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3281. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Venu dans une forte époque, mais pleine de conflit et de confusion, il nous offre, à travers quelques défauts de forme et de goût, l’exemple de l’un des plus excellents, des plus solides et des plus ingénieux entre les esprits modérés.

3282. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Un jour, piqué par une mouche, il se rappela tout à coup un enfant que jadis, étant lui-même fort jeune, il avait vu couché sur son lit de mort.

3283. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Hugo fait un cours d’hydrothérapie, il nous entretient de l’ablution qu’il prend chaque matin : ablution qu’il a enrichie de quelques carafes d’eau glacée, qu’il se verse lentement sur la nuque, dans le cours de la journée, — vantant fort ce réconfort pour les travaux de l’intelligence et autres.

3284. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Vendredi 27 août Aujourd’hui, au milieu d’une forte migraine, La Faustin a fait tout à coup irruption dans ma cervelle, avec accompagnement de fièvre littéraire.

3285. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

On étonnerait fort Solon, fils d’Exécestidas, Zenon le Stoïcien, Antipater, Eudoxe, Lysis de Tarente, Cébès, Ménédème, Platon, Épicure, Aristote et Epiménide, si l’on disait à Solon que Ce n’est pas la lune qui règle l’année ; à Zenon, qu’il n’est point prouvé que l’âme soit divisée en huit parties ; à Antipater, que le ciel n’est point formé de cinq cercles ; à Eudoxe, qu’il n’est pas certain qu’entre les Égyptiens embaumant les morts, les Romains les brûlant et les Pæoniens les jetant dans les étangs, ce soient les Pæoniens qui aient raison ; à Lysis de Tarente, qu’il n’est pas exact que la vue soit une vapeur chaude ; à Cébès, qu’il est faux que le principe des éléments soit le triangle oblong et le triangle isocèle ; à Ménédème, qu’il n’est point vrai que, pour connaître les mauvaises intentions secrètes des hommes, il suffise d’avoir sur la tête un chapeau arcadien portant les douze signes du zodiaque ; à Platon, que l’eau de mer ne guérit pas toutes les maladies ; à Épicure, que la matière est divisible à l’infini ; à Aristote, que le cinquième élément n’a pas de mouvement orbiculaire, par la raison qu’il n’y a pas de cinquième élément ; à Epiménide, qu’on ne détruit pas infailliblement la peste en laissant des brebis noires et blanches aller à l’aventure, et en sacrifiant aux dieux inconnus cachés dans les endroits où elles s’arrêtent.

3286. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

À plus forte raison en est-il ainsi des valeurs esthétiques qui sont lettre morte pour le plus grand nombre.

3287. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Ces exorcistes sont doués d’un pouvoir plus ou moins fort C’est sous la dictée de l’un d’eux qui se targue d’une puissance supérieure à celle de ses confrères, que j’ai transcrit le conte intitulé L’ensorcelée de Thiévaly.

3288. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

nous penchons fort à le croire.

3289. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

En d’autres termes, c’est un homme chez qui l’idée froide et abstraite du plus grand bien est plus forte que les autres idées et que les sensations elles-mêmes.

3290. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

C’est de La Mort du loup : Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ; c’est de La Maison du berger : J’aime la majesté des souffrances humaines ; c’est de La Bouteille à la mer : Le vrai Dieu, le Dieu fort est le Dieu des idées ; que se sont comme envolés tous les vers de lui qui chantent dans nos mémoires. […] Jeanne la Rousse] dans l’expression des sentiments forts ; — et surtout d’élévation. — Il a aussi manqué de générosité ; — et bien loin qu’il ait élevé la Chanson jusqu’à la hauteur de l’Ode ; — c’est au contraire le triomphe de l’Ode ; — et généralement du lyrisme romantique ; — qui nous a ouvert les yeux sur le « prosaïsme » des Chansons de Béranger. […] Daubrée et Cailleux ; — et l’autre en dix volumes, Paris, 1844, Pagnerre ; — toutes les deux fort incomplètes, mais surtout la première, en raison même de sa date ; et puis parce que Lamennais lui-même semble s’en être désintéressé. […] De l’influence de Michelet ; — et qu’elle a été considérable ; — si, tout en favorisant le naturalisme, — elle a cependant maintenu contre lui une tradition d’idéalisme. — Personne en effet n’a cru plus que lui au progrès ; — mais surtout au progrès moral ; — sur les conditions duquel il a pu d’ailleurs se tromper ; — mais auquel enfin il a travaillé de toute son âme ; — et qu’il a surtout cru trop facile à réaliser ; — mais dont il n’a jamais admis que l’écrivain se désintéressât. — C’est aussi lui qui plus que personne a travaillé à fonder a la religion de la Révolution » ; — et, quoi qu’on en puisse dire, il y a réussi. — Enfin, avec tous ses défauts, — qui sont peut-être inséparables de ses qualités, — son Histoire de France est la seule que nous ayons ; — parce que, seul de tous les historiens qui ont tenté l’entreprise, — il a eu l’imagination assez forte, pour « personnaliser » la patrie ; — et ainsi donner à son histoire quelque chose de ce vivant intérêt qui est celui de la biographie. — Toutes les autres ne sont que des compilations. […] Poirier, Le Mariage d’Olympe, Un beau mariage, Maître Guérin, Les Fourchambault]. — On ne voit pas non plus qu’il ait soupçonné l’existence des grandes questions ; — et la pensée fait défaut dans son œuvre. — Elle n’en demeure pas moins celle d’un fort honnête homme ; — qui a bien aimé son métier d’auteur dramatique ; — dont les ambitions littéraires n’ont pas dépassé la capacité ; — et qu’on ne saurait enfin mieux caractériser qu’en le comparant, — pour ses défauts comme pour ses qualités, — à l’auteur de Turcaret et de Gil Blas.

3291. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Écoutez pourtant chez Baudelaire la douleur s’adoucir, bien exceptionnellement, il est vrai, et voyez comment la pensée aussi forte, mais plus lointaine que chez Vigny, s’enveloppe aussi de plus d’art : à ce point qu’il est impossible de dire autrement que-par les longues et les brèves, comme une mélopée, ces vers de Baudelaire : Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon cœur, cœur autrefois flétri, À la très belle, à la très bonne, à la très chère Dont le regard divin t’a soudain refleuri ? […] De ces retours on pourrait, je crois, voir un éclatant exemple dans l’instant où nous sommes, dans l’actuelle et très forte régression de nombreux poètes vers le mysticisme, en plein triomphe pratique des croyances matérialistes ou positivistes.

3292. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Se rappeler un mouvement fait avec le bras, c’est sentir, à un faible degré, la répétition de ces états internes qui accompagnent le mouvement ; c’est un commencement d’excitation de tous ces nerfs dont une excitation plus forte a été éprouvée durant le mouvement. » Le souvenir est donc un commencement d’excitation nerveuse. […] C’est de ces émotions, les unes actuelles, la plupart naissantes, que résulte l’émotion qu’un beau paysage produit en nous. » De là, il faut conclure que les émotions seront d’autant plus fortes qu’elles renfermeront un plus grand nombre de sensations actuelles ou naissantes.

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