C’est la première fois, je pense, que des écrivains semblent ignorer le sens traditionnel des mots et, dans leurs combinaisons, le génie même de la langue française et composent des grimoires parfaitement inintelligibles, je ne dis pas à la foule, mais aux lettrés les plus perspicaces.
On eût dit, en feuilletant cette prose, qu’il vous partait des étincelles sous les doigts… Et néanmoins, je ne sais comment, dans ses plus vives audaces, Daudet savait se garder, soit du « précieux », soit du charabia impressionniste ; il conservait un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue.
La littérature était pour moi chose si secondaire, au milieu de l’enquête ardente qui m’absorbait, que j’y fis d’abord peu d’attention, je sentis cependant un génie nouveau, fort différent de celui de notre xviie siècle.
Aimé Martin a exagéré et faussé les couleurs : « Dès le premier jour, s’écrie le biographe, M. de Saint-Pierre éprouva le double ascendant de son génie et de sa beauté ; elle devint aussitôt l’unique pensée de sa vie… » et autres phrases de roman.
C’est ce qui arrive aux hommes d’État et, plus généralement, aux hommes de génie.
Quoique souffrant à cette époque, j’acceptai la tâche ; je fis de mon mieux en comparant le développement de notre science en France et à l’étranger, et j’arrivai à cette conclusion, que la physiologie française était mal pourvue, mais non pas insuffisante ; c’est qu’en effet les moyens de travail seuls lui manquaient, le génie physiologique ne lui avait jamais fait défaut. — Une conclusion de même nature pouvait, du reste, se généraliser pour la plupart des sciences physiques et naturelles, et les nombreux et excellents rapports publiés par mes collègues avaient mis cette situation en pleine évidence2. […] L’avancement de toutes les sciences se fait par deux voies distinctes : d’abord par l’impulsion des découvertes et des idées nouvelles ; en second lieu, par la puissance des moyens de travail et de développement scientifiques, en un mot, par la culture qui fait produire aux germes créés par le génie inventif les fruits qu’ils contiennent cachés. […] Dire que la physiologie est la physique des animaux, c’est en donner une idée extrêmement inexacte : j’aimerais autant dire que l’astronomie est la physiologie des astres. » Nous pourrions multiplier les preuves de l’indéterminisme ou négation scientifique à laquelle, malgré son génie, Bichat s’est trouvé conduit par les doctrines vitalistes qui régnaient à son époque et dont il n’a pu se dégager ; mais le temps a déjà commencé à séparer l’erreur de la vérité, et, comme les hommes ne sont grands que par les services rendus, Bichat n’en vivra pas moins dans la postérité par les vérités qu’il a introduites dans les sciences de la vie. […] Lavoisier, qui avait, par une intuition de génie, créé son système en comparant les phénomènes respiratoires avec les oxydations des métaux, avait dû penser qu’il en était ainsi. […] Et, chose remarquable qui montre bien l’influence des précurseurs dans le développement des génies même les plus originaux, c’est par une critique de la classification des membranes de Pinel, que Bichat inaugura ses travaux d’anatomie générale.
Sur ces entrefaites, un peintre de génie, Francis Airoles, tombe tout à coup on ne sait d’où, pour devenir en quelques jours l’amant de Juliette. […] On ne croyait plus « aux courtisanes conseillant les diplomates, aux riches mariages obtenus par des intrigues, au génie des galériens, aux docilités du hasard sous la main des forts ». […] Elle-même, l’auteur de Lélia, avec cette infinie souplesse de talent qui n’est pas la moindre part de son génie, se préparait à changer de manière. […] vous dressez un vocabulaire, et on est hors du vrai si on n’élague pas des langues tout ce que le génie et la passion des races humaines y ont apporté de nuances fortes et brillantes ? […] Kean, ou Désordre et Génie, comme ce titre, comme ce sous-titre datent !
2° En fait, l’image idéale est toujours ou le résultat d’une longue recherche ou la rencontre heureuse d’une imagination bien douée ; les grands artistes sont des hommes exceptionnels, ou par la patience de la réflexion ou par la promptitude du génie. […] Abel-Rémusal sur… le génie de la langue chinoise, par M.
Le livre de Mme Guizot restera après l’Émile, marquant en cette voie le progrès de la raison saine, modérée et rectifiée de nos temps, sur le génie hasardeux, comme en politique la Démocratie de M. de Tocqueville est un progrès sur le Contrat social.
La Grâce a rétabli ce que le monde ne lui pouvoit rendre. » Autant, dans la Fronde, on voit Mme de Longueville supérieure, comme esprit, à Mme de Montbazon par exemple, ou à Mlle de Chevreuse (ce qui est trop peu dire), ou même à Mademoiselle, autant elle reste inférieure à son amie la princesse Palatine, véritable génie, ferme, ayant le secret de tous les partis, et les dominant, les conseillant avec loyauté et sang-froid ; non pas l’aventurière, elle, mais l’homme d’État de la Fronde. « Je ne crois pas que la reine Elisabeth ait eu plus de capacité pour conduire un État, » dit Retz.
qu’il vienne, qu’il s’élève de quelque part ce libre esprit et peintre à la fois, ce génie dramatique incisif, amer et éloquent !
Au milieu d’eux le secrétaire d’ambassade de Naples, Galiani, un joli nain de génie, sorte de « Platon ou de Machiavel avec la verve et les gestes d’arlequin », inépuisable en contes, admirable bouffon, parfait sceptique, « ne croyant à rien, en rien, sur rien497 », pas même à la philosophie nouvelle, défie les athées du salon, rabat leurs dithyrambes par des calembours, et, sa perruque à la main, les deux jambes croisées sur le fauteuil où il perche, leur prouve par un apologue comique qu’ils « raisonnent ou résonnent, sinon comme des cruches, du moins comme des cloches », en tout cas presque aussi mal que des théologiens. « C’était, dit un assistant, la plus piquante chose du monde ; cela valait le meilleur des spectacles et le meilleur des amusements. » Le moyen, pour des nobles qui passent leur vie à causer, de ne pas rechercher des gens qui causent si bien !