Desmahis, à laquelle il nous paroît avoir encore ajouté, par l’Eloge historique qu’il a mis à la tête de la Collection des Œuvres de ce Poëte, trop tôt enlevé aux Gens de goût & de bonne Compagnie.
Argument La plupart des preuves historiques données jusqu’ici par l’auteur à l’appui de ses principes, étant empruntées à l’antiquité, la Science nouvelle ne mériterait pas le nom d’histoire éternelle de l’humanité, si l’auteur ne montrait que les caractères observés dans les temps antiques se sont reproduits, en grande partie, dans ceux du moyen âge.
« Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer ; ici c’est l’histoire qui s’est mise à imiter la littérature. […] quelle figure historique et légendaire !
Si l’on a des faits, historiques ou imaginaires, à raconter, si l’on fait une narration, une difficulté se présente. […] On peut appliquer à tout récit, roman ou histoire, long ou court, ce que Fénelon dit en excellents termes du genre historique seulement : « La principale perfection d’une histoire consiste dans l’ordre et dans l’arrangement.
Ce dernier des Gaulois n’avait pas son égal pour la conférence historique. […] Je constatai tôt que ces bavardages historiques et documentaires sont simplement scandaleux quand ils veulent caractériser des contemporains ; et lorsqu’ils s’appliquent à des auteurs jadis, ils sont insipides, ils sont livresques, ils puent le Memento de baccalauréat.
Les frères Margueritte ont mieux dessiné les personnages historiques. […] vains mots qui n’existiez pas il y a deux mille ans et qui, dans deux mille ans ; ne serez plus que des noms historiques : les vents de folie qui soulèvent ici ou là votre poussière d’une heure ne peuvent faire douter du soleil moral que ceux qui sont esclaves de leur temps et des mouvements de foule ou eux chez qui les persistants instincts de la brute triomphent de l’homme à peine commencé.
On a rarement peint (car ceci est de la peinture historique) des choses plus vulgaires avec un plus noble pinceau, et l’on n’a point résolu mieux, depuis Murillo, le difficile problème de faire tomber sur de la vermine un jour d’or ! […] Tous ces portraits, les uns éclatants, les autres profonds, dans le détail desquels nous entrerons peut-être un jour, classeront désormais fort à part et fort haut parmi les portraitistes historiques le continuateur de Sismondi.
Quand on s’appelle Michelet, et quand on a fait un livre dans lequel on a poussé le panthéisme historique jusqu’à dépouiller de leur personnalité les chefs de la Révolution française au profit du peuple anonyme et de la chose révolutionnaire, pourquoi l’inconséquence d’un livre intitulé : Les Femmes de la Révolution ? […] Tant qu’enfin, arrivé à n’avoir plus à copier des médaillons historiques, il est obligé de revenir à l’éloge et à la glorification en masse des Femmes de la Révolution, depuis les femmes du 6 octobre jusqu’aux dames jacobines (dames est joli !)
On ne se défait pas de ce chaînon qui vous scelle, fussiez-vous un Hercule de peuple capable de tout briser, dans votre destinée historique ! […] Telle est cette aristocratie américaine, fille de trente-six pères, et qui se développe avec le mouvement de tout le reste dans ce pays original, mais effrayant, dans ce pays qui n’est pas un pays comme les nôtres, — qui n’a pas de frontières comme nous, qui n’a pas d’antécédents historiques comme nous !
Ce sont quatre-vingts lettres à peu près d’une grande dame du siècle dernier, — de cette fameuse marquise de Créqui dont le nom historique est devenu littérairement si célèbre, grâce à des Mémoires qui furent toujours contestés et que Sainte-Beuve traita hardiment d’apocryphes. […] Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon.
Toujours est-il qu’on avait l’air de ne pas oser… On vivait, non sur les vieilles histoires, mais à côté des vieilles histoires (car on ne les lisait guères) d’Abelly et de Collet, ces modestes garde-notes historiques qui n’eurent jamais, du reste, la prétention de s’élever à ce que nous autres modernes appelons de l’histoire, nous dont le seul mérite devant la postérité sera d’en avoir élargi la notion. Les histoires d’Abelly et de Collet étaient matières de clerc à clerc plus qu’œuvres vraiment historiques et littéraires.
La renaissance du roman historique en Angleterre Il semble bien que le roman historique soit à jamais démodé. […] De là, pour l’audacieux qui reviendrait au roman historique, une sorte de choix à faire entre les époques. […] Pater, qui tous deux ont essayé de faire renaître en Angleterre le roman historique. […] Des controverses, même, se sont produites à son sujet : on a discuté les dates de certains de ses Essais, comme s’il se fût agi de graves événements historiques. […] Et il en est de même pour ses peintures historiques.