/ 1800
669. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Dans une monographie parfaite, tout événement qui se produit influence les événements suivants, et lui-même est influencé par les événements précédents ; d’autre part, toute la suite des événements gravite autour du caractère et l’enveloppe. […] Le roman expérimental se donne donc comme une conséquence de l’évolution scientifique du siècle ; il continue et complète la physiologie, qui elle-même s’appuie sur la chimie et la physique ; substitue à l’étude de « l’homme abstrait », de « l’homme métaphysique » l’étude de l’homme naturel, « soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu » ; le roman expérimental, en un mot, est la littérature de notre âge de science comme la littérature classique et romantique correspondait à un âge de scolastique et de théologie69. […] Les romanciers naturalistes estiment que la question d’hérédité a une grande influence dans les manifestations intellectuelles et passionnelles de l’homme. Ils accordent aussi une influence considérable au milieu. « L’homme n’est pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dès lors, pour nous, romanciers, ce milieu social modifie sans cesse les phénomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société sur l’individu et de l’individu sur la société. » Et c’est précisément, selon Zola, ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer « les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles », telles que la physiologie nous les expliquera sous l’influence de l’hérédité et des circonstances ambiantes : enfin montrer l’homme vivant « dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue ».

670. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Chaque poète voit avec un état d’âme qui lui est particulier, ou chante sous l’influence d’un état d’âme qu’il sent bien et qu’il s’assimile. […] Or, l’artiste exerce une influence d’autant plus vaste qu’il consent davantage à s’abstraire, au profit d’idées générales. […] Mais puisque vous demandez qu’on restreigne son choix au xixe  siècle, je vous avouerai qu’Alfred de Vigny, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, certains Parnassiens, Rossetti, Poed et Robert Browning eurent probablement sur moi une influence plus directe et plus profonde que celle qu’exerça Victor Hugo ! […] — Sans oublier la puissante influence exercée par les grands romantiques, je dirai, que mon poète préféré, au xixe  siècle, est Leconte de Lisle. […] — L’homme qui exerça sur ma jeunesse une influence prépondérante fut le Titan Victor Hugo.

671. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Nous disions que le corps, interposé entre les objets qui agissent sur lui et ceux qu’il influence, n’est qu’un conducteur, chargé de recueillir les mouvements, et de les transmettre, quand il ne les arrête pas, à certains mécanismes moteurs, déterminés si l’action est réflexe, choisis si l’action est volontaire. […] Tandis, en effet, que des appareils moteurs se montent sous l’influence des perceptions de mieux en mieux analysées par le corps, notre vie psychologique antérieure est là : elle se survit, — nous essaierons de le prouver, — avec tout le détail de ses événements localisés dans le temps. […] Les cordes sont encore là, et sous l’influence des sons extérieurs elles vibrent encore ; c’est le clavier intérieur qui manque. […] Par devant ils reçoivent les impressions des organes des sens et par conséquent d’un objet réel ; par derrière ils subissent, d’intermédiaire en intermédiaire, l’influence d’un objet virtuel. […] Nous allons approfondir ces états virtuels, et, en pénétrant plus avant dans le mécanisme intérieur des actions psychiques et psychophysiques, montrer par quel progrès continu le passé tend à reconquérir son influence perdue en s’actualisant.

672. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Louis XV, dont la faiblesse mal entourée ne reçut de son siècle que les influences mauvaises, subit et consacra ce coupable exemple.

673. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Il me semble qu’on n’en est guère là, et l’on aurait chance bien plutôt de peindre avec vérité un homme résolu à tout, déterminé à faire fortune, à se conquérir un nom, un état, une influence, une considération presque, ou du moins tout ce qui en tient lieu socialement et la représente, et cela en envoyant promener sa conscience et même le respect humain, mais en osant, en voulant fortement, en s’imposant.

674. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Pour Baudelaire, dont l’influence peut, en effet se constater dans certaines pièces macabres des Névroses, il ne masque nullement la personnalité de Rollinat qui le suit chronologiquement, comme Baudelaire suit Edgard Poe.

675. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Bourget ne sont pas autre chose qu’un effort pour démêler les influences exercées sur une génération donnée par les œuvres de la génération précédente24.

676. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

M. de Gourmont l’avoue : « Taine, dit-il, a obéi aux influences d’alentour ; il a profité des leçons et des exemples de Gautier, de Saint-Victor et peut-être de Goncourt… Rien de plus légitime. » C’est exactement ce que nous disons, et c’est là toute notre théorie de la formation du style.

677. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

La hauteur des opinions de Méry sur les hérésies, l’influence de l’hérésie sur les Barbares, le frappant vis-à-vis de l’apostasie d’Attila et de l’apostasie de Julien, — lequel appartient exclusivement au nouvel historien de Constantinople et qui a l’inattendu d’une révélation, — son bel épisode des Croisades, son mépris pour l’esprit des Grecs rebelles et disputeurs et pour ces protestants du xvie  siècle qui renouvelèrent, à leur manière, l’esprit grec, et forcèrent les puissances chrétiennes à se détourner de la grande guerre traditionnelle de la chrétienté contre la barbarie musulmane pour brûler Rome et s’entre-déchirer entre elles au nom de la dernière hérésie sortie de la plume de Luther, enfin son jugement, d’une si noble pureté de justice, sur les grands calomniés de l’histoire, les jésuites, — puisqu’il faut dire ce nom si magnifiquement exécré, — et dont il nous raconte l’établissement et l’héroïsme, sous Murad III, à Constantinople, toutes ces choses et toutes ces pages, qui font de l’histoire de Méry une composition d’un mouvement d’idées égal pour le moins au mouvement de faits qu’elle retrace, n’ont pu être pensées et écrites que par un catholique carré de base déjà, mais qui va s’élargir encore.

678. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

À l’heure présente, sans avoir une aussi haute origine, les ouvrages de provenance orale peuvent être, sur la façon d’écrire, de la plus heureuse influence. […] Dès son apparition, ce grand fait primitif engendre donc dans la société tout un ordre d’événements, dans l’intelligence tout un ordre de doctrines, dont l’influence se transmet nécessairement d’âge en âge et d’esprits en esprits. […] Plusieurs de ses auditeurs assidus éprouvaient d’une manière semblable, malgré la diversité de leur caractère, cette influence toute spéciale qui régnait autour du paisible philosophe et que l’on subissait même sans entendre sa parole. […] Une simple discussion de rhétorique et de grammaire nous amènerait, comme l’on voit, à l’un des plus hauts problèmes de la philosophie, celui de l’influence et de l’origine du langage. […] Elle reste à sa place inférieure ; elle émane des premières agitations populaires, des premières influences conquises dans le mouvement social par les classes serviles.

679. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Par l’ordre de sa date, par le rang éminent où il s’est placé d’abord, par la vive influence qu’il a longuement exercée, par le progrès et l’accroissement où il n’a pas cessé de se tenir, en même temps qu’il reste pour nous du très-petit nombre des maîtres illustres, il est de ceux dont l’autorité continue de vivre, et qu’on est certain, en avançant, de toujours et de plus en plus retrouver. […] Villemain avait pris une influence immense ; chacune de ses leçons était un événement et une fête. […] A qui conviendrait-il mieux d’en reconnaître l’influence et le profit, qu’à nous en particulier, qui de plus, dans notre faible rôle, l’avons rencontré toujours si ami, si indulgent ?

680. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Jouffroy et Dubois exercèrent l’un sur l’autre une influence continue fort vive : M.  […] Sous le rapport des doctrines et de l’influence morale, M.  […] Le public, qui aime à faire le moins de frais possible en renommée, et qui est dur à accepter des noms nouveaux, voyant le Globe surgir, tenta d’en expliquer le succès, et presque le talent, par l’influence invisible et suprême de quelques personnages souvent cités.

/ 1800