A l’imitation des gazettes politiques, on commença en France à imprimer des gazettes littéraires en 1665 ; car les premiers journaux ne furent en effet que de simples annonces des livres nouveaux imprimés en Europe ; bien-tôt après on y joignit une critique modérée qu’elle étoit. […] Journal ; nous ne parlerons que de ces gazettes littéraires, dont on surchargea le public, qui avoit déjà de nombreux journaux de tous les pays de l’Europe, où les sciences sont cultivées.
Ce sont des expressions littéraires dont nous nous servons parce qu’elles représentent à notre esprit l’apparence de certains phénomènes. […] Peut-être aurai-je occasion de m’expliquer ailleurs sur ce sujet ; pour le moment, je me bornerai à dire que, suivant moi, toutes ces erreurs ont leur origine dans une confusion perpétuelle que l’on fait entre les productions littéraires ou artistiques et les productions de la science, entre la critique d’art et la critique scientifique, entre l’histoire de la science et l’histoire des hommes. Les productions littéraires et artistiques ne vieillissent jamais, en ce sens qu’elles sont des expressions de sentiments immuables comme la nature humaine. […] En effet, si, pour juger une œuvre littéraire ou artistique, il n’est pas nécessaire d’être soi-même poète ou artiste, il n’en est pas de même pour les sciences expérimentales.
Grâce aux documents conservés et par des procédés exacts de reconstruction méthodique, nous pouvons aujourd’hui supprimer la distance du temps, nous représenter en spécimens plus ou moins nombreux le Français ou l’Anglais du dix-septième siècle ou du moyen âge, l’ancien Romain, et même l’Indou de l’époque bouddhique, nous figurer sa vie privée, publique, industrielle, agricole, politique, religieuse, philosophique, littéraire, bref, faire la psychologie descriptive de son état moral et mental et l’analyse circonstanciée de son milieu physique et social, puis de ces éléments passer à des éléments plus simples encore, démêler les aptitudes et les tendances qui se retrouvent efficaces et prépondérantes dans toutes les démarches de son esprit et de son cœur, noter les conceptions d’ensemble qui déterminent tout le détail de ses idées, marquer les inclinations générales qui déterminent le sens de toutes ses actions, bref, distinguer les forces primordiales qui, présentes et agissantes à chaque moment de la vie de chaque individu, impriment au groupe total, c’est-à-dire à la société et au siècle, les caractères que l’observation lui a reconnus115.
XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque.
“Il falloit (dit Clément dans ses nouvelles littéraires) avoir une tête de fer & un cul de plomb pour soutenir le travail immense qu’a dû coûter un si vaste projet.
Son élève Pline le Jeune, à son tour, la méconnaît d’une manière étrange en décrivant minutieusement un des faits où elle apparaît le mieux, la composition littéraire silencieuse, dans l’obscurité ou pendant une promenade13.
Alceste l’avertit qu’il est un peu sévère dans ses jugements littéraires. « C’est ce que je demande », répond Oronte. […] Il est moyen de caractère et de conscience, comme il est au plus haut faîte comme génie littéraire ; et, comme un homme moyen, du reste très fin et très perspicace, le burlesque des hommes le frappe plus que leur turpitude et en vérité l’offense plus parce que son esprit est plus délicat que sa conscience. […] Il n’y manquerait que les sciences, dont la femme n’a pas besoin pour se garantir des séducteurs ; mais avoir une culture littéraire, historique, philosophique égale à celle du séducteur possible, pour avoir une étendue et une solidité d’esprit égale à celle du séducteur possible, cela devient indispensable à la femme.
II Cependant l’immense talent et l’immense succès des essais littéraires de Tourgueneff lui inspiraient la pensée de développer ce talent en romans plus humains, plus vastes et plus complets d’une seule pièce.
L’État, en un tel système, ne salarie pas certaines opinions scientifiques ou littéraires ; il ouvre, dans un haut intérêt social et pour le bien de toutes les opinions, de grands champs clos, de vastes arènes, où les sentiments divers peuvent se produire, lutter entre eux et se disputer l’assentiment de la jeunesse, déjà mûre pour la réflexion, qui assiste à ces débats.
Entre eux et lui, la différence est immense et singulière : c’est par l’intelligence des sentiments naturels que Shakspeare excelle ; il les peint aussi vrais et aussi simples, au fond, qu’il leur prête d’affectation et quelquefois de bizarrerie dans le langage ; c’est au contraire dans les sentiments mêmes que les grands poëtes italiens du xive siècle, Pétrarque surtout, introduisent souvent autant de recherche et de subtilité que d’élévation et de grâce ; ils altèrent et transforment, selon leurs croyances, religieuses et morales, ou même selon leurs goûts littéraires, ces instincts et ces passions du cœur humain auxquels Shakspeare laisse leur physionomie et leur liberté natives. […] Henri VIII peut avoir pour nous un intérêt littéraire, celui du style que le poëte a certainement eu soin de rendre conforme au langage de la cour, tel qu’il était de son temps ou un petit nombre d’années auparavant.
Elle fut le signal d’une guerre générale dans le monde littéraire.
Ne trouverait-on pas des défauts du même genre à notre enseignement littéraire (si supérieur pourtant à celui qui se donne dans d’autres pays) ? […] Quiconque s’est exercé avec succès à la composition littéraire sait bien que lorsque le sujet a été longuement étudié, tous les documents recueillis, toutes les notes prises, il faut, pour aborder le travail de composition lui-même, quelque chose de plus, un effort, souvent pénible, pour se placer tout d’un coup au cœur même du sujet et pour aller chercher aussi profondément que possible une impulsion à laquelle il n’y aura plus ensuite qu’à se laisser aller. […] Ce qui fait pendant ici aux notes et documents de la composition littéraire, c’est l’ensemble des observations et des expériences recueillies par la science positive et surtout par une réflexion de l’esprit sur l’esprit.