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1962. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

La lecture de ses articles donne à ses lecteurs une espèce d’alacrité. […] Moi je lui jette : « Tout très grand écrivain de tous les temps ne se reconnaît absolument qu’à cela, c’est qu’il a une langue personnelle, une langue dont chaque page, chaque ligne est signée, pour le lecteur lettré, comme si son nom était au bas de cette page, de cette ligne, et avec votre théorie vous condamnez le xixe  siècle, et les siècles qui vont suivre, à n’avoir plus de grands écrivains. » Renan se dérobe, ainsi qu’il en a l’habitude dans les discussions, se rejette sur l’éloge de l’Université, qui a refait le style, qui, selon son expression, a opéré le castoiement de la langue, gâtée par la Restauration, déclarant que Chateaubriand écrit mal.

1963. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Si nous ne nommons ni Locke ni Bacon, c’est que Bacon a surtout écrit en latin, et par conséquent, il y avait cent cinquante ans, en 1750, que le Novum organum, le De augmentis scientiarum, l’Instauratio magna étaient à la portée des lecteurs simplement cultivés ; et il y avait moins de temps, mais il y avait pourtant plus d’un demi-siècle que l’on pouvait lire en français, de la traduction de Coste, l’Essai sur l’entendement humain, 1700. […] Taine, L’Ancien Régime] ; — toutes ou presque toutes il les a résumées sous « une forme portative » ; — assez grossière quelquefois ; — mais le plus souvent spirituelle, ingénieuse, plaisante ; — généralement claire. — Il en a vu les « apports sommaires ; — indiqué les liaisons suffisantes ; — il les a rattachées, tellement quellement, les unes aux autres ; — et ainsi son mérite éminent est d’avoir soulagé ses lecteurs de ce que l’attention a nécessairement de pénible. — Il leur a procuré l’illusion de comprendre les grands problèmes ; — et ils l’ont à leur tour admiré et aimé de se trouver eux-mêmes si intelligents. — C’est probablement quelque chose de cela que Goethe voulait dire quand il l’appelait « le plus grand écrivain que l’on pût imaginer parmi les Français » ; — et, à ce propos, qu’avant d’accepter l’éloge, — où se mêle un peu d’envie peut-être, — il faut y faire attention ; — et se demander s’il n’envelopperait pas, au fond, une critique, assez méprisante, — de toute notre littérature et du génie de notre race.

1964. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Réflexion faite, je crois que la meilleure façon d’introduire la Terre dans une Revue, c’était de nous montrer l’impayable défection des Cinq, ou bien encore de nous mettre sous les yeux (et cela pouvait être fort comique) la naïve hypocrisie des trois quarts des lecteurs. […] Sarcey entretenait récemment ses lecteurs.

1965. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il est donc nécessaire de l’analyser en entrant dans un certain détail pour que le lecteur se rende bien compte et de nos satisfactions et de nos résistances. […] Je crois qu’il ne la voit pas du tout comme il l’a faite et comme elle apparaît au spectateur et au lecteur.

1966. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Renan ne publia pas ce volume, dont le don dogmatique et sévère aurait rebuté les lecteurs et dont les idées étaient trop neuves et trop hardies pour être acceptées toutes à la fois. […] Aux yeux de beaucoup de lecteurs, Renan, devenu l’apôtre du dilettantisme, ne voyait plus dans la religion que le vain rêve de l’imagination et du cœur, dans la morale qu’un ensemble de conventions et de convenances, dans la vie qu’une fantasmagorie décevante qui ne pouvait sans duperie être prise au sérieux. […]   Pour bien le comprendre, pour bien le goûter, pour le suivre à travers les évolutions de ses idées et les soubresauts de ses émotions, il faut ne jamais séparer sa personne de ses ouvrages ; il cherche lui-même cette communication directe avec son lecteur ; il le prend pour confident de ses joies et de ses tristesses, de ses espérances et de ses découragements ; il lui parle comme un maître à un élève, comme un père à un fils, comme un ami à un ami.

1967. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il ne se lance pas dans la polissonnerie fangeuse où Rabelais s’installe, éclaboussant tous les lecteurs.

1968. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Boëce avait pour lecteurs des sénateurs, des hommes cultivés qui entendaient aussi bien que nous les moindres allusions mythologiques ; toutes ces allusions, Alfred est obligé de les reprendre, de les développer, à la façon d’un père ou d’un maître qui prend entre ses genoux son petit garçon, lui contant les noms, qualités, crimes, châtiments que le latin ne fait qu’indiquer ; mais l’ignorance est telle que le précepteur lui-même aurait besoin d’être averti ; il prend les Parques pour les Furies, et donne gratuitement trois têtes à Caron comme à Cerbère.

1969. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Les voici : que le lecteur les juge !

1970. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles.

1971. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il ne lui convenait pas qu’un lecteur pût s’y tromper, et que, du fait du roi, des troupes françaises parussent, même par feinte, avoir reculé.

1972. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il faut du loisir, de l’élégance de mœurs, du superflu de temps et d’aisance pour les arts de l’esprit ; quand il n’y a plus de lecteurs, où sont les écrivains ?

1973. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

— Nous ne mentionnons point, en détail, nous bornant à y renvoyer le lecteur, les articles des critiques suivants :   Μme Rachilde.

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