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31. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

Honore les héros pleins de bonté et de lumière , dit le premier dans ses Vers Dorés. […] « Ces héros pleins de bonté et de lumière pensent toujours à leur Créateur, et sont tout éclatants de la lumière qui rejaillit de la félicité dont ils jouissent en lui. » — Et plus loin, « héros vient d’un mot grec qui signifie amour, pour marquer que, pleins d’amour pour Dieu, les héros ne cherchent qu’à nous aider à passer de cette vie terrestre à une vie divine et à devenir citoyens du ciel69. » Les Pères de l’Église appellent à leur tour les saints des héros : c’est ainsi qu’ils disent que le baptême est le sacerdoce des laïques, et qu’il fait de tous les chrétiens des rois et des prêtres de Dieu 70. […] Déjà l’Océan se creuse pour engloutir les matelots ; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres ; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l’Étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue.

32. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Ainsi commençait la lumière dans le chaos du moyen âge ; ainsi l’esprit de Dieu, la science et la poésie étaient portées sur les grandes eaux de la barbarie. […] Tout pénétré de cette lumière, tout enchanté de cette poésie, il en réfléchit les rayons dans un idiome naissant à peine, et qu’il façonnait sous ce puissant modèle. […] J’étais au ciel, et j’y dois retourner encore, pour donner à d’autres le charme de ma lumière. […] Chaque étoile a versé dans mes yeux quelque chose de sa lumière et de sa vertu. […] une lumière qui courait sur la mer si vite que nul oiseau n’eût égalé son vol.

33. (1894) Textes critiques

L’autre toile plaît par sa lumière d’encens vitré.‌ […] A quand un décor de drame de rêve de cette lumière protoplasmique ? […] Soleils écrasés au centre, lumière traînée de filières d’araignées ou de vers-à-soie étalons, irradiant ses pentagrammes avant Van Gogh. […] La lumière des pierreries du granit du château se fait brouillard, et le brouillard, léger comme l’âme de Vitalis, tissue de linge blanc lessivé par des sorcières, se résout en autre lumière. […] [La lumière est active…] La lumière est active et l’ombre est passive et la lumière n’est pas séparée de l’ombre mais la pénètre pourvu qu’on lui donne le temps.

34. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

La Providence ne nous a donné aucune faculté morale dont il nous soit interdit de faire usage ; et plus notre esprit a de lumières, plus il pénètre dans l’essence des choses, du moins si nous avons soumis ces lumières à la méthode qui les réunit et les dirige : cette méthode n’est elle-même que le résultat de l’ensemble des connaissances et des réflexions humaines : c’est à l’étude des sciences physiques que l’on doit cette rectitude de discussion et d’analyse qui donne la certitude d’arriver à la vérité lorsqu’on le désire sincèrement ; c’est donc en appliquant, autant qu’il est possible, la philosophie des sciences positives à la philosophie des idées intellectuelles, que l’on pourra faire d’utiles progrès dans cette carrière morale et politique dont les passions ne cessent d’obstruer la route. […] Les erreurs de tout genre, en politique et en morale, ne peuvent à la longue subsister à côté de cette masse imposante de connaissances et de découvertes qui, dans l’ordre physique, porte partout la lumière. […] En examinant l’état actuel des lumières, l’on reconnaît aisément que nos véritables richesses ce sont les sciences. […] Si l’on jugeait à ces signes de l’état des lumières, on croirait l’esprit humain reculé de plus d’un siècle en dix années ; mais la nature des arguments dont on se sert en faveur des préjugés mêmes, est une preuve incontestable des progrès qu’a faits la raison. […] Le despotisme dispense de la science politique, comme la force dispense des lumières, comme l’autorité rend la persuasion superflue ; mais ces moyens ne peuvent être admis lorsqu’on discute les intérêts des hommes.

35. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

salut, source de la manne divine, langue d’or de la lumière céleste, épouse de Dieu ! […] Là, en effet, où réside la profondeur du Père, là est le glorieux Fils, enfantement de ses entrailles et sagesse ouvrière du monde ; et là brille aussi la lumière médiatrice du Saint-Esprit. […] Permets-moi de me confondre dans la lumière créatrice ; permets que, sous ta garde paternelle, avec le chœur céleste, je t’offre des hymnes saintement spirituels ! Permets, ô Père, que, réunie à la lumière, je ne retombe plus dans les souillures de la terre ! […] Fais briller à mon âme une lumière échappée de la source spirituelle ; donne à ma jeunesse la vigueur d’un corps sain et robuste, et la gloire de bien faire.

36. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Formes et lumière ; coloris, valeurs ; leur degré d’objectivité. […] Celles-ci, à ce qu’il me semble, sont à la lumière comme les rythmes aux sons. […] Si nous examinons les formes en elles-mêmes, en tant que « lignes », indépendamment de la « couleur », de la lumière, nous voyons que l’attitude en est l’élément le plus objectif. […] Sa couleur même n’est point la couleur solide de certains Flamands ; le plus souvent elle s’efface pour renaître en lumière. […] M. de Régnier affectionne plutôt l’ombre, ou la lumière qui s’étouffe aux crépuscules et celle des forêts à l’automne.

37. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

nous sommes arrivés à une époque où ceux qui aiment, vénèrent et se dévouent à propager les vérités du catholicisme, peuvent laisser là les argumentations inutiles, qui n’imposent plus au scepticisme même quand elles l’étonnent, et se contenter de reproduire les textes sacrés, d’où la lumière jaillit sur le monde des anciens sophistes et doit rejaillir de la même force sur les nouveaux. […] venue d’en haut comme la lumière, la vérité révélée se rallume comme la lumière sur le flambeau où l’on croyait l’avoir éteinte. […] L’abbé Brispot accompagne le texte concordé des Évangiles de commentaires, explications et notes, tirés des écrivains les plus illustres de l’Église dans l’ordre de la sainteté ou de la science, et c’est dans le choix de ces annotations, qui viennent ajouter leur lumière à celle du texte souvent d’une trop divine pureté pour tomber dans des yeux charnels sans les offenser, que l’abbé Brispot a montré les richesses d’une forte érudition religieuse et le tact supérieur qui sait s’en servir. […] Le catholicisme a cela de remarquable que, par cela seul qu’il est la vérité, il élève tous les esprits dans une sphère de lumière qui les échauffe et les pénètre. […] Nous encourageons toujours de nos vœux les publications de ce genre, tous les ouvrages qui, comme cette Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, remettent en lumière et en solidité les assises mêmes de notre religion et de notre foi.

38. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Quel témoignage vivant l’histoire nous donne-t-elle donc de cette permanence et de cet accroissement indéfini de lumière, de vertu, de civilisation, de félicité sur la terre, dans les races qui nous ont précédés ici-bas ? […] Nous croyons que les reflets de cet Éden et de cette lumière ont resplendi longtemps sur son âme, avec plus de lueurs d’une révélation primitive que dans des âges plus distants de son berceau ; nous croyons que cette révélation primitive date de la création, que Dieu est contemporain de l’âme qu’il créa pour l’entrevoir et pour l’adorer, et que s’il y a une plus éclatante effusion de la lumière, c’est à l’aurore du genre humain, et non dans le crépuscule de sa caducité, qu’il faut la chercher. […] Pourquoi m’as-tu ravi ma part de ciel, de lumière, d’air, de jeunesse, de joie, de vie ? […] Je me jurai à moi-même de ne jamais retrancher par caprice une heure de soleil à ces hôtes des bois ou à ces oiseaux du ciel qui savourent comme nous la courte joie de la lumière, et la conscience plus ou moins vague de l’existence sous le même rayon. […] Jetons du bois dans le foyer, et prions Dieu que la lumière et la chaleur durent, dirai-je à M. 

39. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Mon but est de chercher à connaître quelle serait l’influence qu’auraient sur les lumières et sur la littérature les institutions qu’exigent ces principes, et les mœurs que ces institutions amèneraient. […] Dans le cours de cet ouvrage j’ai montré comment le mélange des peuples du Nord et de ceux du Midi avait causé pendant un temps la barbarie, quoiqu’il en fût résulté, par la suite, de très grands progrès pour les lumières et la civilisation. […] Mais sans analyser les résultats de ce temps horrible qu’il faut considérer comme tout à fait en dehors du cercle que parcourent les événements de la vie, comme un phénomène monstrueux que rien de régulier n’explique ni ne produit, il est dans la nature même de la révolution d’arrêter, pendant quelques années, les progrès des lumières, et de leur donner ensuite une impulsion nouvelle. […] Ce que la morale commande dans les actions n’est jamais douteux ; mais souvent on hésite, souvent on se repent de ses opinions même, lorsque des hommes odieux s’en saisissent pour les faire servir de prétexte à leurs forfaits ; et la vacillante lumière de la raison ne rassure point encore assez dans les tourmentes de la vie.

40. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Ses barbouillages de boue au front de la vérité sont dorure, lumière et gloire. […] Un jour, tout à coup, brusquement, le gonflement du vrai a abouti, l’éclosion a eu lieu, l’éruption s’est faite, la lumière les a ouverts, les a fait éclater, n’est pas tombée sur eux, mais, plus beau prodige, a jailli d’eux, stupéfaits, et les a éclairés en les embrasant. […] Les écrivains et les poètes du dix-neuvième siècle ont cette admirable fortune de sortir d’une genèse, d’arriver après une fin de monde, d’accompagner une réapparition de lumière, d’être les organes d’un recommencement. […] Mais avant tout et surtout, prodiguons la lumière. […] De là cette parole : Délivrance, qui apparaît au-dessus de tout dans la lumière, comme si elle était écrite au front même de l’idéal.

41. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Le caractère du talent de M. de La Madelène est une grande douceur dans une grande lumière : mais ne vous y méprenez pas ! […] La douceur de M. de La Madelène n’a rien de béat, ni d’optimiste, ni de sympathique à côté, ni de dupe, comme bien des talents qui n’en sont pas plus doux pour cela ; et sa lumière est faite d’une chaleur et d’une flamme, dont les rayons peuvent se velouter en passant par le milieu de sa pensée, mais n’y perdent pas de leur pénétrante intensité ! […] La fougue qui enlève un si vaste ensemble ne nuit pas aux effets poignants des détails et n’en altère, pas la lumière. […] Il a le regard transparent, et peint la tête dans la lumière, y mettant la passion elle-même, dans cette lumière, quand il la peint furieuse et sauvage. […] Deux mots déjà dits, et que nous répéterons, résument cette manière, — grande lumière dans la grande douceur, — la douceur des forts à qui rien ne résiste, et qui n’ont à faire nul effort pour tout emporter !

42. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

N’y aurait-il pas encore des hommes qui, malgré leur orgueil, sentant leur faiblesse, haïssent par instinct les lumières qui les jugent, et ne peuvent consentir à entendre louer ceux qu’ils estiment trop pour oser prétendre à leur estime ? […] Vous y voyez l’homme dans les cieux, sur les mers, dans les profondeurs des mines ; l’homme bâtissant des palais, perçant des montagnes, creusant des canaux, et faisant servir tous les êtres à ses besoins, à sa défense, à ses plaisirs, à ses lumières. […] En général, il fait entendre beaucoup de choses qu’il ne dit pas ; et cette confiance, qu’il veut bien avoir dans les lumières d’autrui, est une flatterie adroite pour son lecteur. […] De là ce style presque toujours à demi voilé, et toutes ces énigmes de morale, aussi ingénieuses que piquantes ; les lumières générales durent encore contribuer à ce style. […] Fontenelle pensait que, pour mériter un éloge, il ne suffisait pas d’avoir fait inscrire son nom dans une liste ; que les hommes du plus grand nom, quand ils ne portaient pas des lumières dans une compagnie savante, devaient du moins y porter du zèle ; que des titres seuls ne peuvent honorer un corps où l’on compte les Cassini, les Leibnitz et les Newton ; et qu’enfin, s’il y a des lieux où un rang et des dignités suffisent pour que la flatterie soit toujours prête à prodiguer l’éloge, ce n’est pas à une compagnie de philosophes à donner cet exemple : il avait donc alors le courage de se taire ; et il serait à souhaiter que dans les mêmes occasions on rendît toujours la même justice.

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