Tout ce que celle-ci a dans le cœur et veut exhaler, l’autre l’exprime ; mais quand elle n’a plus rien à lui inspirer, quand elle sommeille, l’autre veut exprimer quelque chose encore ; il se propose, il provoque autour de lui des sujets de sentiment, il grossit à son gré ses émotions légères ; c’est un organe à part qui réclame son exercice et sa pâture. […] Comme les amours Psyché expriment une métamorphose de l’âme, les destinées de Peau-d’Ane représentent, selon le poëte, les destinées du siècle, de ce Siècle-Midas, de ce Siècle-Prose, lequel, sous son enveloppe matérielle, cache un germe à demi clos de foi, de poésie et de beauté.
Si vous renoncez à les exprimer, vous ne vous obligez pas à ne point les évoquer dans l’esprit de votre lecteur. Vous pourrez disposer ou rendre vos idées de telle façon que ce que vous dites mène à ce que vous ne dites pas par un insensible engagement, et que l’on soit conduit en vous lisant à découvrir soi-même ce qu’il ne vous était pas nécessaire d’exprimer. […] En principe, il faut se proposer de n’exprimer chaque idée qu’une fois.
Au xvie siècle, Lyon avait de plus des imprimeries florissantes : des souffles y parvenaient qui mettaient bien du temps à atteindre Paris, et la pensée s’y exprimait plus librement, loin des théologiens sorboniques et des inquisiteurs toulousains. […] Ronsard n’a pas vu nettement que les anciens sont les modèles, parce que la nature est fidèlement exprimée en leurs œuvres, et qu’ainsi de s’adresser à eux, ou à la nature, c’est la même chose : que du moins ils nous guident dans le choix des objets et des moyens d’imitation. […] Ce que Villon seul avait fait en deux ou trois endroits, d’exprimer les plus intimes réactions de l’individualité au contact de la vie, de mettre par conséquent une sincérité sérieuse au fond de l’œuvre poétique, Ronsard et son école en firent la loi et comme l’essence de la poésie moderne.
Pour trouver autre chose, pour concevoir avec émotion et avec profondeur et pour exprimer sans banalité une âme chrétienne des premiers temps, l’âme et le génie d’un Tolstoï ne seraient sans doute pas de trop. […] Sous prétexte qu’ils sont lointains, les personnages s’expriment avec une noblesse soutenue. […] » ils sont, si j’ose m’exprimer ainsi, au bout de leur rouleau… Je crois que l’emploi des vers s’imposait ici.
Jaubert, le comte Tolstoï nous dit l’histoire d’un pauvre musicien ivrogne et vagabond qui exprime avec son violon tout ce qu’on peut imaginer du ciel. […] L’intériorité toute allemande qui s’exprime dans la plupart de ses poésies confirme la signification que l’on attribue à l’influence locale sur le développement des artistes. […] Et c’est sa nature double qu’en grand il a exprimée, chantée et immortalisée.
Ses idées maintenant s’expriment avec une netteté parfaite. […] Le titre de « Fils de Dieu », ou simplement de « Fils 704 », devint ainsi pour Jésus un titre analogue à « Fils de l’homme » et, comme celui-ci, synonyme de « Messie », à la seule différence qu’il s’appelait lui-même « Fils de l’homme » et qu’il ne semble pas avoir fait le même usage du mot « Fils de Dieu 705. » Le titre de Fils de l’homme exprimait sa qualité de juge ; celui de Fils de Dieu sa participation aux desseins suprêmes et sa puissance. […] XVII, qui expriment bien un côté de l’état psychologique de Jésus, quoiqu’on ne puisse les envisager comme de vrais documents historiques.
Je n’ai trouvé dans la foule des orateurs que déclamations ; dans la multitude des poètes, que pensées fausses ou communes, exprimées avec effort et avec appareil ; dans la nuée des romans, que fausses peintures du monde et des hommes. […] L’histoire a été mon coup d’essai : j’en ai fait une ou je m’exprimais librement sur des personnes redoutables : car on m’avait assuré que les traits hardis étaient un moyen sûr de plaire. […] Il ne me reste plus qu’à être, pour ainsi dire, spectateur de mon existence sans y prendre part, à voir, si je puis m’exprimer de la sorte, mes tristes jours s’écouler devant moi, comme si c’était les jours d’un autre ; ayant reconnu avec le sage, et malheureusement trop tard ou trop tôt pour moi, que tout est vanité ; les sens usés sans en avoir joui, l’esprit affaibli sans avoir produit rien de bon, et blasé sans avoir rien goûté.
On exprime ainsi simplement qu’on ne la fait pas. […] Répétons-nous bien que nos figures de lumière sont en nombre indéfini et qu’elles n’en font pourtant qu’une seule : leur multiplicité exprime simplement les visions éventuelles qu’en auraient des observateurs par rapport auxquelles elles seraient animées de vitesses différentes, — c’est-à-dire, au fond, les visions qu’en auraient des observateurs en mouvement par rapport à elles ; et toutes ces visions virtuelles se télescopent, pour ainsi dire, dans la vision réelle de la figure primitive AOB. […] En termes familiers elle s’exprimerait ainsi : « Étant donné, au repos, une coïncidence de la figure rigide d’espace avec la figure souple de lumière, étant donné, d’autre part, une dissociation idéale de ces deux figures par l’effet d’un mouvement que la pensée attribue au système, les déformations successives de la figure souple de lumière par les diverses vitesses sont tout ce qui compte : la figure rigide d’espace s’arrangera comme elle le pourra. » Par le fait, nous voyons que, dans le mouvement du système, le zigzag longitudinal de la lumière doit conserver la même longueur que le zigzag transversal, puisque l’égalité de ces deux temps prime tout.
Malheur au dramaturge qui s’exprimerait en lapon devant des spectateurs français ! […] Il exprimait toute entière la vie de la société française, avec sa bonne humeur native, son bon sens, ses vertus et ses vices, ses qualités et ses travers — avec aussi sa foi. […] Cette fois l’homme est seul ; il n’a le droit de s’exprimer devant son ami ou son ennemi que par des mots comptés qui seront chargés de tout dire. […] Par surcroît, ils n’exprimaient aucun sentiment, aucune pensée qui ne fut tout à fait conforme au sens commun. […] Il dépouilla de ses oripeaux le théâtre et, sur un fond de rideaux gris, demanda au jeu de tout dire, de tout exprimer, de tout suggérer.
C’est cette perfection du mal qui a fait pencher parfois de grands esprits vers la croyance au dieu double, vers le redoutable bi-frons des manichéens127. » On voit ici formellement exprimée la tentation manichéenne d’Hugo. […] Au lieu de dire : — Dieu est l’existence, la substance, dont les êtres expriment l’essence et sont les formes, — il dit : — Dieu est l’essence, l’essentiel, le formel, et nous ne pouvons nous attribuer à nous-mêmes que l’existence brute. […] La continuelle présence morale de Dieu à l’âme est exprimée dans les Misérables par une grande image. […] La théorie hindoue de la sanction inhérente aux actions mêmes y est admirablement exprimée, et dans toute sa profondeur. […] La forme même de la strophe exprime les deux choses : quand un premier vers vous a soulevé comme dans un enlèvement aérien, le second, plus court, vous donne le sentiment d’un but touché.
Cacault était persuadé, c’est ainsi qu’il s’exprimait, que si le premier consul entendait par lui-même les motifs du pape, Bonaparte se rendrait nécessairement à leur évidence. […] Me sera-t-il permis de rapporter ici ce que je ne crains pas de voir démentir, car le lieu où je m’exprimai fut public, et plusieurs témoins auriculaires existent encore ? […] J’exprimai ma surprise, et déclarai nettement que je ne pouvais accepter cette rédaction à aucun prix. […] « Je ne puis exprimer l’impression que me firent et cette déclaration, et l’idée de me savoir abandonné seul dans le combat. […] « C’est dans ce même sens à peu près que les cardinaux Litta et della Somaglia s’exprimèrent après moi.
C’est, dans l’appétition ou volonté, subissant l’action du dehors et réagissant en conséquence, que doivent se trouver, selon nous, les dernières raisons de nos croyances et des idées-forces qui les expriment. […] L’être intelligent ne fait que s’exprimer à lui-même, dans le langage de la conscience claire, ce perpétuel essor en avant de la vie, qui se retrouve dans la nature entière. […] Elle exprime le mode d’action et de réaction déterminées qui existe de fait entre les activités ou appétits. […] Le principe d’identité pose la volonté en elle-même, le principe d’intelligibilité exprime le rapport uniforme des volontés entre elles. […] Cette dualité doit s’exprimer dans la conscience centrale par un avant et un après, par un sentiment constant de succession entre l’action et la réaction ; quand nous sentons l’une, nous cherchons l’autre immédiatement.