Voltaire ne savait point le grec, et savait médiocrement le latin, comme tous les jeunes gens qui se hâtent, au sortir du collège, de se jeter dans le métier d’auteur : Racine, au contraire, était très savant dans ces deux langues ; et quand la différence de leur éducation et de leur caractère ne confirmerait pas cette assertion, il suffit de les entendre tous les deux parler des anciens pour juger que Racine les aime et les connaît à fond, tandis que Voltaire s’en moque ou n’en parle que par ouï-dire. […] Voltaire composa un distique latin pour mettre au bas de son portrait : Lambertinus hic est, Romæ decus et pater orbis, Qui mundum scriptis docuit, virtutibus ornat. […] Le grand Léon X eût été bien plus grand, s’il eût donné plus d’attention à l’Église latine qu’au théâtre grec : ce grand Léon X, qui fit renaître le théâtre athénien en Italie, vit périr la religion romaine dans le Nord : pendant qu’il se divertissait à Rome à voir des comédies, on le dépouillait en Allemagne d’une partie de ses états ; et Luther faisait jouer dans l’empire des scènes fort tragiques pour le saint siège : ainsi, le grand roi de Bourges, Charles VII, charmait ses loisirs par des bals et des fêtes, tandis que l’Anglais s’emparait des provinces de France : j’imagine que ses flatteurs vantaient aussi son goût pour les arts ; mais un brave chevalier osa lui dire : « On ne peut pas plus gaîment perdre un royaume. » Léon X, beaucoup trop prôné, fut un homme aimable, un protecteur des lettres, mais un fort mauvais pape ; il nuisit beaucoup à l’Église par son luxe et ses goûts frivoles : il était jeune et sans expérience : il ne faut sur la chaire de saint Pierre qu’un vieillard sans passions, blanchi dans les affaires et dans la connaissance des hommes, qui ne connaisse d’autre plaisir que son devoir. […] Lachaussée n’est pas le premier qui ait conçu l’idée de mettre sur la scène cette affection désordonnée des parents pour un de leurs enfants, à l’exclusion des autres : il y a sur ce sujet une comédie de collège écrite en latin, et dont le fameux père Porée est l’auteur.
Il a remarqué qu’il y avait trop de citations latines dans l’ouvrage, de façon que cela le faisait plutôt ressembler à un roman en latin, dans lequel il y aurait trop de citations françaises. — Il a aussi observé une ou deux erreurs historiques, et relevé deux vices grammaticaux : en faisant ces corrections, il a même fait jaillir une tache d’encre sur la manchette de sa chemise— et ce disant, il retourne son parement, dégage sa manche et fait voir la tache. — Tout le monde se lève dans le salon pour regarder la tache ; les personnes qui sont trop éloignées montent sur les chaises.
Ce petit jeune homme déluré qui fait le soir de si gaies promenades dans le quartier Latin avec une troupe de camarades, sous la conduite d’un très vieux jeune homme vaniteux, Henri Delatouche, le chef de la bohème littéraire de ce temps, — cet observateur vagabond, ce novice romancier, c’est une femme, très sérieuse au fond, qui a connu déjà de mortelles tristesses, qui a beaucoup vécu par la douleur, si la douleur fait vivre, qui a souffert dans toutes ses affections intimes, qui a été meurtrie par tous les liens de la famille ; ces liens étaient même devenus pour elle un supplice insupportable par la fatalité des circonstances et sans doute aussi par cette autre fatalité que chacun porte en soi et dont chacun est l’industrieux et cruel artiste. […] C’est celle dont l’image s’est imposée à l’esprit de ses contemporains, dans l’ivresse de la jeunesse et des premiers triomphes, celle qui vivait tantôt en étudiant ou en artiste, tantôt en pèlerin, sous des habits d’homme, dans le quartier Latin ou sur toutes les routes de l’Europe et particulièrement sur les grands chemins de la bohème et autres pays imaginaires, abandonnant sa vie aux hasards des bons ou des mauvais gîtes, à la camaraderie des voyageurs de rencontre, dont elle illumine un instant le personnage des feux de son imagination, dont elle partage ou subit l’aventureuse hospitalité, les étranges fantaisies, les passions irréparables.
Je suis persuadé que dans les pays « latins », comme on dit, dans les pays de sensibilité et d’imagination, dans les pays littéraires, il se transformera aussi, mais moins, et restera une foi et une religion ; et que c’est précisément pour cela qu’il y restera fort. […] La pensée dernière qui s’en dégage, c’est que « les pays latins » sont les meilleurs bouillons de culture du socialisme ; mais que, de tous les pays latins, la France est celui qui est destiné à être le plus tard profondément envahi par lui.
Le Tellier trompa Louis XIV… — que leur institut est visiblement contraire aux lois de l’Etat et que c’est trahir l’Etat que de souffrir dans son sein des gens qui font vœu d’obéir dans certains cas à leur général plutôt qu’à leur prince On conclut de ces raisons que les flammes qui ont fait justice des frères Guignard et Malagrida doivent mettre en cendres les collèges où les frères Jésuites ont enseigné ces parricides… Toutes ces raisons dûment pesées, nous concluons à garder les Jésuites : … parce qu’ils élèvent la jeunesse en concurrence avec les Universités et que l’émulation est une belle chose ; — parce qu’on peut les contenir quand on peut les soutenir, comme a dit un sage ; — parce que, s’ils ont été parricides en France, ils ne le sont plus, et qu’il n’y a pas aujourd’hui un seul Jésuite qui ait proposé d’assassiner la Famille royale ; — parce que, s’ils ont des constitutions impertinentes et dangereuses, on peut aisément les soustraire à un institut réprouvé par les lois, les rendre dépendants de supérieurs résidant en France et faire des citoyens de gens qui n’étaient que Jésuites ; — parce qu’on peut défendre au frère Lavalette de faire le commerce et ordonner aux autres d’enseigner le grec, le latin, la géographie et les mathématiques, en cas qu’ils les sachent ; — parce que, s’ils contreviennent aux lois, on peut aisément les mettre au carcan, les envoyer aux galères ou les pendre, selon l’exigence des cas… On veut tenir la balance entre les nations. […] Il en fut empêché par la résistance même des Jésuites et du Pape et par le Sint ut sunt aut non sint, s’il est vrai que ce mauvais latin ait été dit.
La formule était née dans la renaissance grecque et latine, les créateurs qui se l’appropriaient y trouvaient le cadre suffisant à de grandes œuvres. […] Je ne parle pas des peuples latins, des Italiens et des Espagnols, dont l’art dramatique est encore plus ampoulé et plus conventionnel.
Cela ne ressemble en rien ni à la métaphysique confuse de la théologie du Dante, ni à la lumineuse et harmonieuse lucidité de la Jérusalem du Tasse, ni aux romanesques moqueries de l’Arioste, ni à l’imitation latine du Camoëns, ni à la sécheresse anti-passionnée de la Henriade de Voltaire.
Un petit Breton héroïque, inconscient de son héroïsme, blessé aux deux bras avec un morceau d’obus dans la poitrine, ne connaissant pas un mot de français, et qui, au crépuscule, se mettait à chantonner les vêpres en latin bas-breton.
— Il y a vingt ans, on l’aurait vendu trente-cinq francs… mais aujourd’hui on ne veut plus d’auteurs latins.
Il écrit lettre sur lettre pour obtenir un emploi : une fois, c’est une chaire de professeur de latin vacante à la bibliothèque du Vatican qu’il demande ; on lui répond qu’il ne s’agit pas d’une chaire de professeur, mais d’un simple emploi de copiste ; qu’importe ? […] Si l’on faisait la genèse des Deux trouvailles de Gallus, on trouverait que la pièce entière se ramène à la moralité d’une fable latine : Gallus, escam quærens, margaritam reperit.
Claude Frollo (Notre-Dame de Paris) « figure sévère, front large, regard profond », dont la jeunesse a été dévorée par « une véritable fièvre d’acquérir et thésauriser en fait de science », qui a creusé successivement la théologie, le droit canon, la médecine, les arts libéraux, le latin, le grec et l’hébreu, Claude Frollo porte sous ces saintes apparences et dans ces occupations toutes spirituelles, des fureurs du sexe capables de s’exaspérer jusqu’à l’assassinat, d’ailleurs aussi athée qu’Antony et Claude Gueux sont spiritualistes.
Par un concours de circonstances qui ne peuvent être rapportées ici, le jeune élève en peinture reprit le goût des études classiques et revit la plupart des auteurs latins avec une ardeur et une énergie qui se réveillent rarement quand leur action a été interrompue. […] Les choses en étaient arrivées à ce point vers 1750, lorsque deux jeunes Allemands, tout occupés de grec et de latin, se rencontrèrent dans une bibliothèque. […] Ces chars avec leurs charges précieuses étaient numérotés et couverts en grande partie de branches de lauriers, de bouquets, de couronnes de fleurs et de drapeaux pris sur l’ennemi, auxquels étaient attachées des inscriptions françaises, latines et grecques, faisant allusion aux divinités et aux personnages représentés en sculpture, ou célébrant la gloire de l’armée et du général à qui on devait ces prodigieuses richesses.