Si le rythme était la ligne de démarcation qui différencie la prose de la poésie, un art poétique ou une géométrie en vers deviendraient de la poésie parce que rythmés.
Ce triste géomètre, longtemps le Trissotin de l’Académie, était bien le plus haineux et le plus vindicatif des hommes : il était aussi supérieur à Voltaire en intrigue et en méchanceté qu’il lui était inférieur en talent ; c’est le virus même du fanatisme qui coule de sa plume dans ces lignes atroces : « Bertrand plaint très sincèrement Raton de se croire obligé de se taire au sujet de Rossinante-Childebrand. […] Qu’on examine un peu ces mauvaises lignes rimées, on sera étonné de la barbarie de ces cent voix qui apprennent en ces lieux, en sanglots superflus, à des sens éperdus. […] L’épître de Crébillon, renfermée en très peu de lignes, annonce la simplicité et la franchise de ses mœurs : il y a de la vérité et du naturel dans le ton avec lequel il rend grâces à la favorite d’avoir retiré des ténèbres un homme oublié . […] Pour rendre les vertus dramatiques plus imposantes, on les a d’abord exagérées ; mais le comble de l’art est de les rendre à la fois naturelles et héroïques : cette perfection ne pouvait être que le fruit du temps, de l’étude des grands modèles et surtout de l’étude de leurs fautes. » Cette note est si étrange, si extraordinaire, qu’il faudrait un volume pour relever tout ce qu’il y a de faux et d’erroné dans un si petit nombre de lignes : elle renferme le bréviaire, ou plutôt le catéchisme de l’école voltairienne sur la poésie dramatique. […] Cependant elle fait un effort quelques lignes plus bas pour varier son style ; au lieu de dire j’ai vu, elle dit : Vous eussiez vu soudain les autels renversés.
Je sais qu’il y a des dangers à convenir de tout cela, et que si l’on cède sur un point, on ne saura bientôt plus où s’arrêter ; mais enfin ne serait-il pas possible qu’un homme, marchant avec précaution entre les deux lignes, et se tenant toutefois beaucoup plus près de l’antique que du moderne, parvînt à marier les deux écoles, et à en faire sortir le génie d’un nouveau siècle ?
Voici brièvement les lignes principales du masque et le port général de la stature spirituelle. […] Le roseau a encore la fraîcheur de la source natale où il fut cueilli avant que, durci au vent qui le dessèche, il devienne la pointe aiguë qui trace sur les tablettes l’arabesque sonore qui sera comme la ligne musicale de l’idée. […] Tout songé est fiction ; c’est faire du souvenir, la rêverie ; de la face, le masque ; du bloc, la statue ; de la ligne, l’arabesque ; des larmes, un philtre !
VI Son nez fin et mince cependant descendait en ligne droite sur sa bouche ; ses lèvres, rarement fermées, avaient le pli habituel d’un sourire en songe ; son menton solide était carrément dessiné ; il portait bien l’ovale, ni trop fermé, ni trop ouvert, de sa figure.
Une ligne noire se distingue au milieu de la vapeur qui est uniformément répandue dans les airs… Vous la prenez pour un rideau de bois ; vous approchez, et le bois se change en une bande d’absinthe qui se dresse entre deux champs.
On comprit aussitôt que ce serait quelque chose d’étrange ; la valse des Esprits de l’air, le soir, quand on ne voit plus au loin sur la plaine qu’une ligne d’or, que les feuilles se taisent, que les insectes descendent, et que le chantre de la nuit prélude par trois notes : la première grave, la seconde tendre, et la troisième si pleine d’enthousiasme qu’au loin le silence s’établit pour entendre.
Il consiste en trois grandes chapelles sur une ligne.
L’Etat fut un tout régulier, dont chaque ligne aboutit au centre.
Il faut bien admettre une contagion des ondulations cérébrales, correspondantes aux images, qui parcourt en sens inverse la ligne de la sensation normale : au lieu d’aller de la périphérie au centre, elle va du centre à la périphérie.
les lignes de force émises dans tous les sens par tous les centres dirigent sur chaque centre les influences du monde matériel tout entier.
Leurs vers sont des lignes de convention, tandis que dans la poésie des troubadours les vers sont des parties de musique. […] Je suppose que la poésie provençale, si savante dans ses formes, était nécessairement difficile à manier, que cette difficulté détournait des grands ouvrages la paresse méridionale, tandis que chez les trouvères, où le mètre était grossier et facile, on ne se donnait aucune peine pour versifier, en douze mille petites lignes de huit syllabes, un grand poëme de chevalerie.