Mais c’est l’un et l’autre de ces Mazarins, avec quelque chose de plus essentiellement lui-même… avec ce quelque chose d’inexpliqué jusqu’ici, mais non d’inexplicable, qui fait que l’Histoire, malgré la gravité de son langage et les immenses services rendus par le cardinal à la France, ne peut s’empêcher de l’appeler, d’une façon un peu méprisante : le Mazarin ! […] Il a un langage à lui, un tour à lui, une manière désabusée et presque languissante de dire les choses à travers laquelle on sent l’ironie : une des formes de ses condamnations.
Matérialiste sans emphase, souterrain et fermé, il eut toute sa vie cette simplicité effrayante d’une erreur profonde qui, selon l’Église en son terrible langage, est le signe de l’impénitence finale de l’esprit. […] Quand Stendhal est nettement supérieur, il ne l’est que par la seule vigueur de son expression ou de sa pensée… Si on creusait cette analyse, on verrait, en interrogeant une par une ses facultés, qu’il a la sagacité qui est la force du regard, comme il a la clarté brève de l’expression qui est la force du langage.
Matérialiste sans emphase, souterrain et fermé, il eut toute sa vie cette simplicité effrayante d’une erreur profonde, qui, selon l’Église et son terrible langage, est le signe de l’impénitence finale de l’esprit. […] Quand Stendhal est nettement supérieur, il ne l’est que par la seule vigueur de son expression ou de sa pensée… Si on creusait cette analyse, ou verrait, en interrogeant une par une ses facultés, qu’il a la sagacité, qui est la force du regard, comme il a la clarté brève de l’expression, qui est la force du langage.
Ajoutez à cette noble qualité de l’esprit toutes les délicatesses et les fiertés de l’honnête homme et du gentleman, pour parler son langage de lord Feeling ; on comprendra quelles difficultés et quelles amertumes une telle nature dut rencontrer dans la vie.
Traduisons tout cela en langage plus simple : Par la complexité, par la solidarité, par la mobilité du vaste ensemble que l’historien d’une littérature embrasse, il est obligé : D’abord de distinguer, dans la suite ininterrompue des âges, des époques enfermées entre des dates aussi précises que faire se peut ; Ensuite de trouver la formule générale de la littérature pendant chacune de ces époques ; Puis d’indiquer, ses attaches, lors de ces mêmes époques, avec tous les phénomènes d’ordre divers au milieu desquels elle évolue ; Enfin, d’expliquer par quelles transitions et, si possible, par quelles causes et suivant quelles lois elle a passé de l’une à l’autre.
Comment oser paroître dans le monde poli, quand on s’est permis un pareil langage dans la solitude du cabinet ?
Rappelons-nous que les écrivains des beaux siècles littéraires ont ignoré cette concision affectée d’idées et de langage.
Nibelle, comme inspiration et comme forme, a goûté à cette candide coupe de lait écumant dans laquelle buvait Yorick… Lorsque la visée commune est la force, soit dans l’expression des caractères ou des passions, soit dans les situations dramatiques, à une époque de corruption et de décadence où l’on a transporté dans le langage, cette forme rationnelle de la pensée, la couleur torrentielle des peintres les plus éclatants, il faut savoir bon gré à un jeune homme d’avoir, dans ses premiers récits, été sobre et simple comme s’il avait eu l’expérience, et de ne s’être adressé qu’aux saintes naïvetés du cœur pour plaire et pour intéresser.
Le langage, ce grand auxiliaire du développement de la pensée humaine, n’est pas un bienfait sans mélange. […] Cependant on ne peut renoncer aux excitations que nous apporte le langage. […] Le langage clair sert à la communication du réel ; il n’a par conséquent aucune valeur pour le dégénéré. […] Le mot ne doit pas agir par l’idée qu’il renferme, mais en qualité de son ; le langage doit devenir de la musique. […] Mais cette idée d’employer le langage à l’obtention d’effets purement musicaux est du délire mystique.
Supprimez le langage, il n’y a plus d’idées générales. […] La faculté de penser est antérieure au langage. […] Idola fori, erreurs naissant du langage. […] Le langage nous a été donné spontanément à l’origine. […] Tel est le second service que rend le langage à la pensée.
Quelqu’un a-t-il mieux parlé le langage des révoltés et des niveleurs ? […] Montrons notre personnage tel qu’il fut, grotesque ou non, avec son costume et son langage : qu’il soit féroce et superstitieux s’il le faut ; éclaboussons le barbare dans le sang, et chargeons le covenantaire de sa dossée de textes bibliques. […] Walter Scott s’arrête sur le seuil de l’âme et dans le vestibule de l’histoire, ne choisit ; dans la Renaissance et le moyen âge, que le convenable et l’agréable, efface le langage naïf, la sensualité débridée, la férocité bestiale. […] Ils marquent les petites nuances du langage ; ils n’ont point dégoût des vulgarités ni des platitudes. […] Dépouillons-nous du langage convenu et de la diction poétique.
C’est ce langage enchanteur qui soutient la tragédie de Bérénice. […] La pureté du langage doit être rigoureusement observée ; tous les vers doivent être harmonieux, sans que cette harmonie dérobe rien à la force des sentiments. […] Ils sont le langage du cœur. […] Où l’on aperçoit l’affectation, on ne reconnaît plus le langage du cœur. […] Rien ne serait plus opposé au langage musical, que ces longues tirades de nos pièces modernes, et cette abondance de paroles que l’usage et la nécessité de la rime ont introduite sur nos théâtres.