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27. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre premier. Le problème des antinomies » pp. 1-3

Ce milieu social exerce sur l’individu un nombre considérable d’influences qui s’entrelacent et s’enchevêtrent de toutes façons, qui tantôt s’additionnent et se renforcent et tantôt s’opposent et se neutralisent, mais qui dans tous les cas, agissent sur l’individu soit pour favoriser, soit pour entraver son développement. […] L’individu que nous opposons à la société est l’individu tel qu’il nous est donné en fait au sein de la société, informé en partie par elle. — Mais à côté de la partie qui, dans l’individu, est façonnée par les influences sociales passées ou présentes, il y a un fond physiologique et psychologique qui lui est propre et qui apparaît comme un résidu irréductible aux influences sociales.

28. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Feuerbach conserva une profonde influence sur la pensée de Wagner. […] On voit que ce n’est pas dans le découragement qu’il faut chercher l’explication de l’influence que Schopenhauer exerça sur Wagner ; elle est tout autre. […] Toutes les influences qu’il a pu subir se sont traduites chez lui en art. […] Grande fut et sera l’influence du maître Richard Wagner sur l’art de notre temps. […] Ce texte eut une influence considérable sur les penseurs comme sur les artistes (Nietzsche, Wagner mais aussi Freud ou Tolstoï).

29. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Un jeune talent qui veut exercer de l’influence et être connu cherche à renchérir sur ses prédécesseurs… Dans cette chasse à l’effet extérieur, toute étude profonde, tout développement intime et régulier de l’homme est oublié. […] L’entretien s’animant à ce sujet, et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Gœthe disait qu’il fallait pour cela qu’une nation n’eût qu’une tête et qu’un cœur et, à un moment donné, qu’une seule voix : « Mais, ajoutait-il, une poésie politique n’est aussi que l’œuvre d’une certaine situation momentanée qui passe et qui ôte à la poésie la valeur même qu’elle lui a donnée. » Il reconnaissait qu’il y avait seize ans, même dans cette Allemagne si divisée, mais unie alors dans un sentiment commun contre l’étranger, un poëte politique aurait pu exercer aussi son influence sur le pays tout entier, et il ajoutait : « Mais ce poëte était inutile : le mal universel et le sentiment général de honte avaient, comme un démon, saisi la nation ; le feu de l’inspiration qui aurait pu enflammer le poëte brûlait déjà partout de lui-même. […] Le poëte, comme homme, comme citoyen, doit aimer sa patrie ; mais la patrie de sa puissance poétique, de son influence poétique, c’est le Bon, le Noble, le Beau, qui n’appartiennent à aucune province spéciale, à aucun pays spécial, et qu’il saisit et développe là où il les trouve. […] Mais si, par hasard, j’ai nommé le bon mauvais, j’ai fait un grand mal. — Celui qui veut exercer une influence utile ne doit jamais rien insulter ; qu’il ne s’inquiète pas de ce qui est absurde, et que toute son activité soit consacrée à faire naître des biens nouveaux. […] Puis, sur une nouvelle question d’Eckermann qui craint toujours que l’entretien ne finisse, et qui demande si le corps dans cette force d’action n’entre pas autant et plus que l’esprit, Gœthe répond : « Le corps a du moins la plus grande influence.

30. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

L’influence du cours des saisons, l’influence de leur durée s’expliquent par le retour et les alternatives de conditions physico-chimiques déterminées. […] L’influence de la température est ainsi nettement mise en lumière. […] Sous l’influence de quelle force, par quelle énergie s’exécutent ces phénomènes ? […] Cette puissance créatrice, la chlorophylle seule la posséderait sous l’influence du soleil. […] Le protoplasma, en outre, se meut, se contracte sous l’influence des excitants et préside ainsi aux phénomènes de la vie de relation.

31. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Quelque nombreuses, quelque contradictoires, quelque embrouillées que puissent être les influences agissantes, une orientation primordiale se dessine presque toujours, après deux ou trois lustres, dans l’évolution d’une littérature ou d’une esthétique. […] Toutefois, ni le naturalisme, ni l’école psychologique ne disparurent sans laisser des traces de leur influence. […] Sa mentalité n’est qu’un prolongement de la pitié dont nous avons vu naître les premières manifestations sous l’influence des grands écrivains russes : et cela seul donne à ses œuvres un caractère nettement social. […] Il convient de parler d’abord ici du renouveau extraordinaire de l’influence de Balzac. […] Maurice Barrès exerce sur la littérature actuelle et sur le grand public une influence d’autant plus considérable qu’il paraît bien résumer dans sa physionomie littéraire tous les mouvements d’idées de l’heure présente.

32. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Au reste, nous ne prétendons pas que l’idée du sommeil soit la seule cause du sommeil : il y a en outre une influence nerveuse, encore mal élucidée. […] Chez les animaux inférieurs, les fonctions rudimentaires du cœur et de la respiration ne s’accomplissent point, comme chez nous, d’une façon tout automatique : elles se produisent, à des intervalles plus ou moins réguliers, sous l’influence directe d’appétits relatifs à la nutrition, par conséquent sous une influence mentale en même temps que physique. […] Comment nier l’influence que le mental exerce par ses conditions physiques sur le physique ? […] Pierre Janet, et qui avait aussi sur Mme B… une très grande influence, se brûla fortement le bras pendant que Mme B… était en léthargie. […] Ces ondulations, rencontrant un cerveau d’un équilibre excessivement instable et habitué, sous leur influence, à tomber dans le sommeil, y produisent leur effet habituel malgré la distance.

33. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Il est inutile de montrer ici que dans l’état actuel de la science, ces influences, marquées pour les masses auxquelles est applicable la loi des moyennes, exercent une action extrêmement irrégulière et peu discernable sur la formation des écrivains et qu’au surplus elles n’augmentent ni ne diminuent en rien la valeur de ce qu’ils ont pu produirecd. […] Taine continue et perfectionne la sorte de critique biographique que pratiquait Sainte-Beuve et s’efforce d’appliquer aux individus isolés sa théorie de l’influence de la race et des milieux. […] Posnett, dans un livre tout récent : Comparative literature, envisage dans un esprit nouveau le problème de la morphologie artistique, et s’attache à démêler, dans une énumération malheureusement superficielle, quelle influence ont exercée sur la forme littéraire, sur l’individuation des personnages par exemple et la description de la nature, les différentes formes de la vie sociale, le clan, la communauté urbaine, la nation, le cosmopolitisme. […] Georg Brandès (1842-1927) : critique et penseur danois, il eut une très grande influence sur la vie intellectuelle et littéraire de son pays. […] Sa mystique de la Beauté eut une grande influence sur la pensée d’Oscar Wilde.

34. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Chastel, Doisy, Mézières Études historiques sur l’influence de la Charité durant les premiers siècles chrétiens et considérations sur son rôle dans les sociétés modernes, par Étienne Chastel, professeur à Genève ; Assistance comparée dans l’ère païenne et l’ère chrétienne, par Martin Doisy ; L’Économie ou Remède au paupérisme, par L.  […] En 1849, quand la Révolution, pour un instant souveraine, tenait presque dans les idées une aussi grande place que dans le gouvernement, l’Académie française mit au concours la question de l’influence de la charité chrétienne sur le monde romain. […] En demandant à l’Étude, dans son programme, de raconter les influences toutes-puissantes et salutaires de la charité chrétienne se projetant pour la première fois à travers les misères horribles de l’Antiquité, l’Académie demandait la preuve, facile à donner, de l’inanité de cette Économie politique qui se vantait de refaire l’axe et les pôles du monde, et qui n’avait inventé que des prétentions ! […] Son livre, qu’il intitule : Études historiques sur l’influence de la Charité durant les premiers siècles chrétiens, est toujours, au point de vue des faits et très souvent à celui des appréciations, un travail remarquable de science, de calme et d’horizon. […] Ce secret, ce dernier mot des influences de la charité chrétienne sur le monde ancien et sur le monde moderne, des protestants ne pouvaient pas le dire, mais s’ils ne le disaient pas, ils mutilaient l’histoire et les faits criaient, malgré l’habileté des mutilateurs.

35. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

C’est ce qu’on appelle l’influence des saisons, que tout le monde connaît. […] La machine humaine sera d’autant plus parfaite qu’elle se défendra mieux contre la pénétration des influences du milieu extérieur ; quand l’organisme vieillit et qu’il s’affaiblit, il devient plus sensible aux influences extérieures du froid, du chaud, de l’humide, ainsi qu’à toutes les autres influences climatériques en général. […] Mais ce qui distinguera la médecine expérimentale moderne, ce sera d’être fondée surtout sur la connaissance du milieu intérieur dans lequel viennent agir les influences normales et morbides ainsi que les influences médicamenteuses. […] Le condamné ayant une fièvre quarte, Fallope voulut expérimenter l’influence des effets de l’opium sur les paroxysmes. […] L’influence des variations de pression sur les manifestations de la vie des éléments organiques est d’ailleurs peu connue.

36. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

D’un mot, cet ensemble d’influences qui viennent en contact avec le facteur héréditaire, pour former la personnalité individuelle peut être nommé l’éducation. […] II On vient de voir que le moyen de cette influence extraordinaire exercée par l’éducation sur l’être héréditaire est l’image projetée dans la conscience et s’y comportant à la façon d’un magnétiseur. […] D’une part, la puissance de ses intérêts et de ses aptitudes héréditaires est plus ou moins considérable et le rend sensible, dans des proportions variables aux influences d’éducation. […] Le plus souvent, au contraire, un grand nombre de prédispositions existent en lui, le rendant propre à se développer dans toutes les directions de la sensibilité et de l’esprit, et c’est en raison sans doute de cette multiplicité qu’il peut subir toutes les influences. […] Elles constituent entre elles une hiérarchie et l’existence de cette hiérarchie de tendances suffit à créer un état de Bovarysme, dès que, sous l’influence de la notion imposée par le milieu, les termes en sont intervertis, dès que l’être humain, à l’instigation des images, donne le pas à des tendances plus faibles sur de plus fortes.

37. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Le singe, qui respire plus aisément que nous par les narines, n’entr’ouvre pas la bouche sous l’influence de l’étonnement, mais les autres signes subsistent. […] Sous l’influence de la peur, le sang reflue aux extrémités, à ce point qu’une bague ne puisse plus alors sortir du doigt. […] Le poil se hérisse comme sous l’influence du froid58. […] Ces muscles se contractent encore sous l’influence des mêmes émotions (terreur extrême) qui font hérisser les poils des animaux placés aux derniers échelons de l’ordre auquel l’homme appartient. » (Expression des émotions, p. 335). […] L’Espagnol et le Portugais gesticulent peu : leur visage reste impassible, un peu par suite de l’influence asiatique, mais surtout pour ne pas compromettre leur dignité d’hidalgo.

38. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il est parfois d’une netteté qui ne permet aucune supposition d’influence s’exerçant d’un pays ou d’un siècle à un autre. […] Cette réserve faite, il est aisé de noter au cours de notre histoire des influences qui nous viennent du Nord et du Midi, des anciens et des modernes. […] Il n’est pas de grand homme qui n’ait eu aux yeux des générations successives plusieurs physionomies fort dissemblables, et par suite des influences très différentes sur leur esprit. […] Les traces d’exotisme qu’on y découvre indiquent en quels domaines s’est exercée l’influence qu’on étudie. […] Jamais, en tout cas, elle n’a eu littérature plus composite ; jamais il n’a été si nécessaire de démêler les influences innombrables qui, de tous les points du globe et du passé ont agi sur son évolution.

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