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554. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Hugo était alors dans toute sa gloire et son triomphe. […] » pour propager sa gloire et ennuyer les philistins. […] Elle mettait une abnégation toute maternelle à s’éclipser dans les rayons de cette chère gloire. […] Quels merveilleux feuilletons il semait insouciamment sur les trottoirs, dont il eût pu tirer gloire et profil ! […] Une des gloires de Marilhat fut de conserver son originalité en présence de Decamps.

555. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

C’est la gloire de l’art d’être, pour ainsi dire, le maître de ses propres règles. […] Elle recueillera moins de gloire, soit ! […] Bien peu importent à sa gloire les oscillations de la critique, qui l’outragea vivant pour l’exalter après sa mort. […] La France, infidèle à ses gloires, se livrait sans réserve aux dieux étrangers. […] En définitive, la tradition française était ou semblait rompue, et cette tradition remontait à nos plus pures gloires.

556. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Fouquet eut la gloire de rendre Corneille au théâtre. […] Il avait plus de cinquante ans quand mademoiselle Clairon et Le Kain parurent, et ces deux acteurs peuvent être regardés comme les principaux artisans de sa gloire. […] Je ne prends point, quoi qu’on en puisse croire, La vanité pour l’honneur et la gloire. […] La liante opinion qu’on se formait de l’original pouvait nuire à la gloire de la copie. […] Virgile ne sait s’il faut attribuer ce sacrifice à l’amour de la patrie ou à l’amour de la gloire.

557. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il opte pour la gloire, au mépris de la mort : et dès-là toutes ses actions, toutes ses démarches sont autant de preuves de son courage. […] Il est toujours vrai qu’il affronte à tout moment l’arrêt du destin, et qu’il se dévoue généreusement pour la gloire. […] Il s’y agit du salut et de la gloire de deux grands peuples. […] Ainsi, j’ai changé sans scrupule toutes ces circonstances, pour rétablir la gloire des deux héros de l’iliade. […] En un mot, on m’opposera de bonnes ou de mauvaises raisons : je ferai gloire de me rendre aux bonnes, et le public fera justice des mauvaises.

558. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Aussi les philosophes ne pardonnèrent à l’auteur ni sa vertu, ni son éloquence, ni sa gloire. […] Peu de temps après, la classe de morale fut supprimée, et l’Institut put aspirer à la gloire de redevenir le premier corps littéraire de l’Europe. […] Les projets de plaisirs, de repos, de délices, d’abondance, de gloire, ne sont point faits pour l’homme, faible, voyageur et passager. […] « Mon fils, Dieu donne à la vertu tous les événements de la vie à supporter, pour faire voir qu’elle seule peut en faire usage, et y trouver du bonheur et de la gloire. […] La voix du peuple, qui se tait sur les monuments élevés à la gloire des rois, a donné à quelques parties de cette île des noms qui éterniseront la perte de Virginie.

559. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Où réside donc le secret de cette gloire populaire incontestable et incontestée ? […] M. de Lamartine est arrivé à la gloire sans lutte, sans fatigue, par des voies largement ouvertes. […] Victor Hugo a conquis la gloire qui s’est offerte à l’auteur des Méditations. […] Me voici débarrassé, non sans peine, des renommées populaires et des gloires admises dans les institutions de petites filles. […] La gloire d’Alfred de Vigny est communément attachée au poème d’Éloa.

560. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ils ne manquaient pourtant ni d’esprit ni de goût, et leur admiration de disciples tendres et fidèles donne à leurs pièces le caractère de pieux hommages à la gloire du maître. […] Il n’en faudrait même pas parler si, dans cet art si difficile de la tragédie, il n’y avait quelque gloire, non seulement à écrire une belle scène, mais à relever par de beaux vers une scène médiocre. […] La pente était rapide, et Voltaire y était emporté par sa gloire. […] Quand Fréron le harcelait de la gloire de Corneille et de Racine, je comprends que par dépit il fût tenté de diminuer leur part pour grossir la sienne. […] César avait assez d’esprit pour les enfler, s’il eût voulu, par le discours ; mais il avait une idée trop exquise de la gloire pour être tenté de se vanter, et il a raconté simplement des choses prodigieuses, sachant bien qu’il donnerait à l’homme de guerre tout ce qu’il ôterait à l’écrivain.

561. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Jeune, il a pourtant une autre religion encore que celle de plaire, et qui le domine avant tout, celle de la gloire et de l’honneur militaire. […] Il a des apostrophes « Aux commençants », qui respirent le feu sacré : Fussiez-vous du sang des héros, fussiez-vous du sang des dieux s’il y en avait ; si la gloire ne vous délire pas continuellement, ne vous rangez pas sous ses étendards. […] On a vu dans Vauvenargues un militaire distingué et philosophe, sentant la gloire des armes et forcé à regret d’y renoncer. […] Il a écrit quelque part : « J’aime mieux une chanson d’Anacréon que l’Iliade, et le chevalier de Boufflers que le Dictionnaire encyclopédique. » J’ai noté (car j’aime jusque dans les gens aimables à saisir les côtés élevés ou sérieux) ce culte de religion militaire, qui transportait tout enfant le prince pour la gloire des Eugène et des Maurice de Saxe.

562. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

La nouveauté de cette correspondance est la duchesse de Choiseul, que l’on connaissait déjà pour son mélange de grâce et de raison d’après les témoignages unanimes des contemporains, mais pas à ce degré où la montrent au naturel cette suite de lettres vives, spirituelles, sensées, sérieuses, raisonneuses même, passionnées dès qu’il s’agit de la gloire et des intérêts de son époux. […] Il assure la gloire de mon mari ; il le récompense de douze ans de travaux et d’ennuis ; il le paye de tous ses services ; nous pouvions l’acheter encore à plus haut prix, et nous ne l’aurions pas cru trop payer par le bonheur immense, et d’un genre nouveau, dont il fait jouir. M. de Choiseul le sent bien, et pour moi, il faut vous l’avouer, j’en ai la tête tournée… Ainsi la voyons-nous s’exalter héroïquement pour son seigneur et maître ; tous ses intérêts sont les siens ; elle les embrasse sans calcul, sans réserve ; elle s’exagère sa gloire ; elle la voit pure et sans tache : si on hésite, si on n’accorde pas tout, si on a l’air de transiger avec les puissances ennemies, elle se courrouce dans son âme généreuse, elle est comme un lion. — Elle est femme surtout et avant tout, redevenue honnêtement coquette, tendre, empressée, se montrant éprise, comme au premier jour, de l’homme qui jusque-là ne l’avait pas gâtée, et à qui plus que jamais elle se consacre : (Chanteloup, janvier 1771. […] Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !

563. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

C’est la première attaque qui vienne depuis longtemps s’essayer contre cette pure et charmante gloire. […] Cette orthodoxie, il est vrai, pouvait bien sembler un peu étroite et se ressentir de ces excès de rigueur qui sont ordinaires aux grands convertis ; mais il y avait lieu aussi de penser qu’une fois hors du cercle des thèses universitaires et en possession des gloires du doctorat, rentré dès lors dans le champ libre de la littérature, l’auteur trouverait un juste tempérament, et que l’ami, et un peu le disciple de Stendhal, saurait échapper aux formules du dogme. […] remy proteste qu’il ne veut en rien rabaisser sa gloire ; il a l’air de vouloir le louer de ses odes, de ses ïambes et de ses élégies, comme si dans toutes ces parties de son œuvre le poëte faisait autre chose qu’appliquer le même procédé en le dégageant de plus en plus. […] Lui, comme tous les chantres de la jeunesse, de la beauté et de l’amour, il forme un vœu plus doux, il rêve une gloire plus charmante, quelque Françoise de Rimini au fond : Ut tuus in scamno jactetur sæpe libellus, Quem legat expectans sola puella virum96.

564. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

et de tous les temps, contracté dans la main puissante d’un homme, et rendant, sous la pression de cette main, son suc, son sens, sa gloire, ses vices, sa honte, ses larmes, son sang, par tous les pores. […] C’est le pain des forts, c’est l’historien des hommes d’État, des philosophes, des sages, des poètes ; il lui faut, comme à Bossuet, un auditoire de rois de l’intelligence : c’est sa gloire. […] Ses vices, qui sont à ses yeux le seul titre de gloire, ont renversé l’empire, même quand il était la créature et l’ami de l’empereur. […] ces Germains, que Vitellius pousse contre Rome, ne l’auront pas osé eux-mêmes ; et vous, enfants privilégiés de l’Italie, vous, jeunesse vraiment romaine, vous demanderiez le sang et le massacre d’un corps dont la splendeur et la gloire font toute notre supériorité sur la bassesse et l’obscurité des Vitelliens.

565. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

L’opposition fait toujours la gloire d’un pays. […] Socrate a fait la gloire d’Athènes, qui n’a pas jugé pouvoir vivre avec lui. […] Jésus a été la gloire du peuple d’Israël, qui l’a crucifié. […] Le principal mobile des martyrs est l’amour pur de la Loi, l’avantage que leur mort procurera au peuple et la gloire qui s’attachera à leur nom.

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