Avant 1789, il y avait en France une Constitution à améliorer ; après la Révolution française et l’Empire, il y avait à trouver une Constitution pour la France. […] Dieu est « celui de qui relèvent tous les empires, « en ce qu’il les fonde, et en ce qu’il les juge. […] La France telle que l’a faite la Convention et perfectionnée l’Empire, pourvu qu’elle soit aux mains d’un Bourbon, lui convient très bien. […] Il y a à cela plusieurs raisons : la première est qu’elle y a séjourné peu de temps ; la seconde est que, sans y prendre garde, elle a un peu écrit ce livre comme Tacite les Mœurs des Germains, avec une intention obscure de satire ou du moins dans un esprit de critique à l’endroit de la France telle que l’empire l’avait faite. — Il ne faut même pas dire absolument : telle que l’avait faite l’empire. […] C’est à cette faute initiale que Mme de Staël revient toujours, parce que (sans qu’elle l’ait dit) son esprit est toujours dominé par le souvenir de l’empire.
Lebrun « le plus jeune des poètes du premier empire. » Il a gardé, des temps où il a préludé, l’habitude d’un art sérieux, noble, et qui se respecte toujours ; il y a introduit, dans une seconde époque, une veine de franchise et de naturel qui, en ce temps-là, était neuve encore ; il a été novateur avec frugalité.
Tout cela l’aurait laissé obscur à Lyon, faisant son cours pour les guides de la Suisse, si l’Académie n’avait voulu recruter une clameur de plus contre l’Empire.
Avoir reçu du Ciel une imagination vive & féconde, un jugement aussi exquis que solide ; allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien ; avoir ajouté à ces qualités une application infatigable à cultiver ses talens, une modestie sincere, la véritable parure du mérite : tel est le privilége heureux qui distingue ce Grand Homme, à qui les hommages ne peuvent être trop prodigués.
Mais vous devriez bien conseiller à ces souverains avec lesquels vous avez l’honneur de correspondre, et qui ont à cœur la naissance et le progrès des beaux-arts dans leur empire, de fonder une école à Paris d’où les élèves passeraient ensuite à une seconde école fondée à Rome.
Plusieurs de nos chansons faites il y a soixante ans, et quand le goût dont je parle ici regnoit avec plus d’empire, sont infectées des mêmes niaiseries.
Malheureusement, après cet effort vers l’idée pure, les vieilles habitudes mentales retrouvèrent leur empire. […] La longue décadence des empires détruits est une des plus singulières illusions de l’histoire ; si des empires moururent de maladie ou de vieillesse, la plupart, au contraire, périrent de mort violente, en pleine force physique, en pleine vigueur intellectuelle. […] Un nouvel empire s’étendait, limité au nord par le Danube, de Vienne à Palerme et de Gênes à Constantinople. […] Sans ce pacifique empire d’outre-frontières, la vraie littérature de France, et toutes les industries qu’elle fait vivre, n’existerait peut-être plus. […] Il faut se souvenir que l’abbé Delille n’est pas du tout, comme on le croit, un poète de l’Empire.
L’insensé obéit, et il appelle sa lâcheté bonheur ; mais il ne peut se défaire de cette autre volonté incorruptible dans son essence, quoiqu’elle ait perdu son empire, et le remords, en lui perçant le cœur, ne cesse de lui crier : En faisant ce que tu ne veux pas, tu consens à la loi. […] Et il oubliait qu’il écrivait ces appels à la persécution dans le sein d’un empire et d’un culte grecs, où le prélat et le souverain auraient eu, d’après ses propres invocations à la tyrannie des esprits et des consciences, le devoir de le supplicier lui-même comme voleur domestique, car il ne cessait pas de prêcher à haute voix l’orthodoxie romaine au milieu de l’hérésie grecque ! […] Je vois le Christ entrer dans le Panthéon, suivi de ses évangélistes, de ses apôtres, de ses docteurs, de ses martyrs, de ses confesseurs, comme un roi triomphateur entre, suivi des grands de son empire, dans la capitale de son ennemi vaincu et détruit. […] L’Empire, tombé en 1814 sous les ruines qu’il avait faites par la guerre, s’est relevé en 1850, comme une pensée interrompue qui n’a pas achevé ce qu’elle avait à dire ; il a réussi par la paix.
La France, fauchée à nu par la Révolution, décimée de grandeur intellectuelle et de liberté par l’Empire, semblait pressée d’éclore sous la Restauration, comme si la nature eût compris que la saison serait courte et qu’il fallait se hâter de fleurir. […] Beugnot, la plus spirituelle des chroniques vivantes de la Révolution et de l’Empire ; les amis de M. de Talleyrand ; la belle duchesse de Dino, sa nièce ; quelques Orléanistes du Palais-Royal, beaucoup de libéraux, un groupe de doctrinaires cherchant les recoins dans les salons comme dans la nation, et méditant de refaire en politique une secte au lieu d’une religion : voilà, avec un grand nombre de femmes jeunes, belles, lettrées, et élégantes, ce qui composait ce salon. […] C’était une cour, mais un peu vieille cour ; les meubles étaient simples et usés ; quelques livres épars sur les guéridons, quelques bustes du temps de l’Empire sur les consoles, quelques paravents du siècle de Louis XV en formaient tout l’ornement. […] Sa maison de la rue du Mont-Blanc et sa villa de Clichy rappelaient presque seules dans Paris l’élégance et l’opulence des palais princiers démeublés par les confiscations ou les émigrations ; on y respirait un air de cour ; c’était la cour de la richesse, seule royauté qui restât à la France ; sa jeune femme était la reine de cette cour : elle restaurait l’empire de la société détruite dans Paris.
C’était le moment où la diète de l’Empire était assemblée à Francfort pour l’élection d’un empereur. […] Mais, jusqu’à la fin, il éprouva et il nous confirme par son exemple une vérité : l’empire en ce monde, l’influence qu’on y conquiert n’appartient pas tant à l’esprit, au talent, au travail, qu’à une certaine économie habile et à l’administration continuelle qu’on sait faire de tout cela35.
J’ai souvent pensé qu’un homme de notre âge qui a vu le Premier Empire, la Restauration, le règne de Louis-Philippe, qui a beaucoup causé avec les plus vieux des contemporains de ces diverses époques, qui, de plus, a beaucoup lu de livres d’histoire et de mémoires qui traitent des derniers siècles de la monarchie, peut avoir en soi, aux heures où il rêve et où il se reporte vers le passé, des souvenirs presque continus qui remontent à cent cinquante ans et au-delà. […] Chapelain lui procura un jeune homme de mérite, nommé Falaiseau, qui l’accompagna également dans son ambassade près des princes de l’Empire (octobre 1672).
Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. […] Ce sont là des portions de l’histoire de l’Empire plus essentielles que brillantes, et auxquelles il faut tout le talent de l’historien pour nous intéresser comme il est parvenu à le faire.