Tirant le comique du fond des caractères, et mettant sur la scène la morale en action, un poète français est devenu le plus aimable précepteur de l’humanité qu’on eût vu depuis Socrate274.
Ce dernier aussi restera un grotesque de notre littérature ; je prends ce mot dans le bon sens, un profil singulier et à part, une gargouille de sculpture, grimaçante et très travaillée, sans humanité aucune d’ailleurs, perdue dans un coin de cathédrale.
Pilon a des humanités.
On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.
La passion ne guidera point ma plume ; & en dirigeant mes coups contre une cabale audacieuse, je respecterai toujours ces vrais Philosophes, ces sages Immortels qui honorent l'humanité en l'instruisant, & pour qui le nom odieux de Secte seroit une injure ».
Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.
Grâce à cette faculté caméléonesque, que, de tous les penseurs dans l’art et dans l’humanité, Shakespeare eut au degré le plus incomparable, et que Walter Scott, son descendant en ligne directe, et Gœthe, son descendant en ligne collatérale, eurent tous les deux après lui, l’auteur du Prométhée put singer puissamment la vie de cette société morte, dont les beaux Vampires de la Renaissance avaient tari le cadavre de leurs lèvres brillantes et enivrées.
Leurs adversaires, les Garat, les Ginguené, les Morellet, consolateurs attardés de cette philosophie douairière, faisaient très pauvre figure dans la lutte, et n’avaient pas même pour eux ces gros bataillons trop souvent acquis aux flatteurs des mauvais instincts de l’humanité. […] Pour y parvenir, il faut qu’ils posent, et, pour poser dans les conditions les plus favorables au secret désir de leur vanité, il faut qu’ils élaguent tout ce qui, dans l’ensemble de leurs souvenirs, de leurs sentiments et de leur vie, gâterait l’effet et ressemblerait trop aux faiblesses et aux misères de notre pauvre humanité. […] Moultou, ministre pieux et convaincu, conseille à Voltaire une de ces œuvres d’humanité et de bienfaisance, destinées à accroître son autorité et son prestige. […] « Il faut que Moultou, avec M. et madame de la Rive, qu’il affectionnait beaucoup, l’encouragent de toutes leurs forces. » — « C’est une œuvre à vous, monsieur de Voltaire, lui disent-ils ; joignez le fait à la parole, la gloire du bienfaiteur de l’humanité à la gloire de l’écrivain. […] La tolérance est assurément une des plus hautes vertus de l’humanité, et la liberté de conscience un des plus beaux privilèges de l’être pensant.
Le Cédar de La Chute d’un ange est-il une allégorie ou un symbole de l’humanité ? […] Enfin il y a un pays où le roman d’aventures est un genre vivace, puissant, enraciné en pleine humanité et qui a donné des chefs-d’œuvre. […] On appelle génie précisément ce qui dans l’humanité correspond à cette imprévisible nouveauté, acte essentiel de la nature. […] Ce livre qui a paru si bizarre à tant de lecteurs de la Revue de Paris, j’imagine une humanité où il représenterait le seul mode de littérature possible. […] Et, comme on nous le laisse entendre, les propos de l’abbé Manchon sont un peu des propos professionnels de prêtre : quel est, derrière cet autre voile, leur fonds et leur poids d’humanité ?
je crois que l’humanité pourrait être divisée actuellement en deux familles immenses, ceux qui voient avec les yeux de M. […] Ce que Montfort a célébré ici, ce sont les transports de l’humanité toujours adolescente, soulevée dans la tempête éternelle de l’Amour bouillonnante et gonflée de toutes les sèves futures. […] Les poètes écriront l’épopée de l’Humanité, Si les créatures aujourd’hui sont inertes et veules, incapables d’un effort moral, c’est que la théologie chrétienne a trop insisté sur leur laideur. […] Il en est de même de l’Humanité, que les auteurs, si supérieurs qu’ils soient, doivent toujours traiter en jolie femme avec des fleurs et même des coquetteries. […] Il n’y a que ces âmes-là qui peuvent connaître le grand amour, de même que seulement ne peuvent être des grands artistes que ceux dont l’âme appartient à cette famille pure, directe, d’une humanité limpide et profonde.
Mais, après la furie des cris et des interrogations, il y eut une rémittence, et ce fut la littérature de la tristesse, de l’inquiétude et de l’angoisse ; la révolte a été jugée inutile et puérile l’imprécation : assagie par de vaines batailles, l’humanité lentement se résigne à ne rien savoir, à ne rien comprendre, à ne rien craindre, à ne rien espérer, — que de très lointain. […] Maeterlinck aperçoit cette aurore, parce qu’il regarde en lui-même et qu’il est lui-même une aurore, mais s’il regardait l’humanité extérieure, il ne verrait que l’immonde appétit socialiste des auges et des étables. […] Au contraire, il fait dire à un protagoniste (sans doute Edison), dans un court fragment d’un ancien manuscrit de l’Ève future : « Nous en sommes à l’âge mûr de l’Humanité, voilà tout. […] Par haine de l’humanité, M. de Grandville donne un billet de mille francs à un chiffonnier afin d’en faire un ivrogne, un paresseux, un voleur ; quand il rentre chez lui, il apprend que son fils naturel vient d’être arrêté pour vol : ce n’est que romanesque. […] D’ailleurs s’il s’agit d’art, le débat, qui touche un si petit nombre de créatures, n’a pour l’humanité, comme toutes les questions purement intellectuelles, qu’un intérêt de clocher ou de coin de rue.
Nous goûtons, dans la même minute, deux poésies, deux mythologies, deux humanités. […] C’est comme la vision rapide d’une humanité meilleure et d’une destinée plus conforme à la justice. […] Tous ensemble représentent ceux dont on ne sait pas pourquoi ils vivent, l’humanité superflue, c’est-à-dire les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millièmes de l’humanité. […] C’est un livre exquis, d’un grand charme, tout plein d’humanité, de honte, d’indulgence, — et de candeur. […] C’est comme s’il découvrait l’humanité.