* * * — Chez les journalistes existent très souvent les plus étranges illusions sur la perspicacité du public à deviner à travers leur prose, le sous-entendu de leurs colères et de leurs éreintements. […] Toute ma valeur, ils n’ont jamais parlé de cela, c’est que je suis un homme pour qui le monde visible existe. […] Cet homme ; au premier abord un peu fermé ou plutôt comme enseveli au fond de lui-même, a un grand charme, et devient avec le temps sympathique au plus haut degré… Aujourd’hui, il nous disait que, lorsqu’il a voulu faire quelque chose de bien, il l’a toujours commencé en vers, parce qu’il existe chez lui une incertitude sur la prose, sur sa complète réussite, tandis qu’un vers, quand il est bon, est une chose frappée comme une médaille ; — mais il ajoutait que les exigences de la vie avaient fait des nouvelles en prose de bien des nouvelles, commencées par lui en vers. […] Ô Providence, si tu existes, tes ironies sont d’un joli calibre… Dire que ça nous est infligé, à nous qui avons fait l’Histoire de la société pendant la Révolution !
Une espèce d’autopsie qui semble aspirer, absorber notre existence, si bien qu’il nous semble ne plus exister de notre vie propre, mais de la vie de l’homme que nous étudions, que nous fouillons, que nous creusons, de l’homme derrière lequel nous emboîtons le pas, entraînés dans le tourbillon de cette activité vagabonde de Juif-Errant d’affaires et d’amour, qui nous fatigue à sa fatigue. […] Car s’il existe vraiment, l’Infini ! […] » * * * — Depuis que la Justice existe, il n’y a eu qu’un procès qui ait été révisé : c’est celui de Jésus-Christ. […] Nous n’existons plus matériellement que par la souffrance.
Ces livres, manqués et médiocres, où le talent n’existe qu’à l’état d’éclair, étaient des tentatives dans des genres différents, et ils n’ont à présent d’autre intérêt que le profond mystère du développement des facultés d’un homme qui a battu opiniâtrement le buisson pour découvrir les sentiers cachés par où l’esprit s’élève, trace plus difficile à indiquer que celle du chamois. […] Quand Audin touchait à la figure principale du xvie siècle, son plan existait déjà dans son esprit. […] Calvin et Luther sont l’antithèse la plus complète qui puisse exister dans le tempérament des hommes. […] Suspendre une excommunication qui ne suffisait plus et qui devait descendre du monde spirituel pour s’incarner dans le châtiment matériel de l’hérésiarque, accessible à ce seul châtiment, n’était pas seulement le mal irréparable d’une perte de temps dans un incendie ; c’était aussi le renversement accepté des rapports qui devaient exister entre le Saint-Siège indéfectible et la folle personnalité d’un mauvais moine !
Mais puisque ces lettres existent, pourquoi ne les publierait-on pas, au moins en partie ? […] En relisant l’article du « Chien », à propos des espèces, soit animales, soit végétales, que l’homme s’est appropriées tout entières, et qu’il a transformées par l’art à force de les travailler, j’y trouve ce beau passage sur le blé, cette plante tout humaine : Le blé, par exemple, est une plante que l’homme a changée au point qu’elle n’existe nulle part dans l’état de nature : on voit bien qu’il a quelque rapport avec l’ivraie, avec les gramens, les chiendents et quelques autres herbes des prairies, mais on ignore à laquelle de ces herbes on doit le rapporter ; et comme il se renouvelle tous les ans, et que, servant de nourriture à l’homme, il est de toutes les plantes celle qu’il a le plus travaillée, il est aussi de toutes celle dont la nature est le plus altérée.
Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère : quand la lettre me parvint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. […] Un document curieux existe, je l’ai sous les yeux, et j’en puis parler en toute connaissance de cause : il nous livre l’état vrai, et trop vrai, des opinions, des croyances et de l’âme de Chateaubriand à la date de 1798, quelques mois seulement avant sa conversion et avant la conception première du Génie du christianisme.
Il y a maintenant de grands poètes, des poètes de talent, des poètes de génie, des poètes d’art, ou des poètes qui veulent être quelqu’un de ceux-là ; mais ce qui constituait autrefois le poète agréable, ce mélange d’esprit, d’imagination, de facilité, de négligence et de bonne humeur, cette absence de prétention en rimant ou cet air de n’en pas avoir, ce demi-ton de conteur qui était de plain-pied avec la conversation du salon, cet à-propos de menus sujets, cette adresse à trousser en vers un compliment ou une épigramme qui circulait aussitôt et faisait fortune, et parfois aussi la fortune de son auteur, tout cela existe-t-il encore ? […] La profession de poète agréable n’existe donc plus, bien que l’étoffe dont était fait ce genre de poètes n’ait pas péri, et qu’il y ait par le monde bon nombre de ces demi-vocations errantes qui ne savent plus à quoi se prendre et qui sont réduites souvent à viser trop haut, à se forcer en pure perte, faute d’avoir trouvé à se loger dans la médiocrité animée et riante qui était leur milieu naturel.
Car, que le Pape lui témoignât plus ou moins de bon vouloir, plus ou moins de gratitude pour ses services passés ou bien seulement sévérité silencieuse et sèche indifférence, c’était affaire de politesse et de manières, ce n’est pas de cela qu’il s’agissait avec lui fidèle et croyant. « Il n’existe, dit M. de La Mennais, pour chaque chose qu’un moment dans les affaires humaines, » et, selon lui, 1831 était ce moment. […] Sans s’attendre à le trouver parfait, ce qui ne serait pas seulement de la simplicité, mais de la folie, on se figure qu’entre lui et le type idéal qu’on s’en est formé d’après les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie.
Nul groupe sans doute n’existe, nulle école imposante, nul centre doctrinal, comme on dit, et à quelques égards je ne m’en plains pas : variété et liberté, c’est quelque chose. […] Une critique nouvelle, et sans prétention de l’être, faisant digue au mal, refaisant appui aux monuments, peut naître de là ; elle est toute née par la force des choses ; elle existe déjà de formation naturelle plutôt que de propos délibéré ; c’est la meilleure : on en voit déjà les caractères.
il suffit qu’il crée des formes d’intenses volontés, qu’on les sente se déployer selon leur loi intime : si elles n’ont pas existé, si elles n’existent pas actuellement en tel degré et proportion, qui oserait dire qu’elles ne seront pas ?
L’original espagnol, qu’on prétend disparu, n’a jamais existé. […] Ces précieux, ces comédiens, ces gens de finance, auprès desquels Lesage nous introduit, ont existé chez nous.
A vingt-sept ans, Pierre Loti, qui a rêvé sur tous les océans et visité tous les lieux de joie de l’univers, écrit tranquillement, entre autres jolies choses, à son ami William Brown : … Croyez-moi, mon pauvre ami, le temps et la débauche sont deux grands remèdes… Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a pas de morale ; rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possible en attendant l’épouvante finale qui est la mort… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale. […] Bien que les rapports de convenance entre toutes ces différentes choses et vous-même soient trop compliqués pour être exprimés comme dans le cas de la musique, vous sentez cependant qu’ils existent… Tout cela posé, passons à votre définition à vous, Loti.
Elle existe aussi réellement que le corps, quoique invisible et impondérable. […] Sabatier, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier : « Les centres cérébraux psychiques concentrés sont des accumulateurs du psychique diffus répandu dans l’Univers, et qui leur parvient par le canal des nerfs périphériques, par les organes des sens et les cordons nerveux qui les rattachent au centre cérébral8. » La démonstration semble ainsi faite, comme le dit Myers, qu’il existe, autour de nous, un univers spirituel, en rapport étroit avec l’univers matériel.