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1064. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Un jour, que je ne crois pas éloigné, Louis Wihl aura des lecteurs auxquels il a droit et que je voudrais lui amener.

1065. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Nous demandons cependant au lecteur de l’oublier.

1066. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Au pied des vieux châteaux et des vieux monastères, Chante en vers ampoulés des maux imaginaires, Fais soupirer les bois, les rochers et les fleurs ; Mais ne soupire pas si tu veux des lecteurs.

1067. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais quand nous sommes dans notre cabinet d’étude, quand nous faisons un livre, quand nous pensons et écrivons pour des lecteurs dont l’intelligence est prompte, la vie courte, et qui pour la plupart ne sont pas de ces oisifs dont je parlais précédemment, je crois que la simple politesse exige que nous changions de méthode. Parmi nos lecteurs, il n’y en a pas un qui ne sache que le récit de Théramène est inopportun, que les calembours de Shakespeare ne sont pas toujours bons, et qu’Amphitryon est admirablement versifié. […] Mais, sans contredire La Harpe, sans troubler le plaisir de ses lecteurs, si je puis expliquer cette faute de goût si choquante du comique latin, peut-être aurai-je ajouté à la critique de l’écrivain une idée, et au plaisir de ceux qui le lisent quelque instruction. […] Ici, c’est une lacune que l’imagination des lecteurs doit remplir ; là c’est un monologue, un dialogue, une scène entière que l’on pourrait supprimer sans nuire, je ne dis pas à la beauté, à la richesse de l’œuvre, mais sans nuire à son unité dramatique, peut-être même avec profit pour cette unité. […] Lysidas n’est ici, nous le rappelons au lecteur, que la personnification du dogmatisme en critique littéraire, dans ses trois évolutions successives : l’autorité des anciens, le règne de la raison pure et la doctrine de l’école historique.

1068. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

— Il n’était et ne pouvait être dans mon dessein de donner au lecteur une idée du livre de M.  […] Comme j’aurais bien mieux fait de renvoyer simplement le lecteur à la belle introduction que M.  […] Je vous avouerai, et mes lecteurs le savent, que j’ai peu de goût à disputer sur la nature du beau. […] Le second sens, plus spirituel, apparaîtra au lecteur qui fera usage du couteau à papier. […] Mais il ne fait pas plus d’effet sur le lecteur éveillé que les flacons vides du docteur Luys.

1069. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le lecteur qui voudra bien tourner jusqu’au bout les pages de ce volume remarquera peut-être le lien de continuité qui unit les chapitres du commencement à ceux du milieu et à ceux de la fin. […] Certains lecteurs ne pardonneront pas à Renan d’avoir comparé Isaïe à Armand Carrel, à Émile de Girardin et d’avoir déroulé, dans la plaine de Galaad, le monôme des prophètes. […] Sont-ce là, comme on l’a prétendu, des concessions au goût du jour, des recherches « d’actualité », des hardiesses voulues, destinées à scandaliser délicieusement quelques lecteurs, et surtout quelques lectrices ? […] Il ahurit le lecteur par de copieux commentaires où Palestrina, Orlando Lassus, Haendel, Bach, Haydn, Lesueur, Wagner, Berlioz, César Franck sont examinés, jugés et ordinairement condamnés. […] Je me demande, avec inquiétude, ce que va dire le lecteur bien portant de cette poésie débile, anémiée, valétudinaire, voilée de crêpes.

1070. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Le lecteur peut facilement concevoir ce qui met l’abbé Brémond aux antipodes d’André Breton, Drieu La Rochelle d’André Maurois. […] La guerre finie, le public des lecteurs s’était développé et transformé. […] Et ils ne finissent pas toujours bien, pour le lecteur, ni parfois pour l’écrivain. […] Il ne se rend pas compte du trouble dans lequel il jette des lecteurs qui ne demanderaient pas mieux, je crois, d’être encore longtemps abusés. […] Et il ajoute pour le lecteur allemand « On verra combien sévèrement j’ai condamné la politique nationaliste de quelques hommes d’État français, mais je ne vois pas comment elle pourrait servir de justification aux fautes du gouvernement impérial.

1071. (1925) Portraits et souvenirs

Qu’il lui serve d’introduction auprès du lecteur. […] Comme André Chénier, José-Maria de Heredia était grand lecteur de l’Anthologie. […] A mesure que Mallarmé exigeait plus de lui-même, il demandait davantage au lecteur. […] Les lecteurs qui en pourront être curieux les trouveront dans le volume où M.  […] Les meilleurs esprits sont dupes de ces illusions aussi bien que le commun des lecteurs.

1072. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

« Lecteur ! […] Je l’ignore ; mais, à force de vivre sous ces ombrages et de diriger mon bateau sur ces rivières, un sentiment de tendresse presque passionné et dont plus d’un lecteur blâmera peut-être l’audace, m’avait incorporé cette nature. […] Lecteur, si comme moi vous étudiez la nature pour vous élever l’esprit par la contemplation des phénomènes étonnants qu’elle offre à chaque pas dans son immense domaine, ne resterez-vous pas frappé d’une admiration profonde en voyant ce petit poisson, objet si chétif et si humble, auquel le Créateur a donné des instincts si merveilleux ?

1073. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

L’élargissement graduel du groupe des gens instruits a son contrecoup immédiat dans la situation des écrivains et aussi dans le caractère de leurs œuvres ; car un auteur, tout en songeant à exprimer ce qu’il pense et ce qu’il sent, dédaigne rarement de plaire aux lecteurs qu’il prévoit ou aux lectrices qu’il désire. […] Anatole France, Loti, Bourget, Lemaître, pour ne citer que les plus connus, y ont eu large part ; que beaucoup de travaux solides et utiles, mais peu susceptibles d’être goûtés par le commun des lecteurs, ont dû les moyens de s’achever à ces libéralités intelligentes ; qu’enfin, pour beaucoup d’écrivains novices, ces distinctions, accompagnées d’une petite somme d’argent ont été la vie, l’indépendance, le loisir de travailler assurés pour plusieurs mois, l’accès ouvert aux revues, aux journaux, aux théâtres, bref une aide précieuse aux jours difficiles des premiers pas vers la lumière.

1074. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Nous engageons les lecteurs, pour l’intelligence de cette philosophie, où Wagner fait d’incessantes allusions, à consulter le petit ouvrage, — très exact et clair, — de M.  […] L’écrit de Wagner est une œuvre de Critique, non de Biographie ; il suppose connue, déjà, par le lecteur, la vie de Beethoven, en ses détails essentiels. […] La remarque de Dujardin rappelle le lecteur d’aujourd’hui à la réalité d’alors : « attendons qu’un des drames wagnériens ait été représenté ».

1075. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Il avait aussi le malheur d’être mal écrit ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y eût souvent infiniment d’esprit dans les détails, et même de temps en temps d’admirables morceaux ; mais, comme l’auteur le reconnaît lui-même avec candeur dans la préface de l’édition de 1781, s’il y a partout une grande clarté logique, il y a très peu de cette autre clarté qu’il appelle esthétique, et qui naît de l’art de faire passer le lecteur du connu à l’inconnu, du facile au difficile, art si rare, surtout en Allemagne, et qui a entièrement manqué au philosophe de Koenigsberg. […] Mais prenez chaque chapitre en lui-même, ici tout change : cet ordre en petit que doit renfermer un chapitre, n’y est point ; chaque idée est toujours exprimée avec la dernière précision, mais elle n’est pas toujours à la place où elle devrait être pour entrer aisément dans l’esprit du lecteur. […] Peut-être une autre fois essaierons-nous d’aborder cette Critique elle-même, et d’introduire les lecteurs de la Revue dans l’intérieur de ce grand monument.

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