Auprès de leur style littéraire, tout style est emphatique, lourd, inexact et forcé ; auprès de leurs types moraux, tout type est excessif, triste et malsain ; auprès de leurs cadres poétiques et oratoires, tout cadre qui ne leur a pas été emprunté est disproportionné, mal attaché, disloqué par l’œuvre qu’il contient. […] Ce vocabulaire technique a inséré quantité de ses mots dans la conversation courante et le style littéraire ; d’où il arrive qu’aujourd’hui nous parlons et nous pensons avec des termes pesants et difficiles à manier.
Le plaisir suprême pour le Gaulois de bonne situation sociale c’est de se prouver bel esprit. « Exceller dans ces jeux d’esprit — constate M.G.Bloch, le plus récent des historiens de cette époque — était comme un brevet de noblesse. » « Jamais l’instruction littéraire ne fut appréciée plus haut — affirme à son tour Fustel de Coulanges — jamais on n’estima tant l’art de bien parler et de bien écrire… jamais il n’y eut tant d’habiles versificateurs, et si peu de poètes… On n’écrit que pour faire montre de son talent. » Mais un trait infiniment plus curieux et plus symptomatique se découvre dans la civilisation gallo-romaine : c’est le triomphe du rhéteur dans cette société à la fois si jeune et si caduque. […] Rongées de chancres mortels, en complète décomposition organique, elles étaient, au point de vue philosophique ou littéraire, artistique ou scientifique, en plein éclat. […] L’enseignement littéraire se bornerait à la lecture de quelques textes réellement supérieurs et généralement choisis en dehors de ce xviie siècle, jusqu’à ce jour entouré d’un absurde et superstitieux respect.
Les pièces de Congreve sont pleines des réminiscences de Molière, et cinquante ans plus tard, l’abbé Prévost, dans sa gazette littéraire, le Pour et le Contre, qui est l’aïeule de notre revue britannique, constatait l’immense succès qu’obtenait à Londres le théâtre de Molière. […] C’est avec lui qu’il avait médité ses vastes projets de réforme littéraire, et il revint en Espagne, proclamant dans une préface, qui fut une sorte de manifeste, la nécessité, pour la comédie espagnole, de se mettre pour un temps à l’école de Molière. […] Croyez-vous qu’ils s’en battront moins bien, pour avoir pris, entre deux nuits passées aux avant-postes, cette récréation toute littéraire ?
Puisque cette œuvre a la prétention d’être un tableau, ce n’est pas en littérateurs que nous devons l’admirer et pour des qualités littéraires ; mais en peintres, et pour la manière dont elle est peinte. […] Dans une étude sur le symbolisme littéraire, J. […] Nous ne l’étudierons pas en détail, justement parce qu’elle n’est pas particulière aux sculpteurs et aux peintres ; elle est aussi littéraire qu’artistique. […] C’est la période laborieuse et souvent même exaspérante de l’invention littéraire : l’effort de l’écrivain pour débrouiller, casser et renouer ces innombrables fils qui s’entrecroisent dans sa tête peut aller jusqu’à une réelle souffrance.
Thiers dans son septième volume, théorie dans laquelle on a voulu voir une allusion dépressive contre les essais d’histoire que nous avons ébauchés nous-même dans le livre des Girondins ; mais loin de nous une si mesquine satisfaction de petitesse littéraire !
Tranquillisez-vous, et livrez-vous à vos travaux littéraires ; jouissez d’être auprès du marquis d’Este, qui est un si noble et si vertueux protecteur ; en outre, comme il faut enfin laisser sur les chemins cette humeur maladive qui vous travaille, et que cela ne peut avoir lieu sans quelques remèdes de médecins, résignez-vous à vous laisser gouverner pour votre santé par les médecins et à obéir aux conseils de vos protecteurs et de vos amis, au nombre desquels sachez bien que je suis et que je serai toujours celui qui vous chérira et qui vous soignera avec le plus de tendresse !
Villemain, qui faisait alors un cours littéraire à la jeunesse française.
Le Faust de Gœthe seul peut renouer victorieusement la chaîne des temps littéraires, car nous l’avons dit, Faust est une épopée surnaturelle bien plus merveilleuse encore que les Nibelungen, car à l’exception du talisman qui rend Sîfrit invisible dans certaines rares circonstances, à l’exception du sang du dragon qui le rend invulnérable dans toutes les parties du corps où il en a été touché et qui n’a laissé que la place couverte par la feuille du tilleul où il peut être atteint par la mort, à l’exception encore de l’apparition des femmes blanches ou des ondines, vieilles superstitions allemandes au bord du Danube, au pays de Hagene, tout est naturel et historique dans ce poëme.
La nature et le cœur humain s’y révèlent, avant l’âge des déclamations et des affectations littéraires, dans toute la simplicité et dans toute la naïveté du premier âge, de cet âge d’innocence des livres, si l’on ose se servir de cette expression.
Dans le tems de ces querelles littéraires, on écrivit ces quatre vers sur la porte du cabinet de l’Académie Françoise.
Oui, et je pensai que si j’avais maintenant mille pintes de sang dans mon corps, je le répandrais tout pour l’amour du Seigneur Jésus420. » Une pareille émotion ne calcule point les combinaisons littéraires. […] Panthéon littéraire.
On nous a bien parlé de la « fontaine du Meschino » et de l’ermitage où habitaient les bons solitaires qui le conseillèrent si sagement ; on savait aussi que Guerino était allé consulter « la fée Alcine » ; mais ce n’étaient là que des réminiscences littéraires : tous ces villageois ont lu ou entendu lire le roman d’Andrea da Barberino dans sa forme modernisée, où la Sibylle, sans doute par suite d’un scrupule religieux, a été remplacée par la fée Alcine, empruntée à l’Arioste. […] La popularité du Juif Errant est restreinte à quelques contrées du nord-ouest de l’Europe, l’Allemagne, la Scandinavie, les Pays-Bas et la France77 ; elle y est de date récente, et elle s’y est propagée, non par la tradition orale, mais par une voie toute littéraire. […] Mais il y a là sans doute aussi une influence toute littéraire, dont l’origine ne paraît pas se trouver dans l’antiquité et est plutôt orientale : on sait quelle sagesse nombre de compositions allégoriques, érotiques ou mystiques de l’Inde et surtout de la Perse attribuent aux oiseaux, et quel rôle ils jouent dans de longs poèmes dialogues où ils interprètent et approfondissent les préceptes d’un amour par lequel il faut souvent entendre l’amour divin, mais qui s’exprime sous la forme de l’amour humain.