais le patriotisme ne se mesure pas au cadre.
Ici, à mesure que la scène s’agrandit, la personnalité qui règne dans ces Mémoires se rétrécit encore, et la mesquinerie des réflexions s’accroît avec l’importance des événements.
Il paraît qu’alors Bonaparte méditait quelque coup d’éclat, qui l’élevât encore plus haut dans l’opinion des Français à mesure que le Directoire y perdait davantage.
La simplicité n’exclut donc ni la grandeur ni la finesse du style ; elle permet les plus sublimes élans et les délicatesses les plus raffinées : mais elle veut que l’on mesure tout à la pensée et au sentiment qu’il s’agit de rendre.