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1993. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire d’être un croyant pour être un grand hypocrite, parce que nous avons une épouvantable expérience, et que l’habitude du mensonge a dévoré tout ce qui n’était pas l’essence même des choses ; parce que nous avons un enragé besoin de nous tromper nous-mêmes, et que nous ne savons pas échapper à l’affreuse nécessité d’être en même temps les Tartuffes et les Orgons de la comédie lamentable qui se joue au fond de nos cœurs. […] Depuis, surtout, qu’il a pris l’habitude de jouer aux dominos avec madame Sarah Bernhardt, le diable seul pourrait dire ce qu’il est exactement. […] Je suis assez indépendant de cœur et d’esprit et ma forme d’affirmation est assez détachée en vigueur pour que je ne craigne pas de jouer ce jeu de thuriférer dans les tanières. […] Il paraît encore que « d’après les plus récentes recherches, appuyées de preuves qui paraissent probantes, le Charlemagne qui, dans ce roman, joue le rôle, si peu digne de sa gloire, d’un tyran injuste, souvent bafoué par ses victimes, devrait faire place à Charles Martel.

1994. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

. — Cette singulière destinée d’un écrivain qui, après Molière et Racine, jouait le personnage d’un contemporain de Théophile, a dû bien surprendre, et, en effet, elle a étonné les hommes de l’école de 1660, les Boileau et La Bruyère. […] Au théâtre les acteurs jouent ces rôles chacun selon son « emploi » et rétablissent la différence ; mais examinez, et vous verrez qu’elle est factice. — Et, pareillement, les mères (le plus souvent) sont aussi jeunes de cœur que leurs filles ; les pères dressent des pièges joyeux où se prendront leurs enfants, d’une humeur aussi gaie et alerte que de jeunes valets. — Et tout cela est léger, capricieux, aérien, fait de rien, ou d’un rêve bleu, qui nous emmène bien loin, loin des pays qui ont un nom, dans une contrée où l’on n’a jamais posé le pied, et que pourtant nous connaissons tous pour savoir qu’on y a les mœurs les plus douces, les caractères les plus aimables, des imperfections qui sont des grâces, et que c’est un délice d’y habiter. […] Frédéric l’a traité comme un valet ; mais à celui-ci on pardonne, « et la moindre faveur d’un coup d’œil caressant nous rengage de plus belle. » — « Il fut donné à celui-ci de tromper les peuples » ; mais non point de prévaloir contre les rois. — Richelieu ne lui paye point les intérêts de son argent, et lui joue d’assez mauvais tours. […] Il joue ce rôle, comme tous les rôles, « en excellent acteur », mais un peu en acteur, avec une insuffisante simplicité. […] Quand, tout rempli depuis bien longtemps de ses pensées et s’assurant sur une dernière lecture, récente, attentive et complète de ses ouvrages, on essaye de se le représenter à un de ces moments où l’homme le plus sautillant et répandu en tous sens, et rimarum plenissimus, s’arrête, se ramène en soi et se ramasse, fixe et ordonne sa pensée générale et s’en rend un compte précis, voici, ce me semble, comme il apparaît. — Positiviste borné et sec, impénétrable, non seulement à la pensée et au sentiment du mystère, mais même à l’idée qu’il peut y avoir quelque chose de mystérieux, il voit le monde comme une machine très simple, bien faite et imparfaite, combiné par un ouvrier adroit et indifférent, qui n’inspire ni amour ni inquiétude et qui est digne d’une admiration réservée et superficielle. — Conservateur ardent et inquiet, il a horreur de toute grande révolution dans l’artifice social et même de toute théorie politique générale et profonde ayant pour mérite et pour danger de pénétrer et partant d’ébranler, en pareille matière, le fond des choses. — Monarchiste ou plutôt despotiste, il ne trouve jamais le pouvoir central assez armé, ni aussi assez solitaire, ne le veut ni limité, ni contrôlé, ni couvert ni appuyé d’aucun corps, aristocratie, magistrature ou clergé, qui ait à lui une existence propre. — Antidémocrate et anti populaire plus que tout, il ne veut rien pour la foule, pas même (il le répète cent fois), pas même l’instruction ; et, par ce chemin, il en revient à être conservateur acharné, même en religion, voyant dans Dieu tel qu’il le comprend, et dans le culte, et dans l’enfer, d’excellents moyens, insuffisants peut-être encore, d’intimidation. — Et ce qu’il rêve, c’est une société monarchique dans le sens le plus violent du mot, et jusqu’à l’extrême, où le roi paye les juges, les soldats et les prêtres, au même titre ; ait tout dans sa main ; ne soit pas gêné ni par États généraux ni par Parlement ; fasse régner l’ordre, la bonne police pour tous, la religion pour le peuple, sans y croire ; soit humain du reste, fasse jouer les tragédies de M. de Voltaire et mette en prison ses critiques.

1995. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Parmi les plus jolies, il faut compter l’idylle de la belle Étiennette et de son amoureux, tous deux pareils à Daphnis et Chloé, et la malice du sorcier qui leur joua, pendant leur première semaine de noces, un si vilain tour.

1996. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

L’enfant passa ses jeunes années à jouer sous le calvaire et sur les tombes.

1997. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La soudaineté de la chute, l’incertitude prolongée, les vicissitudes de crainte et d’espérance, la bataille qui se livrait aux portes et dont ils étaient le prix sans même voir les combattants, les coups de canon, la fusillade retentissant dans leur cœur, s’éloignant, se rapprochant, s’éloignant de nouveau comme l’espérance qui joue avec le moment, la pensée des dangers de leurs amis abandonnés au château, le sombre avenir que chaque minute creusait devant eux sans en apercevoir le fond, l’impossibilité d’agir et de se remuer au moment où toutes les pensées poussent l’homme à l’agitation, la gêne de s’entretenir même entre eux, l’attitude impassible que le soin de leur dignité leur commandait, la crainte, la joie, le désespoir, l’attendrissement, et, pour dernier supplice, le regard de leurs ennemis fixé constamment sur leurs visages pour y surprendre un crime dans une émotion ou s’y repaître de leur angoisse, tout fit de ces heures éternelles la véritable agonie de la royauté.

1998. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Ce fut si fort et si long, monsieur, que le bargello me dit le lendemain : — Tu as donc bien peu de cœur, Antonio (c’est ainsi qu’il m’appelait), tu as donc bien peu de cœur de jouer des airs si gais aux oreilles de ces pauvres gens des loges qui pleurent leurs larmes devant Dieu, et surtout aux oreilles de l’homicide qui compte ses dernières heures sur la paille de son cachot !

1999. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Nous ne jouâmes point comme des enfants ; elle me demanda tout de suite quelles étaient mes leçons, si je savais quelques langues étrangères, si j’allais souvent au spectacle.

2000. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Il attribue lui-même, plus tard, son inclination pour la statuaire à ces premiers blocs qu’il voyait dégrossir dans la maison de sa nourrice et à ces outils de sculpteur avec lesquels ses petites mains jouaient dès le berceau.

2001. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Traité partout d’esprit romanesque, honteux du rôle que je jouais, dégoûté de plus en plus des choses et des hommes, je pris le parti de me retirer dans un faubourg pour y vivre totalement ignoré.

2002. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Cela le met au-dessus de Guizot, encore qu’à tout prendre, jusqu’en 1850, il n’ait guère joué qu’un rôle assez mesquin d’ambitieux égoïste.

2003. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Et cette poésie se jouerait sur les confins de la raison et de la démence.

2004. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

En même temps, le Théâtre-Libre joua la Puissance des Ténèbres, et je ne sais plus quelle troupe nous donna l’Orage d’Ostrowski.

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