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807. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Alcibiade songeait fort peu, je crois, à imiter qui que ce fût au monde ; il s’estimait heureux quand il riait, et non pas quand il avait la jouissance d’orgueil de se sentir bien semblable à Lauzun, à d’Antin, à Villeroy, ou à tel autre courtisan célèbre de Louis XIV. […] Quant à Molière et à ses pièces, que me fait à moi l’imitation plus ou moins heureuse du bon ton de la cour et de l’impertinence des marquis ?

808. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

D’autre part, ce livre lugubre ne nous raconte que des événements heureux, et c’est par là qu’il est rare et original. […] C’est qu’il est trop vrai, ce livre d’un heureux qui ne peut pas se consoler.

809. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

. — Louÿs L’heureux auteur d’Aphrodite est mieux qu’un aimable conteur. […] Telles quelles, dans leur hâte assez distinguée, ces chroniques se laissaient parcourir, au chocolat, et parfois, une fois par colonne, un trait d’observation piquante — c’est-à-dire une invention heureuse, car observe-t-on ? 

810. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Le lien de l’idée est le seul que ces sortes de natures reconnaissent : « Voilà ma mère et mes frères, disait-il en étendant la main vers ses disciples ; celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère et ma sœur. » Les simples gens ne l’entendaient pas ainsi, et un jour une femme, passant près de lui, s’écria, dit-on : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés ! » — « Heureux plutôt, répondit-il 145, celui qui écoute la parole de Dieu et qui la met en pratique ! 

811. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

N’est-ce pas une chose bien plus noble que l’indigne prospérité des heureux ?  […] Mais ils trouvèrent un fonds si heureux, que d’abord le bon esprit fut chez eux une chose populaire.

812. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Tout le morceau de la fin, depuis amans, heureux amans, est, s’il est possible, d’une perfection plus grande. […] Je ne sais comment La Fontaine a pu faire une aussi mauvaise petite pièce sur un sujet de morale si heureux : tout y porte à faux.

813. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

nous sommes heureux de la retrouver dans le livre d’Albert Blanc, qui l’avait mutilée, tronçonnée, et, pis que cela, déshonorée en un précédent travail. […] Le sentiment paternel a cela de divin, il est vrai, qu’il se paye comme Dieu avec lui-même et qu’il est heureux uniquement de ce qu’il existe.

814. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Janin avait eu l’heureuse idée d’une édition des Œuvres de Fréron, mais cela parut bientôt trop lourd à ses mains potelées. […] C’était une espèce de Boileau en prose, élargi et vaste, avec plus de chaleur au cœur que Boileau et plus heureux, car les dindons auxquels il eut affaire toute sa vie ne purent jamais l’émasculer… Il a même jugé Boileau, qu’il respectait, de manière à faire croire qu’il le dominait par le sens critique.

815. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Mais, tel que le voilà et que la réalité consciencieusement étudiée le montre, il l’emporte pourtant en moralité sur tous les heureux et les célèbres de son époque, et justement parce qu’il eut le hasard d’être pauvre, et l’honneur d’être un officier ! […] Chateaubriand avait tout, lui, pour être heureux.

816. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

D’autres que moi, plus heureux, le connaissaient peut-être, mais moi, non ! […] L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution, quel titre plus heureux !

817. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

II Jamais chute plus profonde après une montée plus rapide… Une autre coquine de ces temps de coquines heureuses qui ont cependant fini par tomber, la Dubarry, eut l’honneur d’être guillotinée avec le même couperet que Marie Antoinette, mais la fin, dans la destinée de Sophie Arnould, rien n’en a diminué ou n’en a relevé la bassesse. […] J’ai admiré, au commencement de ce chapitre, qu’il ait conservé son bel éclat de vie et de jeunesse, — car les livres sont parfois plus heureux que les hommes, — mais si, à cet éclat de jeunesse et de vie qui n’a point pâli, M. 

818. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Il est malheureux, impatienté, piétinant sous son harnais de guerre qui l’écrase, et s’il n’a pas assez d’ardeur pour couvrir d’écume le mors qu’il ronge, il y laisse de son sang ; mais tel que le voilà et que la réalité consciencieusement étudiée le montre, il l’emporte pourtant en moraine sur tous les heureux et les célèbres de son époque, et justement parce qu’il eut le hasard d’être pauvre et l’honneur d’être un officier ! […] Chateaubriand avait tout, lui, pour être heureux, Il eut la naissance, la beauté, la santé, le succès, la gloire de bonne heure, une femme qui l’aimait et qu’il n’aimait pas (deux profits ; il était adoré et il était tranquille), toutes les bonnes fortunes et la grande, la fortune de l’ambition, des millions, des décorations, une vieillesse illustre, la chapelle ardente de Mme Récamier, et enfin un tombeau préparé à l’avance comme un arc de triomphe, en face de cette mer qu’il avait tant aimée, si jamais il aima quelque chose !

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