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267. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

J’ai mis dans mon livre ma foi en la vie. […] Car toutes les phrases que j’ai citées, ne supposent-elles pas une grande foi chez leurs auteurs ? […] Est-il possible de dire vraiment que les panégyriques d’Orphée, les stances dialogiques de Virgile, les sonores sonnets de Pétrarque, les drames éloquents de Shakespeare, les lyriques discours de Hugo, ou les élégies séraphiques de Lamartine ne révèlent pas les mêmes vertus, la même vie secrète et sacrée, la même mélancolie intime, la même foi profonde et sévère que les cris de l’âcre Ézéchiel ou que la soumission de Job, que les contes du bon Saint Mathieu ou que les sentences de David, que toutes les pages des Évangiles ou de la Bible ?

268. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

La Foi nouvelle du Poète et sa doctrine. […] Et l’exemple prévaut, et l’exemple fait foi. […] Mais voici bien le grand argument des apôtres incorruptibles de la foi du charbonnier.

269. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Ils auraient pourtant l’un et l’autre mis au jeu autant de génie, autant de sang-froid, autant d’audace, autant de foi en eux qu’ils en mirent ; mais ils auraient perdu ! […] Mais c’est un chrétien et non pas un giaour, un chrétien profond, resté tel dans les abîmes de son être, — dans le cours de son sang, — par-delà et par-dessous tous les doutes, toutes les mauvaises pensées, toutes les tentations du xixe  siècle ; c’est un chrétien naïf de foi, qui écrit à son frère, avant de mourir comme il convient, disait-il, à un gentilhomme ; « Le curé de Guaymas sort d’ici : c’est un homme intelligent et doux, un homme comme il en faut pour adoucir ce qu’il y a de trop léonin et d’indompté en moi. […] Des jours que tu rêvais, Des soleils appelés par ton âme ravie, Peut-être les rayons luiront-ils sur ta vie ; Peut-être vers le soir, lorsque la trahison, La faim, la soif, le feu, le fer et le poison Se seront émoussés sur ton corps et ton âme, Alors si ton grand cœur n’a pas perdu sa flamme, Si, mille fois trompé, tu conserves ta foi, Si tu luttes encore… enfant, tu seras roi !

270. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Le comte de Gasparin était, malheureusement, protestant, — mais nous arrivons à ce moment épouvantable dans les croyances et dans les mœurs, où ceux qui ont gardé, à travers toutes les méconnaissances, toutes les erreurs et toutes les révoltes, un pauvre atome de foi chrétienne dans leur esprit et dans leur cœur, ont, de cela seul, une supériorité relative qui les met bien au-dessus de la tourbe des écrivains de la libre incrédulité. […] C’est la même foi peut-être, mais, on le conçoit, l’accent sorti de l’âme d’une femme qui aimait Jésus-Christ comme nos Saintes, à nous, peuvent l’aimer, ne devait pas se retrouver dans le livre d’un homme, — d’un prédicant, — d’un polémiste, tel qu’a voulu l’être le comte de Gasparin en ses Conférences. […] Je comprends qu’on soit le disciple d’un homme, mais le disciple de plusieurs sociétés n’est pas aussi aisé à admettre, et quand il ajoute, pour être plus clair et pour n’arriver qu’à être plus vague : « de la partie de ce siècle sur laquelle les Apôtres eux-mêmes ont exercé leur direction », je ne comprends plus du tout, ou plutôt je comprends que le protestant Gasparin n’est que le disciple de lui-même, et que sa foi religieuse ne relève que de sa critique, de la partie du siècle dont il se dit le disciple, et de sa propre interprétation… La personnalité protestante du comte de Gasparin est si large, si forte et si absorbante, qu’il n’admet que celle de Dieu vis-à-vis de la sienne.

271. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Circonvenue par des gouvernements lâchement et doctement impies, lesquels n’osaient ni ne voulaient s’opposer à l’impiété audacieuse de leurs peuples, la papauté, en supprimant l’Ordre de Jésus, avait non seulement coupé son bras droit victorieux, mais elle avait par cette mutilation, qui, sans la grande parole du Sauveur, eût été peut-être un suicide, donné courage et foi en eux-mêmes aux ennemis de l’autorité divine, et prêté les deux flancs du monde aux révolutions. […] Nous ne disons point que l’abolition des jésuites créa les causes de la Révolution française, mais nous disons qu’elle les précipita, et qu’elle y ajouta ce que la philosophie triomphant de la foi et de l’enseignement catholique devait nécessairement y mettre. […] Theiner ne saurait guères infirmer l’autorité, n’avait qu’à déplier ces dépêches, fortiter et suaviter, et cette seule réponse de foi aurait mieux valu que les plus spirituelles invectives.

272. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Mais il ose, ma foi ! […] Malheureusement, elle n’en a point, et elle reste, sous des formes légères, mais plates, une petite cuistrerie philosophique appliquée aux choses de la foi, qui, dans le cas présent, peuvent seules expliquer une action sublime. […] — et la voulait sauver : une des obligations les plus sacrées, les plus impérieuses, les plus inévitables de sa foi.

273. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature. […] Un sublime écrivain n’en peut être infesté ; C’est un vice qui suit la médiocrité… Et encore : Que les vers ne soient pas votre éternel emploi, Cultivez vos amis, soyez homme de foi.

274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Il avait, pour y réussir, non seulement les dons mystérieux du poète, mais encore une absolue sincérité, une inflexible douceur, une pitié sans faiblesse, et cette candeur, cette simplicité sur lesquelles son scepticisme philosophique s’élève comme sur deux ailes dans les hautes régions où jadis la foi ravissait les mystiques. […] Cette philosophie amère, faite de science exacte, d’aspirations brisées, de résignation, de foi douloureuse à la vertu du sacrifice, s’est comme transposée dans son imagination de poète.

275. (1927) Approximations. Deuxième série

Il paraît bien établi que si cette foi connut les troubles atmosphériques, — auxquels d’ailleurs les plus grands saints restent soumis, — le noyau n’en fut point entamé. […] Il fut suivi d’un Essai sur la foi gq, qui contient les pages les plus profondes et les plus émouvantes que Rivière ait écrites jusqu’à ce jour. […] Dans mes journaux des années 1911-1914 je retrouve tant d’allusions à Rivière — bien simples, mais pour moi aujourd’hui si émouvantes — où je note la naissance et les progrès de mon affection, et aussi ma foi en son avenir. […] Puis vint De la foi. […] ») Mais cependant comment ne pas constater qu’il est du temps même de la foi la plus « sensible » — du 15 octobre 1914 — ce fragment de carnet si caractéristique, si « ressemblant » : « Étrange sort de l’amour de Dieu en moi !

276. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

L’inspiration la fonde, et la foi la propage ; l’inspiration suscite ses auteurs, et la foi lui attire ses fidèles. […] Tout à l’heure vous égaliez à la foi une faculté que la foi traite de subalterne ; maintenant vous égalez à la raison une faculté que la raison regarde comme pernicieuse. Vous attaquez dans leur essence la foi et la raison, et encore plus la raison que la foi. […] Veut-il s’appuyer sur la tradition et sur la foi ? […] J’ai foi en votre talent ; je veux sauver un grand homme ».

277. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? […] Le poète qui avait concentré dans cette œuvre toute sa foi dans sa religion, tout son zèle pour le roi, tout son génie dramatique et toutes ses splendeurs lyriques, fut accablé par le dédain de la cour, par les moqueries de la critique, par l’indifférence du roi. […] C’est que leurs tragédies ne sont que des œuvres d’art, et que celle de Racine est une inspiration de foi. […] La maternité dans Josabeth, le courage dans Abner, l’héroïsme dans le grand-prêtre, la haine dans Athalie, l’ambition dans Mathan, l’innocence et la foi dans Éliacin, la piété dans les chœurs, Dieu lui-même enfin dans les prophéties ! […] Ainsi Racine, pour qui Athalie fut un acte de foi plus qu’une œuvre d’art, n’est pas seulement arrivé à la beauté, ce ravissement de l’intelligence, mais à la sainteté, ce ravissement de l’âme.

278. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Sur la foi de ces juges éclairés, elle a enfin rendu justice aux œuvres qu’elle avait si follement dédaignées. […] Julie arrive à la foi par la reconnaissance. […] La vue des plaies du Sauveur raffermit sa foi et son courage, quand tout à coup une objection inattendue se dresse devant lui. […] Newton et Laplace ne savaient ce qu’ils disaient ; Copernic est un rêveur dont les affirmations ne méritent aucune foi. […] Comment ajouter foi à la méchanceté des juges, qui rédigent leurs sentences d’après les lois que M. 

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