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4077. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

De même, dans le germe des animaux ou de l’homme, certaines petites particularités peuvent se produire, grâce à quelque « jeu de la nature », et parmi ces légères déviations du type congénital, il y en aura de malheureuses, il y en aura d’heureuses. […] Deux hommes ont le même talent de dessin, mais l’un a un génie naturel non cultivé, l’autre a acquis son habileté à force d’exercice : vous ne direz pas que tous les deux doivent leur talent à « l’expérience ». […] A leur exemple, certains métaphysiciens de notre époque, partisans du libre arbitre dans l’homme et de la contingence dans la nature, contestent que tout ce qui est réel soit rationnel ; ils pensent qu’il peut y avoir des commencements de phénomènes inexplicables par un changement antérieur, des actes de liberté absolue. […] Le besoin natif de comprendre, ainsi inhérent à la volonté même, a été de plus en plus accru chez l’homme par la lutte pour l’existence, dont nous avons déjà parlé, et il ne pouvait être entièrement satisfait que par l’idée du déterminisme universel de la nature ou de l’universelle intelligibilité.

4078. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Mais chez l’homme, être pensant, l’acte libre peut s’appeler une synthèse de sentiments et d’idées, et l’évolution qui y conduit une évolution raisonnable. […] C’est ainsi que les mille positions successives d’un coureur se contractent en une seule attitude symbolique, que notre œil perçoit, que l’art reproduit, et qui devient, pour tout le monde, l’image d’un homme qui court. […] Qu’il y ait, en un certain sens, des objets multiples, qu’un homme se distingue d’un autre homme, un arbre d’un arbre, une pierre d’une pierre, c’est incontestable, puisque chacun de ces êtres, chacune de ces choses a des propriétés caractéristiques et obéit à une loi déterminée d’évolution.

4079. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

L’un de ces voyageurs, et qui était plus homme d’esprit qu’autre chose, nous l’a très bien peinte dans ces dernières années de sa vie ; on a par lui cet intérieur au naturel : Cette princesse, dit le baron de Poellnitz, était très affable, accordant cependant assez difficilement sa protection. […] C’est un portrait à lire et que je voudrais citer, si je n’étais retenu par le respect du grand homme et des honnêtes gens qui ont rendu si français ce nom de Richelieu.

4080. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Le moment me semble extrêmement favorable pour la laisser envisager dans toute sa clarté : si bien qu’il dépend peut-être de dix ou douze hommes dont les noms se pourraient dire, et qui au talent qu’ils ont joindraient un peu du zèle qu’ils ont eu, de la résoudre favorablement aujourd’hui. […] , je penserais que c’est le moment ou jamais, pour tous les hommes qui ont cette conservation à cœur et qui ne sont pas disposés à se confier immédiatement aux ressources de l’inconnu, — que c’est le moment pour eux de s’unir, de comprendre que la chose publique s’en va dans un morcellement misérable d’intrigues, dans une diminution sans terme de tous les pouvoirs et de toutes les fonctions.

4081. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

« Il paraît qu’on avait repêché Coupeau au Pont-Neuf ; il s’était élancé par dessus le parapet, en croyant voir un homme barbu qui lui barrait le chemin » (p. 548). […] Malot, qui tient tant cependant à montrer les hommes et les choses avec tous les caractères de la fidélité réaliste, que le prétendu aliéné qu’il met ainsi en scène n’a jamais existé et ne répond à aucun type connu.

4082. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

La fascination des sombres harmonies Des forêts et des flots, de la foudre et des vents, Qui faisait déborder en notes infinies Mon sein tumultueux, plein aussi d’ouragans ; Cet éblouissement ne me verra plus, folle, Révéler mon angoisse au monde indifférent, Qui nous raille ou nous rit d’un rire bénévole : Rien à l’homme jamais, tout à Dieu qui comprend !

4083. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Voici ce passage : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’a d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard.

4084. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Mais il ne fallait pas oublier que les hommes d’une vaste intelligence, s’ils ne se rangent de bonne heure à des principes immuables, ne demeurent pas semblables à eux-mêmes aux diverses époques de leur vie, et qu’il en est de certaines âmes comme de ces rivières d’autant plus limpides qu’on les prend plus loin de leur source.

4085. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Plus fidèle à son auteur, il doit quelquefois à cette exactitude même d’assez heureuses rencontres, témoin ces vers de l’ode suivante :  L’oiseau fend l’air ; le poisson nage ;  Le lièvre, au défaut de courage,  Sait déployer l’agilité ; L’homme seul eut pour lui la prudence en partage.

4086. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Nous voudrions encore, dussions-nous sembler bien exigeant, que le tailleur Homespun parlât un peu moins de ses cinq longues et sanglantes guerres, et que l’excellent Richard Fid farcît un peu moins sa conversation d’expressions nautiques ; l’auteur, en voulant être vrai, a renchéri sur la nature : les marins, les tailleurs et les gens de métier parlent aussi comme les autres hommes.

4087. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Il n’est pas vrai, comme on se plaît à le répéter, que la comédie ne soit plus possible, que Molière et le XVIIe siècle aient épuisé le champ des faiblesses, des sottises et des vices de l’homme, et que, les maîtres s’étant emparés des principaux sujets, il ne reste plus qu’à glaner.

4088. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

quel empire exercèrent sur elle les mœurs de la cour, l’esprit et le langage des hommes de lettres alliés de la cour ; ou quel empire exercèrent-elles sur ces mœurs, cet esprit et ce langage ?

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