On prépara les longues patiences de l’hiver. […] Un roman réaliste n’évite guère d’être un peu long : et il nous dure, dès que nous savons le principal, qui tient en quelques feuillets ; mais les heures sont plus longues dans les tranchées que les pages du livre et plus nombreuses, patience ! […] Cela fut fait ; et l’Europe eut de longues années tranquilles. […] Aucune minute ne lui paraît longue, ou trop courte ; il n’a ni hâte, ni ennui. […] La liste de leurs morts est longue.
Tout d’un coup, après ce long espace et cette interruption qui semble définitive, un talent reparaît, en qui sourit une douce et chaste ressemblance avec l’aïeul littéraire. […] L’imagination, vers les murs élancée, Chercha leur saint repos, leur long recueillement ; Mais mon âme a besoin d’un plus doux, sentiment. […] ce furent moins ces rudes années de l’orage qui lui furent contraires, que les longs espaces du calme retrouvé et des grandeurs. […] J’ai lu, dans les séances publiques de ce même Institut, des fragments d’un long poëme qui ne peut déplaire aux héros, puisque j’y célèbre les plus grands exploits de l’antiquité. […] De longue main, Eschyle, dans ses Perses, y a pourvu : c’est lui qui a fait là, une fois pour toutes, l’épopée de Salamine.
» Boutade expressive d’un philosophe parvenu au soir de la vie, et qui trop souvent à son aurore oublia, parmi les longues tresses dénouées, combien courtes pouvaient être les idées de celles à qui leur beauté servait alors de suffisante excuse ! […] Lorsque, à la suite d’une longue séparation, Donna Marie revoit Antoine et s’attache à lui « avec les grands mouvements de l’être », écoutez ses accents : « Vous êtes mon jardin refleuri, ma maison retrouvée, ma volupté vivante ; vous êtes ma tristesse et ma bouche. […] Sans doute avec une longue persévérance, en s’y prenant dès le premier âge, on habitue les chats à passer dans des cerceaux. […] Et je veux que vous m’aimiez toujours, moi qui depuis de longues années n’ai pas eu pour votre détresse lointaine le plus petit regret pitoyable ou attendri ! […] Elle nous en dit long sur la puissance de dédoublement de l’âme féminine.
Quand je songe que, dans l’âge voisin de la vieillesse et de ses infirmités, me voilà seul sur la terre, comme un célibataire débauché ou un homme personnel qui n’a vu que lui dans la nature ; que le sein sur lequel je m’appuie doucement, pour y chercher la consolation, est le sein d’une bonne mère de soixante-quinze ans ; que les objets qui devaient vivre avec moi et auprès de moi m’ont précédé si jeunes dans le tombeau ; quand je parcours tout cet espace qu’on appelle la vie, et que j’embrasse d’un coup d’œil cette longue chaîne de besoins, de désirs, de craintes, de peines, d’erreurs, de passions, de troubles et de misères de toute sorte, je rends grâces à Dieu de n’avoir plus à sortir du port où il m’a conduit ; je le remercie de la tendre mère qu’il me laisse, et des amis qu’il m’a donnés, et surtout de pouvoir descendre dans mon cœur, sans le trouver méchant et corrompu. […] Je me suis quelquefois comparé à un grand vaisseau construit pour de longs voyages et penché tristement sur le côté, enseveli dans la vase et périssant par son immobilité. […] Si je sens une longue épine se tourner dans mon cœur avec tous ses piquants, je me tairai, et j’espère que mes douleurs secrètes me seront comptées dans un monde où tout est justice et vérité. […] L’éditeur académique a supprimé la longue épine avec tous ses piquants ; il a trouvé la phrase plus coulante sans cela.
Ben-Abou est un homme superbe ; il était monté sur une mule blanche et environné d’une vingtaine de jeunes pages de l’empereur, le fusil haut, la tête découverte, une longue tresse de cheveux courts pendant sur l’oreille gauche, et vêtus de robes de toutes couleurs ; les chevaux richement équipés : le tout formait un groupe éclatant. […] Il avait assisté à la première partie de l’expédition en juin-juillet 1854, et il avait souffert autant que personne de cette longue inaction de Varna. […] Je viens d’avoir, à ce sujet, une longue conversation avec X… ; nous sommes convenus ensemble que c’était là la véritable humilité… » La suite de la correspondance entretenue avec cette même amie, et dont j’ai sous les yeux de nombreux extraits, fournirait bien des pensées semblables qu’on ne s’attendrait nullement à voir exprimées sous sa plume. […] Dans la longue maladie qui l’épuisa graduellement et l’enleva, il reçut tous les soins et toutes les consolations qu’on peut envier.
Ce logis communiquait, par derrière, par une porte masquée et ouvrant à secret, avec un long couloir étroit, pavé, sinueux, à ciel ouvert, bordé de deux hautes murailles, lequel, caché avec un art prodigieux et comme perdu entre les clôtures des jardins et les cultures dont il suivait tous les angles et tous les détours, allait aboutir à une autre porte également à secret, qui s’ouvrait à un demi-quart de lieue de là, presque dans un autre quartier, à l’extrémité solitaire de la rue de Babylone. […] Plus tard il avait revendu par petites parcelles pour jardins et cultures les lots de terre riverains du corridor, et les propriétaires de ces lots de terre croyaient des deux côtés avoir devant les yeux un mur mitoyen, et ne soupçonnaient pas même l’existence de ce long ruban de pavé serpentant entre deux murailles parmi leurs plates-bandes et leurs vergers. […] De longs rideaux de damas fond rouge à trois couleurs, pareils au lit, pendaient aux fenêtres du premier étage. […] « On apercevait, au lieu de fleurs dans les rameaux et de rosée dans les fleurs, les longs rubans d’argent des limaces sur le froid et épais tapis des feuilles jaunes ; mais de toute façon, sous tout aspect, en toute saison, printemps, hiver, été, automne, ce petit enclos respirait la mélancolie, la contemplation, la solitude, la liberté, l’absence de l’homme, la présence de Dieu ; et la vieille grille rouillée avait l’air de dire : — Ce jardin est à moi !
Il semble même que ce sage esprit pousse un peu bien loin l’enthousiasme, quand il écrit ce vers : Un sonnet sans défauts vaut seul un long poème. […] Enfin, quand il s’autorise du Misanthrope pour condamner Scapin, c’était le cas de se rappeler Qu’un sonnet sans défauts vaut seul un long poème. […] On voit hors des deux bouts de ses deux courtes manches Sortir à découvert deux mains longues et blanches, Dont les doigts inégaux, mais tout ronds et menus, Imitent l’embonpoint des bras ronds et charnus. […] Enfin la grande règle, sans laquelle toutes les règles ne servent à rien, c’est le travail : il faut patiemment, laborieusement, chercher, refaire, corriger, effacer ; la perfection est le prix d’une lutte longue et douloureuse par laquelle la matière rebelle est soumise à l’art inexorable.
Cependant il passait ses vacances, et, lorsqu’il eût échappé aux collèges, il fit un long séjour au triste château de Combourg ; le paysage avec ses forêts, ses landes, ses marais, était âpre et désolé ; le château était une autre solitude, plus écrasante : le soir, après avoir couru dans la campagne sauvage, le chevalier écoutait passer les heures, dans la vaste salle à peine éclairée, que son père parcourait en silence d’un pas invariable : puis il allait coucher dans une tourelle isolée, tout seul, face à face avec les terreurs de la nuit. […] Peu porté et peu exercé à observer, n’ayant dans ses longues journées de Combourg presque point de créatures humaines avoir, sensible aux dehors surtout, il ne connaîtra guère des autres que les masques et les silhouettes. […] Une poignante sensation de vide, un long bâillement, un ennui sans mesure. […] Ouvrons cet admirable sixième livre : « Plusieurs fois, pendant les longues nuits de l’automne, je me suis trouvé seul, placé en sentinelle, comme un simple soldat, aux avant-postes de l’armée.
L’homme a laissé les Sept tirant au sort les portes où chacun d’eux conduira sa troupe : — « Choisis donc les meilleurs guerriers, dit-il au jeune roi, et place les promptement aux avenues de la ville. » C’est alors que le Chœur des femmes entonne sa longue plainte par des litanies de dieux protecteurs appelés à l’aide : Arès d’abord, patron de la guerre : — « Antique enfant de cette terre, regarde cette ville que tu as tant aimée autrefois. » — Puis Zeus « Père » universel ». […] Le bas-relief, image et analogie ordinaire des spectacles de la poésie hellénique, fait place cette fois à ces tapisseries de haute lice où s’entre-heurtent, sur leurs palefrois caparaçonnés, des paladins masqués de leurs cribles, où s’alignent, épaule contre épaule, des chevaliers aux profils barrés par les longues lances qu’ils tiennent en arrêt. […] Chargé d’une longue échelle, il s’avançait et criait, avec d’énormes jactances, que même le tonnerre divin ne l’empêcherait pas de faire crouler la ville en ruines. […] La femme grecque fut le coryphée de cette longue file de pleureuses : on la voit, dès les plus hauts âges, chargée de gémir pour tous sur les morts, de leur parler et de les prier, de leur montrer la pince vide qu’ils laissent au foyer de ceux qui survivent.
La délicatesse d’esprit est une corruption, longue, longue à acquérir, et que ne possèdent jamais les peuples jeunes. […] Et pour porter un torse flamand, elle a gardé les jambes fines d’une Diane d’Allegrain, et le pied aux doigts longs d’une statue, et des genoux d’un modelage… Puis l’homme a besoin de dépenser, à certaines heures, des grossièretés de langue, et surtout l’homme de lettres, le brasseur de nuages, en qui la matière opprimée par le cerveau, se venge parfois. […] — Moi, Madame, pas du tout, au printemps j’adore Paris : les jours sont devenus longs et c’est le meilleur mois pour bien voir les petites filles qui sortent des magasins !
Je ne vais pas vous la lire, elle est trop longue ; en voici le sens : Vous savez que Circé a transformé en animaux tous les compagnons d’Ulysse, excepté Ulysse lui-même, parce qu’il est le plus sage des hommes et qu’un homme tel que lui ne se transforme pas en animal si facilement. […] » Enfin c’est l’animal qui a continuellement peur, exactement comme le lièvre qui est si craintif que Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donne la fièvre et qu’il s’enfuit non pas devant un chien, mais devant l’ombre du chien, et qui, pourtant, redresse ses oreilles quand il s’est aperçu, passant le long d’un étang, qu’il effrayait les grenouilles. […] Gémir, pleurer, crier est également lâche, Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler ; Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. […] La fable est un peu trop longue pour que je vous la lise à cette heure.
Il nous aurait fait sentir que ce génie-femme ne l’est pas seulement par les formes de sa beauté, par la placidité, par la tendresse, par la rêverie, par le rythme du sein sous le mouvement du cœur, mais qu’il l’est encore par son amour pour le vieil Homère et par tout ce qu’une longue intimité laisse après elle, par la pudeur discrète des plaisirs qu’il en a reçus. […] Pour un poète et pour un critique qui a l’expérience de la vie et qui jette sur les œuvres de la pensée le regard serein d’une maturité pleine et contenue, quelle plus belle place et quelle plus noble attitude que de faire asseoir sa renommée, en lui reployant ses longues ailes, aux pieds d’Homère et de Virgile, — de ce groupe souverain qui couronne le sommet de l’Histoire ; d’être à Virgile à son tour, par l’interprétation de son génie, ce que fut Virgile à Homère, et d’éclairer pieusement d’un flambeau le radieux guide qui conduit à travers les siècles le grand aveugle dans la nuit ! […] il avait la prudence longue et il cartonnait contre vous. […] Ses plus courtes lettres y paraissent les plus longues, les plus lourdes, les plus enchevêtrées de respect embarrassé, de grandes révérences maladroites qui se cognent aux meubles.