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410. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Guizot raconte dans sa préface comment, en 1820, sortant des affaires où il était entré en seconde ligne avec ses amis les doctrinaires d’alors, il crut devoir entreprendre d’expliquer dans son cours l’origine et les principes du gouvernement que lui et ses amis avaient essayé de pratiquer : même quand il fait de l’histoire, M.  […] La Providence, qui fait aux nations des origines et des destinées diverses, ouvre aussi à la justice et à la liberté plus d’une voie pour entrer dans les gouvernements ; et ce serait réduire follement leurs chances de succès, que les condamner à se produire toujours sous les mêmes traits et par les mêmes moyens. […] Villemain, il n’était que le plus brillant, le plus ingénieux, le plus éloquent des littérateurs, agrandissant et prolongeant sans doute le plus qu’il pouvait son domaine, un peu trop curieux, je le crois, d’y faire entrer avec une émulation visible les beautés parlementaires de nos voisins qui étaient à l’ordre du jour, mais fécondant d’ailleurs tout ce qu’il touchait, et nous en offrant le sentiment et la fleur.

411. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Brantôme qui faisait une galerie des Dames illustres françaises et étrangères, après y avoir fait entrer Marie Stuart, avait pensé à y mettre Marguerite comme un autre exemple des injustices et des inclémences de la fortune. […] Quand la fameuse phalange était une fois ouverte, on y entrait aisément. […] Ce n’est pas à nous de tenir la balance et d’entrer ici dans des détails qui seraient vite indélicats et honteux.

412. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Avant tout, et pour rattacher à sa vraie date ce nom modeste et qui s’est bien plus appliqué à s’effacer qu’à se produire, je rappellerai que sous la Restauration, vers 1820, à l’époque où ce régime, si peu assis d’abord, commençait à entrer en pleine possession de lui-même, il se fit de toutes parts, dans tous les jeunes esprits, un mouvement qui les poussait avec ardeur vers les études et vers les idées. […] Arrivé à Paris à la fin de 1818, l’abbé Gerbet entra au séminaire de Saint-Sulpice ; mais sa santé, déjà délicate, ne lui permettant pas d’y faire un long séjour, il s’établit comme pensionnaire dans la maison des Missions étrangères, où il suivait la règle des séminaristes. […] On comprend toutefois, même sans entrer dans le vif des matières, que lorsqu’en 1824, l’abbé Gerbet eut fondé, de concert avec M. de Salinis, un recueil religieux mensuel intitulé Le Mémorial catholique, et qu’il eut commencé à y développer ses idées avec modération, avec modestie, et pourtant avec ce premier feu et cette confiance que donne la jeunesse, il y eut là, pour ne parler que de la forme extérieure des questions, quelque chose de ce qui signala en littérature la lutte d’un esprit nouveau contre l’esprit stationnaire ou retardataire.

413. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Quelques hommes descendirent du fiacre et entrèrent dans l’enclos. […] Vous ne vous attendiez qu’à des hommes, ils ne peuvent pas entrer dans votre chambre, ce sont des géants ; vous ne vous attendiez qu’à une idée, baissez la paupière, ils sont l’idéal ; vous ne vous attendiez qu’à des aigles, ils ont six ailes, ce sont des séraphins. […] Ils vous disent : entrez.

414. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Il s’en présenterait, qu’elles ne pourraient se perpétuer que dans le cas où elles seraient avantageuses à l’animal, parce qu’alors la sélection naturelle entrerait en jeu. […] On aurait pu le préjuger, par cette raison qu’elles sont exposées à des conditions physiques diverses et qu’elles entrent en concurrence avec différentes séries d’êtres organisés, ce qui est de la plus haute importance, ainsi que nous le verrons plus loin. […] Ces observations sur la prédominance des espèces ne s’appliquent, on doit le comprendre, qu’aux formes organiques qui entrent en concurrence les unes avec les autres, et plus particulièrement aux représentants du même genre et de la même classe qui ont à peu près les mêmes habitudes de vie.

415. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Ne craignons pas maintenant d’entrer dans quelques détails. […] Notre immortel Molière signale, par un de ses chefs-d’œuvre, l’époque où les femmes commencèrent à vouloir entrer en partage avec les hommes, et à cesser d’être sous le joug de l’antique tutelle. […] Le sentiment moral est tellement entré, par lui, dans tous les hommes, qu’il n’a plus autant besoin de se mettre sous la protection des institutions sociales.

416. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Seulement, tout ce petit détail de curiosité épuisé, tout cet inventaire d’après décès terminé, Philarète Chasles est entré tranquillement et sans effraction dans l’histoire littéraire du xixe  siècle, de tous les cimetières le plus silencieux et le plus abandonné ! […] Philarète Chasles, quarante fois littérateur, ne put entrer pour un dans cette Académie, de si bonne heure visée par lui, ajustée, aspirée et manquée toujours. […] L’Angleterre politique, évoquée dans ce volume et considérée dans quelques-uns de ses écrivains politiques et littéraires, a ravivé l’Anglais qui était entré dans Chasles avec la profondeur des premières impressions de sa jeunesse, passée à Londres, et qu’on retrouvait parfois dans les réfléchissements et les scintillements d’une nature essentiellement réverbérante, mais qui n’y était qu’à l’état de rayon, intersecté par tant d’autres rayons.

417. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Des renseignements puisés à la meilleure des sources nous permettent d’assurer qu’il était entré dans cette vie parlementaire et magistrale un peu contre son goût, mais qu’il s’y voua par devoir. […] N’oublions pas, comme trait bien essentiel, qu’à quelque heure et dans quelque circonstance qu’une personne de sa famille entrât, elle le trouvait toujours heureux du dérangement, ou plutôt non pas même dérangé, mais bon, affectueux et souriant. […] Les Français, comme on l’a dit, étant entrés en Savoie le 22 septembre 1792, on ne vit, pendant un mois, que ce qu’on voit dans toutes les conquêtes ; mais bientôt, les assemblées primaires ayant été convoquées, elles nommèrent des députés qui se réunirent à Chambéry sous le nom d’Assemblée nationale des Allobroges. […] Pourtant, il nous l’avoue, à voir les éloges universels et assourdissants décernés à Bacon par tout le xviiie  siècle encyclopédique, il entra en véhémente suspicion à son égard, et depuis ce moment le procès du chancelier commença. […] « M. de Maistre pourtant (et l’éloquent novateur s’en plaignait) ne comprenait pas son second volume de l’Indifférence », ce qui signifie qu’il lui faisait des objections et n’entrait pas volontiers dans cette méthode un peu trop scolastique et logique avec son esprit platonicien.

418. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Le premier venu pouvait y entrer — et chacun y trouvait son compte ; car la poésie était de la fête et parfois la musique aussi. […] Il se propose à l’admiration du monde et se refuse à y entrer. […] La comédie n’échappe pas à la loi commune ; elle accuse et grossit les traits ; elle fait entrer dans un rythme le langage quotidien et le comportement naturel de l’individu. […] Nous sommes entrés dans l’ère commerciale, industrielle du théâtre : les manieurs d’argent s’en emparent : ils l’entendent comme une affaire : il ne s’agira plus que de fournir au spectateur un minimum. […] Un art dramatique parlé, le seul qui présentement nous occupe, ne saurait se tenir si près des frontières de la musique sans être tenté d’y entrer.

419. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

À la fin du grand règne, la Turquie entrait en décadence. […] À quatorze ans, il quitta le lycée pour entrer, comme saute-ruisseau, dans une banque. […] Ensuite, il entra dans l’administration. […] Il y a un attrait magnifique à entrer un peu dans le mystérieux secret du génie. […] Je pense qu’il n’entra dans sa cellule qu’après avoir connu les inquiétudes du siècle.

420. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

— Entrez ! […] Une fois qu’on est entré, l’hier est oublié. […]Entrez donc, vous verrez ma femme ! […] Entrez donc ! c’est-à-dire non, n’entrez pas !

421. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Avertissement. » pp. 1-2

Des circonstances particulières dans lesquelles il est inutile d’entrer, de pressantes et honorables instances m’ont décidé à quitter, non sans regret, mes fonctions de maître de conférences à l’École normale qui, depuis quatre années, occupaient la plus grande partie de mon temps, et à me relancer encore une fois dans le journalisme littéraire le plus actif.

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