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580. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Ainsi l’hypothèse de la rotation de la Terre conserverait le même degré de certitude que l’existence même des objets extérieurs. […] Affirmer l’une, en niant l’autre, au sens cinématique, ce serait admettre l’existence de l’espace absolu.

581. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Sully Prudhomme, alors en âge d’être père, se condamne au célibat parce qu’il ne se reconnaît pas le droit de disposer d’une existence et qu’il se ferait un crime de condamner à l’enfer de vivre, une créature innocente. […] Il en est peu dont la naissance ait été saluée d’un cri de joie et de là vient que la plupart ont traîné au cours de leur misérable existence la fatalité de ceux cui non risere parentes et ont fait leur aliment de la mélancolie.

582. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Ces raisons sont diverses : Paris et ses environs, dont l’importance est toujours considérable, paraissent jouer un rôle plus éclatant dans les époques de troubles politiques ; telle contrée a dû, semble-t-il, son éclat éphémère à un séjour de la cour, à l’existence de quelque université prospère ; telle autre s’est trouvée sur la route d’un courant d’idées venant d’un pays étranger : ainsi la Gascogne, à la fin du xvie  siècle, bénéficia de la grandeur de l’Espagne, sa voisine. […] Le premier se demanda avec tristesse ce que faisait la Providence pendant ces bouleversements qui engloutissaient tant de vies innocentes, et il posa une fois de plus cet angoissant problème de l’existence du mal physique sur la terre.

583. (1886) De la littérature comparée

Pour que l’étude de la littérature comparée atteigne son but, il faut donc, je crois, l’élargir de plus en plus, la compléter par l’examen attentif des relations de la littérature et de l’art avec les conditions d’existence des nations, grouper les faits particuliers qu’elle présente autour d’un certain nombre de faits de plus en plus généraux. […] Prenez n’importe quelle branche de composition en prose ou en vers, et vous verrez bientôt que, directement ou indirectement, son existence implique certaines conditions de vie sociale. » — M. 

584. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Ses diamants lui tiennent à la peau, ainsi qu’elle le dit elle-même, « comme les taches de la panthère tiennent à sa robe… Elle veut briller, elle veut resplendir, exploiter le monde et en jouir, vivre dans le rayonnement dont l’or entoure la beauté suprême ; et, pour atteindre ce but, elle marchera, d’un pas tranquille, à travers la ruine, la mort et le désespoir de toutes les existences qu’elle traversera. […] après ce meurtre moral, pourra-t elle revivre, du moins, d’une nouvelle existence ?

585. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Nous sommes déjà si loin de ces temps, que, pour bien juger d’un homme, d’un auteur qui y a vécu, il ne suffit pas toujours de lire ses productions, il faut encore les revoir en place, recomposer l’ensemble de l’époque et l’existence entière du personnage ; en un mot, il faut déjà faire un peu de cette étude et de cet effort qu’on fait pour les anciens. […] On a peine à se figurer à présent ce qu’étaient alors ces existences prodigieuses de princes bâtards tels que les Vendôme ; c’étaient de véritables monstruosités sociales, au sein desquelles se logeaient toutes les formes de licence et d’abus, et cet autre abus, cette dernière monstruosité entre toutes les autres, l’abbé courtisan et parasite.

586. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Tandis que le vers classique ou romantique n’existe qu’à la condition d’être suivi d’un second vers, ou d’y correspondre à brève distance, ce vers pris comme exemple possède son existence propre et intérieure. […] Nos jeunes confrères indiquent dans leur désir d’un instrument rythmique plus libre qu’il est inutile d’attribuer un sexe aux rimes, ils expliquent comment on peut dissoner sur les vieilles habitudes en prolongeant les masculines sur les féminines pour résoudre au gré de l’alternance classique, mais au moment choisi par le poète, ce qui donne un effet agréable de surprise euphonique ; ils citent les allitérations et les arabesques de voyelles, et signalent l’existence d’équilibres phonétiques, plus curieux parfois que l’allitération et l’assonance pure (l’allitération qui n’a pas l’air d’allitérer)… bref tous moyens employés pour remplacer une symétrie au métronome, dure et pesante, par une symétrie très complexe, consistant non point dans la répétition régulière en coups de marteau de forge des mêmes sonorités, mais dans des effleurements ingénieusement variés des sonorités semblables à des intervalles dictés non plus par l’arithmétique, ou plutôt la numération, mais par un instinct de musicien qui manierait tantôt des leitmotiv, tantôt des rappels de timbre.

587. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Ludovic Halévy a une tenue correcte d’existence, il est rangé, bon camarade, indulgent et doux, complimenteur au besoin, accueillant, souriant, charmant. […] Est-il possible de raconter cette existence presque surhumaine, de la résumer en quelques lignes ? […] Longuement, en phrases prolixes et cent fois redites, il me cita des traits admirables de l’existence campagnarde de M.  […] Durant quelques jours, je menai une existence inquiète, redoutant les railleries probables, et les rectifications malicieuses dont mon amour-propre eût beaucoup souffert. […] Et puis, si le danger vient et menace l’harmonie d’une existence à l’abri de tout heurt, de toute secousse, la guillotine est là, qui fait taire les voix qui grondent trop fort.

588. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Bernardin de Saint-Pierre passa là quelques-uns des pires moments de son existence tourmentée. […] Quel de l’existence de votre âme ? […] et dans quelle mesure notre personnalité est-elle obligée d’abdiquer son indépendance devant cette existence nouvelle ?  […] et qu’en faisant ainsi de l’existence du règne humain la condition du langage, elles la prouvent, — puisque nous parlons ? […] Gumplowicz le sait bien, et nous aussi, qui l’avons vu s’efforcer d’établir sur la possession du langage et du sentiment religieux l’existence d’un règne humain.

589. (1927) Approximations. Deuxième série

Amitié du milieu de la vie, et qui en porte à tel point le caractère que sans doute ainsi que moi vous ne regrettez pas que tardive fut notre rencontre ; — amitié que mûrit chaque jour notre croissant accord sur les problèmes de fond de l’existence. […] Strachey avoue son goût pour « les incomparables éloges de Fontenelle qui dans le lustre de quelques pages condensent les existences multiples des hommes ». […] Cette réalité n’est guère, au regard de Renan, que la condition d’existence des idées37 ». […] Tantôt ils se confondent avec lui ; tantôt ils oublient quelque temps son existence ; et tantôt brutes, tantôt purs esprits, ils ignorent quelles liaisons universelles ils contiennent et de quelle substance prodigieuse ils sont faits. […] Jusque dans la rude existence qu’il mène à Dinah’s Creek l’usine de Bois Thibert l’oriente.

590. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime : car si Mme Blanchecotte (ce qui est, je crois, son nom) a de la Sapho par quelques-uns de ses cris, elle aurait encore plus volontiers dans sa richesse d’affections quelque chose de mistriss Felicia Hemans, et tout annonce chez elle l’abondance des sentiments naturels qui ne demandent qu’à s’épancher avec suite et mélodie.

591. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre septième. Les sentiments attachés aux idées. Leurs rapports avec l’appétition et la motion »

L’universel, en effet, est la seule satisfaction adéquate d’une pensée qui a pour condition d’existence la synthèse complète de la multiplicité dans l’unité ; l’idée universelle est le maximum d’efficacité avec le minimum de dépense intellectuelle : elle est donc une économie de force et un déploiement de puissance.

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