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764. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il ne faut pas l’oublier dans l’histoire de l’humanisme. […] Une grande histoire héroïque ? […] Par bien des côtés, par bien des aspects, notre histoire est un roman. Et sans doute, ceci est comme l’histoire superficielle. […] Ils firent, avec ces notes au jour le jour, de l’histoire contemporaine anecdotique, comme ils avaient fait de l’histoire passée anecdotique.

765. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Pour eux, pour Pascal et pour Clotilde, ils ne font que recommencer l’histoire du vieux roi David et de la jeune Sulamite. […] Abel Hermant a enfermée dans son livre amusant comme un roman, intéressant comme un livre d’histoire, d’histoire licencieuse, il est vrai, mais à laquelle on pardonne, parce qu’elle est « de l’époque », comme disent les amateurs d’objets du passé. […] Ce n’était rien moins que l’histoire de Paris pendant la période impériale. […] Que d’histoires, que d’anecdotes ! […] avec cette poussière qu’on fait les pierres dont on construit les monuments de l’Histoire.

766. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

L’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabulin vient de reparaître, annotée avec le plus grand soin et la plus vive curiosité par M.  […] Les histoires amoureuses de Bussy et les historiettes de Tallemant, bien qu’appartenant les unes et les autres à la chronique plus ou moins scandaleuse, ne doivent pas être rangées pourtant sur la même ligne ni se rapporter au même esprit. […] J’ouvre l’Histoire amoureuse des Gaules, et d’abord je suis frappé de ce qui a donné idée d’écrire un tel livre. […] On dira que c’est plus ou moins l’histoire de tous les temps ; mais l’amour alors avait son cachet particulier. […] En un mot, Bussy a donné dans l’Histoire amoureuse des Gaules une sorte de plat de son métier, une rabutinade qui a un ragoût particulier pour les palais qui n’en sont pas restés aux mets de l’âge d’or.

767. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps Par M.  […] Savant plein d’autorité et de lumières, le plus pratique des théoriciens, se rabattant volontiers en tout du côté de l’histoire, il était très propre à ne verser dans aucun sens. […] Il apportait dans ce gouvernement intellectuel la connaissance des matières, l’ouverture des vues, une indifférence qui lui permettait mieux qu’à d’autres de maintenir l’équilibre entre les diverses études et facultés ; et si la balance dans ses mains avait penché quelque peu du côté de l’histoire, ce n’eût été que justice ; car l’histoire, ce goût et cette aptitude générale de notre temps, hérite en effet de toutes les autres branches de la culture humaine. […] Guizot, comme on le répétait chaque fois, s’était surpassé, un des fidèles de sa majorité me disait avec transport : « Et quand je pense, mon cher ami, que tout cela c’est de l’histoire ! » — Non, mon cher Auguste Le Prevost (car c’était lui), non, l’histoire en personne sous les traits de M. 

768. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Ce rôle de précurseur, en relevant par la précocité ce que le talent peut avoir eu de hasardeux ou d’incomplet, offre toujours, dans l’histoire littéraire, quelque chose qui attache. […] Dans un fort bon discours sur l’Élégie, qu’il a ajouté en tête, Millevoye, qui se plaît à suivre l’histoire de cette veine de poésie en notre littérature, marque assez sa prédilection et la trace où il a essayé de se placer. […] Aucune des histoires romanesques, que quelques biographes lui ont attribuées, n’est exacte ; mais il dut en avoir réellement beaucoup qu’on n’a pas connues. […] Il a sa place assurée pourtant dans l’histoire de la poésie française, et sa Chute des Feuilles en marque un moment. […] On peut lire à ce propos une histoire de cheval assez agréablement contée par Arnault, Souvenirs d’un Sexagénaire, t.

769. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Le pays s’enfonçait de plus en plus dans la vulgarité, oubliait sa vieille histoire ; la nouvelle dynastie était fondée. […] Il n’y a rien là qui doive étonner celui qui s’est fait une idée juste de la philosophie de notre histoire. […] La France va-t-elle reprendre un chapitre interrompu de son histoire ? […] Oui, l’Allemagne avait entre les mains après Sedan le plus beau rôle de l’histoire du monde. […] Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’un État unitaire et centralisé décrétant son morcellement.

770. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Voilà l’histoire. […] qu’un dictionnaire amusant comme une histoire ! […] L’histoire, autant que possible, éclairera et confirmera l’ordre logique. […] C’est un vrai roman, une histoire du cœur, et qu’elle est tendre cette histoire ! […] Le héros de ces histoires est saint Louis, le favori de M. 

771. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Cette succession lui arrive au moment où il gagnait sa vie à Bruxelles, à composer des feuillets d’un dictionnaire d’histoire et de géographie, à 40 francs la feuille. […] De petits trésors, de l’histoire neuve, refusés à L’Assemblée nationale, à cause des crudités, à la Gazette de Paris, à cause de la longueur. […] L’éditeur non encore assuré après nos deux volumes d’histoire. Cette Histoire de la société française pendant le Directoire, où nous avons mis tous les moxas, vendue à 500… Après la douce existence de Gisors, une vie de tracas, de courses vaines et déçues, de pensées de découragement. […] » C’est Banville qui nous parle ainsi, après la lecture d’un acte intitulé : Incroyables et Merveilleuses, et que nous avions écrit, après notre Histoire du Directoire.

772. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Qu’on choisisse donc dans l’histoire moderne un sujet neuf où l’on ne puisse pas se prévaloir des inventions ni des phrases poëtiques des anciens, mais où il faille tirer de son génie la poesie du stile et toute la fiction. […] Un homme capable par les forces de son génie d’être un grand poete, et qui pourroit tirer de son propre fond toutes les beautez necessaires pour soutenir une grande fiction, trouveroit mieux son compte à traiter un pareil sujet dans lequel il n’auroit point à éviter de se rencontrer avec personne, qu’il ne pourroit le trouver en maniant des sujets de la fable ou de l’histoire grecque et romaine. […] Virgile et Lucain ont pris leurs sujets dans l’histoire romaine.

773. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

La chanson, ce chant de l’alouette des Francs, c’est le génie même de la France, et un jour j’en écrirai l’histoire. […] » Ainsi, on effleure de l’œil qui veut rire le Journal d’un homme qui est timbré chansonnier, et qui ne peut être qu’un chansonnier alors même qu’il écrit l’histoire de son temps avec une gravité mordante et une élévation singulière. […] Ce n’est, il est vrai, qu’un fragment bien court de l’Histoire du xviiie  siècle, mais ce fragment est supérieur à sa manière aux diverses histoires écrites par les contemporains, et par l’excellente raison que Collé est aussi peu un contemporain que possible. […] Tantôt (à la page 149 du volume) Collé est un folâtre, le folâtre Collé, qui continue ses petites farces, et cela à propos de l’opinion la plus fondée touchant l’Essai sur l’histoire universelle !

774. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro a certainement le sentiment des monstrueux sophismes et des monstrueux ridicules dont il s’est avisé de nous tracer l’histoire, mais il l’a dans la proportion de son âme et avec le caractère de son esprit. […] Caro appelle : « Le Pessimisme au xixe  siècle », il commence par en faire l’histoire sentimentale avant d’arriver à la théorie scientifique de ces deux Enragés du néant qu’il nous serait impossible d’admettre deux minutes, eux et leurs idées, s’ils étaient seuls, si nous n’étions pas préparés, par cette précaution d’une histoire, à une théorie de métaphysique qui n’en reste pas moins, malgré cette histoire préliminaire, de la plus incompréhensible absurdité ! Cette histoire cependant du Pessimisme au xixe  siècle n’est pas très complète.

775. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Ce n’est pas non plus une question pour une nation historique qui sait, comme la nôtre, par son histoire, que le mariage indissoluble est une affaire de race, de tempérament, de mœurs et de siècles. […] En termes absolus, ce n’est d’aucune manière une question que la question du divorce, et qui la pose n’est plus qu’un outlaw du catholicisme, de l’histoire et de la politique, et discuter avec les outlaws, c’est se mettre hors de la loi comme eux. […] Seulement, pour nous qui ne voulons pas la discuter et qui savons l’histoire ; pour nous qui avons appris, en la lisant, où se trouve la politique pour les peuples, demandons-nous si la France, à cette heure, était assez chrétienne, assez historique, assez politique pour repousser cette question du divorce, qui, de ce qu’elle est posée comme elle l’est, devait incontestablement triompher ! […] Et puisque c’est ce principe de la Révolution, — le principe du nombre, — le principe de la démocratie, — la même chose sous trois noms différents, — qui sont la trinité du vrai pour le monde moderne, — ces principes, qui ont retourné l’histoire bout pour bout et jeté toutes les traditions par les fenêtres, se devaient à eux-mêmes de supprimer le mariage indissoluble d’une législation où il traînait comme la queue d’un temps disparu. […] … Seulement, pris pour vrais, à cet instant du monde moderne qui pourrait bien être le monde mourant, ils sont les vainqueurs et les partisans de l’indissolubilité, qui veulent la défendre contre eux détachée du fond d’histoire sur lequel elle était puissante, n’ont rien à dire contre l’irréprochable et l’implacable logique révolutionnaire.

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