L’histoire de la Papauté au xive siècle, par l’abbé Christophe, est un de ces livres consciencieux et graves dont le nombre honorerait une littérature à son déclin. […] » Les écrivains laïques, pourvu qu’ils soient catholiques et théologiens, sont appelés à faire dans la littérature religieuse plus de bien que les prêtres eux-mêmes, à talent égal ; car, après tout, ce qu’il faut impérieusement, c’est d’amener le plus d’âmes possibles à la vérité. […] L’abbé Christophe, trop séduit par l’éloquence et la littérature de ce pape, qui fut un orateur et un écrivain, en fait presque un grand homme dans son histoire ; mais il en a exagéré la grandeur réelle.
De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer ! […] Au fond, Saint-Maur est, de tempérament, assez poète pour se passer de littérature, pour ne pas avoir besoin de cette impalpable et brillante poussière de la fleur des autres qui colore quelquefois ses ailes et que j’aurais voulu n’y pas retrouver· III Et, en effet, c’est un poète, Saint-Maur, et un poète involontaire.
Au double point de vue de la littérature et de la librairie, elles ont une signification profonde. […] D’abord, l’actualité éternelle des mœurs et de la littérature populaires, et ensuite l’actualité éphémère de nos modes et de nos engouements. […] Il faut savoir à fond l’histoire, très-peu connue, de la littérature française au dix-neuvième siècle, pour apprécier les facultés de ce Diderot obscur qui a fait des livres qu’on lira un jour, en s’étonnant de ne pas les avoir lus plus tôt, et qui a fait des hommes, lesquels ont la discrétion de leur naissance et qui ne se vantent guère d’avoir été allumés par lui, comme des flambeaux.
Cependant il n’y a pas eu de littérature plus riche, plus variée, plus amusante que la sienne, et il n’y a guère eu d’esprit mieux doué pour la littérature que l’esprit espagnol. […] Cependant il y a d’autres littératures qui sont aussi exclusivement nationales que la littérature espagnole et qui n’ont point rencontré les mêmes résistances au dehors, la littérature anglaise par exemple. […] Avec lui commence dans la littérature une nouvelle série de héros ; il est le premier d’une longue liste de personnages nouveaux dont la littérature ancienne n’avait fait aucune mention. C’est lui qui met réellement fin à la littérature chevaleresque et aristocratique. […] On cherche en vain dans l’ancienne littérature un type de bourgeois supportable.
La bourgeoisie, souveraine maîtresse du pouvoir social, voulut avoir une littérature qui reproduisit ses idées et ses sentiments et parlât la langue qu’elle aimait : la littérature classique élaborée pour plaire à l’aristocratie, ne pouvait lui convenir. […] Les journaux, les pamphlets, les discours étaient la littérature de l’époque, tout le monde parlait et écrivait et sans nulle gêne piétinait sur les règles du goût et de la grammaire. […] Victor Hugo, Philosophie et littérature mêlées, 1831 Vol. 1. 203. […] Philosophie et littérature mêlées. 1834. […] Philosophie et littérature mêlées, 1831, p. 27-49-50-51.
Comment je suis devenu poète I Rompons la monotonie de ces études nécessaires sur la littérature antique ou récente par un retour sur nos propres temps et sur nous-même. Je vais vous dire comment je devins poète, ou plutôt comment je conçus ce goût pour la poésie qui fit de moi, non pas un véritable et grand poète, mais un de ces hommes qu’on appelle en italien un dilettante, en français un amateur de poésie et de littérature ; car je ne me fais aucune illusion, et je ne me suis jamais donné à moi-même, en poésie, une autre importance et un autre nom. […] littérature de haine et de combat, qu’il faut plaindre l’homme d’avoir inventée ! […] Toute cette littérature païenne et mythologique n’avait aucun charme pour lui ; ce livre était son bréviaire, son psautier, ou l’Imitation de Jésus-Christ, ou quelque livre latin de dévotion à l’usage de son ordre et recommandé par ses supérieurs. […] La littérature était pour lui la moitié de l’existence : sa piété même était littéraire.
Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte. […] Le genre le permet et le veut ainsi ; nous sommes dans la littérature scolastique, je le dis sans défaveur aucune ; je me souviens de ce rhéteur Isée, dont Pline le Jeune nous a fait tant d’éloges, presque autant que les amis de Rigault en ont pu faire de lui. […] Il est impossible, en présence d’une exposition de jouets, de mieux raisonner, dès qu’on veut raisonner, de mieux parler morale et littérature à l’adresse de la classe moyenne, judicieuse, instruite, élégante même. […] Ceux même qui, tout en lui accordant beaucoup, mesuraient leur suffrage, ne furent pas des derniers à sentir quelle perte c’était pour la littérature que celle de ce talent jeune, déjà maître en bien des parties, et qui, sur le reste, était en travail, en effort constant et en progrès.
Les Pitt, fils de Chatham, sont rares en littérature, et même on n’en cite pas un seul exemple. […] Il eut le mérite cependant de suivre un des mouvements de l’époque, et d’introduire pour sa part des commencements de littérature étrangère et comparée ; il apprécia et traduisit le Paradis perdu de Milton : quant à comprendre l’œuvre de Dante, il y échoua ; le contraire eût été trop fort pour son siècle et pour son esprit. Mais enfin, il est honorable à ce chantre de la Religion, purement raisonneur et sans invention, à ce traducteur en vers des Pensées de Pascal, de s’être enquis des autres poèmes religieux construits par de vraiment grands architectes et poètes dans les littératures étrangères, et d’avoir essayé d’y mordre. […] Il est des saisons plus ou moins fécondes pour l’esprit humain, des siècles plus ou moins heureux par des conjonctions d’astres et des apparitions inespérées, mais ne proclamons jamais que le Messie est venu en littérature et qu’il n’y a plus personne à attendre ; au lieu de nous asseoir pour toujours, faisons notre Pâque debout comme les Hébreux et le bâton à la main.
Nous demandons, par conséquent, à faire ici un ou deux chapitres d’un cours de littérature. […] Ces deux formes si inégales ont éprouvé chez nous des destinées bien différentes : la dernière, une des plus nobles formes de l’art, une des créations choisies de l’esprit humain, a fourni d’immortels chefs-d’œuvre et a mis pour jamais en lumière les noms les plus glorieux de notre littérature et de notre poésie ; l’autre forme, au contraire, n’a promu à la célébrité (au moins chez nous) aucun nom d’auteur et de poëte, et n’a laissé, quoi qu’on s’efforce de faire aujourd’hui pour être juste, que des œuvres sans élévation, sans action durable et féconde. […] Un jésuite très instruit, le Père Cahour, qui se livre à d’utiles travaux de littérature, vulgarisant et développant à son point de vue les résultats des premiers investigateurs, s’est attaché à faire valoir les mérites et l’espèce de pathétique grave et majestueux de cette sorte de drame primitif moderne qui était une annexe de l’office divin les jours de grandes fêtes, qui fleurissait et se déroulait dans le sanctuaire et avait sa racine jusque sous l’autel. […] Voir, dans le volume qu’il vient de publier, et qui a pour titre : la Littérature indépendante et les écrivains oubliés (Paris, libraires Didier, 1862), le premier chapitre sur les origines du drame en France.
Mais le cercle s’est élargi, la vue s’est fort étendue depuis eux en dehors des horizons purement français : Shakspeare a grandi, Goethe s’est élevé, la connaissance des littératures étrangères a découvert les sources et permis de juger avec la dernière exactitude la quantité et la valeur des emprunts. […] Corneille procède de lui-même, quoique son génie, allumé au contact de la littérature espagnole, ait pu s’épurer à l’exemple des bienséances nouvelles, introduites par Rotrou. […] Les Anglais, plus faits pour nous comprendre, et qui entrent mieux dans l’esprit de détail de notre littérature, sont loin pourtant d’accepter tous nos jugements : l’un des plus bienveillants et des plus judicieux, Hallam, parlant très-pertinemment et avec beaucoup d’équité de Corneille, ne le place pas dans le premier ordre des génies. […] Il soutient là-bas, non pas en soldat détaché, mais en esprit libre et comme un auxiliaire de bonne volonté, le drapeau de notre littérature.
. — Notions sur les rapports de la littérature avec les mœurs de la cour en 1677 et 1678. — Boileau en 1677. — Racine. — Incidents relatifs à Phèdre. — Méprise des écrivains qui imputent les critiques de Phèdre a la société de Rambouillet. — Autre méprise sur la satire de Boileau à l’occasion de Phèdre. — Fausseté de l’assertion que madame de Sévigné protégeait Pradon et n’aimait pas Racine. — Relations de madame de Sévigné avec Molière, La Fontaine, Boileau et Racine. L’ordre des temps exige que nous examinions ici les rapports qui s’établirent entre les hommes de lettres et la société polie, lorsque ses progrès et les préférences que madame de Maintenon obtenait du roi sur ses maîtresses même, furent devenus très sensibles ; en d’autres mots, les nouveaux rapports qui s’établirent entre les mœurs devenues dominantes et la littérature. […] La Champmeslé y aurait fait mal au cœur. » Si Voltaire avait eu le loisir de lire madame de Sévigné, avec l’application qu’on est en droit d’exiger d’écrivains moins occupés qui parlent d’elle, il aurait vu que les préventions de cette femme illustre, préventions qui n’ont pas été jusqu’à méconnaître le mérite de Racine et à lui préférer Pradon, tenaient à un principe moral d’une nature fort supérieure aux préceptes du goût en littérature. […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale.
Mais dans cette poursuite, il s’agissait vraiment bien de littérature. […] Et dans la conversation que j’ai avec lui sur notre poursuite, il me confirme une chose qui m’avait été déjà dite : c’est que le ministère de la police, outre ce qu’il poursuivait en nous, poursuivait encore certaines idées littéraires : « Il ne voulait pas, me dit Rouland, de la littérature qui se grise et grise les autres, une idée, ajoute-t-il, que je n’ai pas à apprécier… » Oui, nous fûmes poursuivis, en l’an de grâce 1853, pour le délit de littérature anticlassique, de littérature révolutionnaire.