Malgré ses contresens, ses archaïsmes et sa forme biblique, cette traduction nous semble excellente, parce que c’est la première qui donne la sensation de la vie descriptive, qui est le fond du génie homérique. […] Rien n’est plus éloigné du génie d’Homère.
Quant à savoir si cet écrivain ou ces écrivains acquerront jamais la haute aptitude exigée pour résumer une société morte, après l’avoir ressuscitée dans un volume de trois cents pages, c’est là une question qu’il est inutile de poser, car, pour cela, il faut du génie. […] C’est là une idée de comédie, — une idée de Molière écrivant contre la province son Monsieur de Pourceaugnac, — mais c’est une idée fausse, comme presque toutes les idées de Molière, un de ces grands esprits trop souvent faux, malgré la réalité et la sincérité de son génie.
Pour qu’on revienne avec goût à ce genre de littérature, qui vieillit comme la politique elle-même, c’est-à-dire plus vite que les autres choses humaines, il ne faut rien moins que du génie. […] Ils n’auront pas à le ramasser… Nous lui devrons, pour dédommagement des malheurs et des hontes dont il n’a pas su nous préserver, sinon de nous faire rentrer, par le clair spectacle de son impuissance, dans notre tradition historique, — car l’Histoire a de ces interruptions qui, comme les arcades rompues du Colysée, doivent rester béantes pour l’éternité, — au moins de nous replacer dans notre tempérament, dans notre vérité de peuple sentant et pensant… Le gouvernement du bavardage éternel, du sophisme, de la subtilité, de la chicane, de l’intrigaillerie de couloir, nous aura réappris le gouvernement de l’action, rapide et droite, qui fut notre génie !
Taine, dans sa notice, a traduit des morceaux de Carlyle d’une grande beauté et d’une grande bizarrerie, et comme il a le génie de la traduction en toutes choses, il n’a pas traduit que la lettre de certains passages, il a traduit, pour ainsi parler, l’homme tout entier dans l’originalité de son esprit et des opérations de son esprit. […] « Il y a peut-être moins de génie — dit-il — dans Macaulay que dans Carlyle, mais quand on s’est nourri pendant quelque temps de ce style exagéré et démoniaque, de cette philosophie extraordinaire et maladive, de cette histoire grimaçante et prophétique, de cette politique sinistre et forcenée, on revient volontiers à l’éloquence continue, à la raison vigoureuse, aux prévisions modérées, aux théories prouvées du généreux et solide esprit que l’Europe vient de perdre, qui honorait l’Angleterre et que personne ne remplacera. » Certes, je n’accepte nullement, pour mon compte, ce jugement sur Macaulay, qui tient probablement à une idée préconçue que M.
Seulement, tout métaphysicien qu’il puisse être, l’auteur des Études de médecine générale est encore plus traditionaliste que philosophe, et il laisse à sa vraie place la métaphysique dans la hiérarchie de nos facultés et de nos connaissances, en homme qui sait que, sans l’histoire, les plus grands génies philosophiques n’auraient jamais eu sur les premiers principes que quelques sublimes soupçons… M. le docteur Tessier, qui croit à la science médicale, qui la défend contre les invasions sans cesse croissantes de la physique, de la chimie et d’une physiologie usurpatrice, donne pour chevet à ses idées le récit Moïsiaque, dont tout doit partir pour tout expliquer, et l’enseignement théologique et dogmatique de l’Église. […] Il ganta sa main et masqua son visage, et l’on vit jusqu’à ce lion de Broussais dont Pariset disait : Quærens quem devoret , devenu tout à coup d’une prudence antipathique à son génie, mettre une sourdine à sa voix rugissante et inventer, pour mieux cacher le secret de la comédie, ce mot d’ontologie qui signifiait toutes les chimères et toutes les sottises de la religion, de la métaphysique et de la spiritualité !
pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ? […] Seulement, si on avait de l’âme et du génie, on pourrait la pressentir et en deviner quelque chose.
Je ne crois pas que l’homme de ces effroyables pages eût, s’il eût vécu, fait, je ne dis pas mieux, mais plus fort que cela… Créateur, s’il l’avait été, ses créations n’auraient jamais eu l’énergie du cri que pousse en lui la simple créature… Il fallait, dans une âme assoiffée de vivre comme il n’en exista peut-être jamais, la fureur et l’horreur de la mort pour exaspérer l’expression, telle qu’elle est ici, jusqu’au génie. L’homme, en ce malheureux Georges Caumont, si démoralisé par la mort, ne va pas, lui, jusqu’au génie, dans ses facultés : mais son cri monte jusque-là, — ce cri dans lequel il semble jeter ses entrailles, — ce cri qui dure deux cent quarante-six pages, toujours du même perçant, du même infatigablement suraigu !
Autran est-il vraiment le poète, doué du génie des sujets auxquels il a si noblement dévoué sa pensée ? […] Autran n’est pas un gamin de génie, lui ; c’est un homme, je ne dis pas d’inspiration, mais de volonté grave et élevée, et c’est bien cela !
Il l’est comme les hommes qui ont dans l’opinion position de génie, peuvent être les pères intellectuels de ceux qui viennent après eux et qui les admirent. […] Amarillys, Henri Cardoz, Sébastien de Villaudric, sont des monstres de dévouement incroyables, inexplicables, inexpliqués, comme le clown Aladin en est un de bassesse, de convoitise et de cruauté, comme mademoiselle Arabelle de Villaudric en est un autre de débauche hystérique, en attendant qu’elle en devienne un de génie et de pureté sublime, sortant tout à coup de cette vulve de louve dans les bois, et sans qu’aucun Dieu ne s’en mêle ; car Dieu ne se mêle de rien dans le livre de M.
Et quel motif d’inspiration un musicien de génie ne trouverait-il pas dans la scène que je vais noter, où deux thèmes de guerre civile s’enlacent et s’élèvent étroitement réconciliés au-dessus d’un pauvre cercueil. […] Saint-Saëns, quel départ pour votre génie !
Il couchoit tantôt à la belle étoile, tantôt dans les chaises à porteur qui sont au coin des rues ; genre de vie nullement propre à favoriser les dons du génie.
Son Essai sur le Beau est connu chez toutes les nations ; aussi peut-on le regarder comme une de ces Productions originales, qui ne sauroient être que le fruit du génie.