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1119. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Je vois bien là, au compte de cette année, le volume d’histoire de Michelet qu’il a intitulé Régence, et qui flamboie des qualités inextinguibles de cet écrivain de jeunesse éternelle ; mais, hélas !

1120. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

En 1771, lorsqu’il revint définitivement à Paris, après une jeunesse errante, aventureuse et remplie de toutes sortes de tâtonnements et de mécomptes, Bernardin de Saint-Pierre avait trente-quatre ans. […] Bernardin de Saint-Pierre n’est pas un de ces génies multiples et vigoureux qui se donnent plusieurs jeunesses et se renouvellent ; il y gagne en calme ; il ne nous paraît ni moins doux ni moins beau pour cela. […] Il en est un peu de la critique comme de la nature, qui (n’en déplaise à l’optimisme de son interprète), quand elle a obtenu des êtres leur œuvre de jeunesse et de reproduction, les abandonne ensuite à eux-mêmes et les laisse achever comme ils peuvent, tandis que jusque-là elle les soignait avec prédilection, les entourait de caresses et d’attraits.

1121. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Je me souviens que, dans ma jeunesse, monsieur mon oncle François me dit un jour à sa maison de Meudon : « Ma nièce, il y a surtout une marque à laquelle je vous reconnais de mon sang. […] Un moment elle releva son voile, et sa figure, où brillait une espérance qui n’était plus de ce monde, parut belle comme au jour de sa jeunesse. […] Le sang semble laver le sang dans son histoire ; on dirait que son crime coule de ses veines avec le sien ; on n’absout pas, mais on compatit ; compatir ainsi, ce n’est pas absoudre, mais c’est presque aimer ; on cherche des excuses dans les mœurs féroces et dissolues du siècle, dans l’éducation à la fois dépravée, sanguinaire et fanatique de la cour des Valois, dans la jeunesse, dans la beauté, dans l’amour, et l’on est tenté de dire comme M. 

1122. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […]   Elle ne sera plus lyrique dans le sens où nous prenons ce mot ; elle n’a plus assez de jeunesse, de fraîcheur, de spontanéité d’impression pour chanter comme au premier réveil de la pensée humaine. […] Je ne pense pas qu’aucun poète romain ait reçu plus de marques de sympathie, plus de signes d’intelligence et d’amitié de la jeunesse de son temps que je n’en ai reçu moi-même ; moi si incomplet, si inégal, si peu digne de ce nom de poète ; ce sont des espérances et non des réalités que l’on a saluées et caressées en moi.

1123. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Plus les œuvres se multiplient, plus elles se dérèglent, et l’on dirait que la jeunesse féconde du siècle sème indifféremment la vie dans toutes les formes que le hasard lui présente. […] Deux princes du sang, le duc d’Enghien et sa sœur, future duchesse de Longueville, sont dès leur première jeunesse des habitués de la Chambre bleue. […] , Hachette, in-16) ; Roederer, Mémoire pour servir à l’Histoire de la société polie en France, Paris, 1835, in-8 ; Livet, Précieux et Précieuses, Paris, 1859, in-8 ; Cousin, la Société française au xviie s. ; Mme de Sablé ; Mme de Hautefort ; la Jeunesse de Mme de Longueville ; Mme de Longueville et la Fronde, 6 vol. in-12, Paris, Didier ; E. de Barthélémy, la Comtesse de Maure, Paris, in-16 ; 1863.

1124. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Mais qu’on ne les prenne point pour des œuvres de jeunesse ! […] Paul Bourget s’en défendît, que les Essais de psychologie contemporaine ont obtenu l’ardent suffrage de la jeunesse il y a une vingtaine d’années. […] Baudelaire et plus tard Verlaine auront été les poètes préférés de la jeunesse française contemporaine. […] Les nobles colères et les généreux mépris conviennent à la jeunesse. […] Il avait fallu consacrer neuf volumes à l’enfance et à la jeunesse de Jean-Christophe : il suffit d’un seul pour décrire sa maturité et l’expédier ad patres.

1125. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Un souffle de jeunesse circule sous la précoce maturité d’une science précise et d’une forme souvent parfaite. […] Musset, lui, n’est plus guère le « poète de la jeunesse » d’aujourd’hui. […] De l’autre côté du tableau, le jouvenceau n’offre rien que sa jeunesse. […] Là est le secret de notre jeunesse. […] Et par malheur il l’a fait sans grâce, d’un air imperturbable, sous forme de mandements à la jeunesse française.

1126. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Principalement, ce qui fait rebondir ces garçons, c’est leur jeunesse élastique. […] Marcel Prévost nous engage à n’éprouver aucune surprise, à ne pas méjuger l’efficace de la jeunesse et de la convalescence. […] Puis, « débordants de jeunesse », les Germains succèdent aux Romains. […] Elle a lu Eugénie de Guérin : c’est la seule folie de sa jeunesse. […] — Il le devait, puisque la guerre a été cette catastrophe que nous réparons, après un demi-siècle, au prix de toute une jeunesse admirable et sacrifiée. — Il ne savait pas ?

1127. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il avait rompu avec le christianisme qui, après avoir été l’aspiration profonde de sa première jeunesse, ne lui inspirait plus même un peu de sympathie. […] Il ne s’en affligea pas outre mesure, et si sa jeunesse et sa maturité ne furent pas d’un Don Juan, du moins ne furent-elles pas sevrées de plaisirs. […] Est-ce que les malsaines analyses de Robert Greslou sont de bonnes leçons pour cette jeunesse à laquelle il importe d’enseigner l’amour et la volonté ? […] Or, si sur d’autres points il a beaucoup changé, il est demeuré fidèle à cet idéal de jeunesse. […] D’autre part, les idées qu’il soutient et que nous venons d’exposer paraissent en grande faveur auprès de la jeunesse des écoles, sur laquelle il exerce une action incontestable, et dont il est peut-être, avec M. 

1128. (1900) Molière pp. -283

Lisez-le bien dès la jeunesse ; il vaut mieux que l’expérience elle-même. […] Par exemple à trente-cinq ans, à la fin de la jeunesse, vous connaissez les passions malheureuses dans lesquelles on peut tomber avant trente-cinq ans, et vous vous dites : je n’y tomberai plus. […] Mais un livre comme celui de Molière les indique d’avance ; c’est pour cela qu’il faut le lire dans sa jeunesse. […] ——— Il n’y a de riche que la jeunesse. […] ——— Songer prudemment à utiliser sa jeunesse, c’est déjà peut-être cesser d’être jeune.

1129. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Quelques années se sont écoulées, et nous avons eu le singulier spectacle d’une génération tout entière d’écrivains, de poëtes et d’artistes vieillissant avant d’avoir mûri, et passant presque sans transition de la jeunesse à la décrépitude. […] C’est aussi cette faute qu’ont commise nos illustres, lorsqu’ils nous ont répété et expliqué dans les Mémoires de leur âge mûr ce qu’ils nous avaient si bien dit dans leur jeunesse. […] Serait-ce, par hasard, cette absurde manie de prolonger, au-delà des limites ordinaires, la jeunesse féminine, de prêter à ses héros des passions persistantes pour des femmes de quarante, de cinquante et même de soixante ans ? […] Nous ressemblons à ces vieillards qui aiment mieux se souvenir des amusements de leur enfance ou des visions de leur jeunesse que des années laborieuses et assombries qui préparèrent leur maturité. […] La retrouver dans ces livres charmants, n’est-ce pas reconnaître, avec l’auteur, qu’il n’a pas été, en les écrivant, aussi infidèle qu’on le dit à cette austère compagne de sa jeunesse et de sa vie ?

1130. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Grâce à la solidité de leur éducation première, et ensuite à la liberté de leur jeunesse, les Anglaises ont l’esprit décidé et vigoureux. […] qui, en acquérant la prudence de l’âge viril, conservent la générosité de la jeunesse ! […] La jeunesse est l’âge de la poésie. […] On en suit les vicissitudes dans sa correspondance avec ses amis d’enfance et de jeunesse, Wegeler, Étienne Breuning et Ferdinand Ries. […] Ce fut toute sa société dans son enfance et sa jeunesse solitaires.

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