Parfois, le soir, cette eau sans vie et sans lumière, Au bruit d’un pas furtif parti d’une clairière, Brusquement se réveille et tressaille. — Il en sort Tout effaré, le cou raidi, criant d’angoisse Ennui les rameaux nus, qu’il éclabousse et froisse, Un canard au jabot de moire, — vert et bleu.
Bien qu’il s’élève quelquefois contre la templomanie, il y mêle encore un peu trop d’autels, de statues et d’allégories selon le goût du temps ; mais il y a, dans les jolis dessins où il se joue, des plans et des devis tout naturels et pour toutes les fortunes : Je ne voudrais point, dit-il, faire venir l’ombre et l’eau dans mon jardin, que j’abandonnerais pour les chercher ailleurs. […] C’est ainsi qu’il construit son Tibur selon le rêve d’une médiocrité dorée ; mais, si vous êtes riche, il travaille sur d’autres frais ; il vous proposera les colonnes, les marbres, les galeries avec dôme de cuivre doré ou terrasses en plomb, tout un ordre de fabriques à la romaine : « Et je veux que tout cela soit éloigné l’un de l’autre dans un grand espace, et joue avec l’eau, le gazon et les plus beaux chênes. » Je ne veux, par ces citations, que rendre le sentiment qui circule dans tout ce qu’a écrit le prince de Ligne sur les jardins. […] Que toutes les pièces d’eau soient troublées par les sauts de plusieurs milliers de carpes.
Imaginez une jatte de quarante lieues de tour, remplie de l’eau la plus claire, etc. » Et plus loin : « Oh ! […] Au bruit, j’ouvris ma chambre qui dans l’instant fut pleine d’eau et de meubles qui flottaient. L’eau sortait par la porte de la grande chambre comme par l’écluse d’un moulin ; il en était entré plus de trente barriques.
Je sais bien que Socrate, en son temps, se détournait des sophistes, des prétendus sages qui raisonnaient à perte de vue sur le principe des choses, sur les vents, les eaux, les saisons ; Socrate avait raison de se passer de la mauvaise physique de son temps, de ses hypothèses ambitieuses et prématurées, pour ne s’occuper que de l’homme intérieur et lui prêcher le fameux « Connais-toi toi-même ». « C’est une grande simplesse, a dit Montaigne tout socratique en ce point, d’apprendre à nos enfants “Quid moveant Pisces…”, la science des astres et le mouvement de la huitième sphère, avant les leurs propres. » À cela je répondrai encore que Montaigne n’avait pas tort de préférer de beaucoup l’étude morale à celle d’une astronomie compliquée et en partie fausse. […] — Mais ceci est de tous les temps : ce qui est plus particulièrement du nôtre, c’est l’application perpétuelle de la science à tout ce qui améliore et perfectionne la vie : l’éclairage, le chauffage de nos maisons, cette eau qui d’elle-même monte à tous les étages, ces jeux de lumière et de soleil où se peignent comme magiquement nos portraits, ces nouvelles rapides que nous recevons d’une santé chérie avec la vitesse de la foudre, cette vapeur furieuse et soumise qui nous emporte presque au gré de la pensée, tout cela nous pose à chaque instant des problèmes que la paresse seule de l’esprit pourrait ne pas agiter et ne pas s’inquiéter de résoudre. […] … Si, en sortant du lycée, les jeunes gens ont conservé une notion précise et durable de la nature et des propriétés de quelques corps d’un intérêt universel, comme l’air, l’eau, les métaux usuels, les acides, les alcalis et les sels les plus communs ; si les phénomènes de la combustion, ceux de la respiration et de la nutrition des plantes, ceux de la respiration et de la nutrition des animaux, ont été soigneusement étudiés devant eux, l’enseignement de la chimie aura atteint son but.
Une première fois, le 28 mars, dans une promenade poussée plus loin que d’habitude avec l’abbé Gerbet et un autre compagnon, il avait entrevu au nord, de dessus une hauteur, la baie de Cancale et les eaux au loin resplendissantes qui décrivaient à l’horizon une barre lumineuse. […] On a vu comment il aimait à se répandre et presque à se ramifier dans la nature ; il était, à de certains moments, comme ces plantes voyageuses dont les racines flottent à la surface des eaux, au gré des mers. […] Ces grandes organisations primitives auxquelles ne croyait pas Lucrèce et auxquelles Guérin nous fait presque croire ; en qui le génie de l’homme s’alliait à la puissance animale encore indomptée et ne faisait qu’un avec elle ; par qui la nature, à peine émergée des eaux, était parcourue, possédée ou du moins embrassée dans des courses effrénées, interminables, lui parurent mériter un sculpteur, et aussi un auditeur capable d’en redire le mystère.
Le comte de Guiche, à la tête des cuirassiers et de la brigade de Pilloy et de plusieurs gens de qualité de la cour volontaires, se jeta dans le Rhin ; un escadron des ennemis, qui était posté dans le Tolhus, débusqua brusquement de son poste et se jeta de son côté d’assez bonne grâce dans le Rhin pour disputer le passage de ce fleuve au comte de Guiche, et fit sa décharge dans le milieu de l’eau, de laquelle Guitry, grand maître de ma garde-robe ; Nogent, maréchal de camp et maître de ma garde-robe ; Théobon et quelques autres officiers ou volontaires furent tués ; Revel, colonel des cuirassiers, et quelques autres blessés. J’avais moi-même posté une batterie un peu au-dessous de l’endroit où se faisait le passage, qui le voyait à revers ; à peine l’escadron fut entré dans l’eau, que je fis tirer dessus. […] La conquête de la Hollande, qui suivit le glorieux passage du Rhin et qui probablement eût été complète, si l’on avait songé plus tôt à s’assurer de Muyden, centre des écluses, eut son terme et son arrêt dans l’inondation soudaine qui noya tout le bas pays d’au-delà d’Utrecht et ferma l’abord d’Amsterdam : « La résolution de mettre tout le pays sous l’eau, dit à ce sujet Louis XIV, fut un peu violente ; mais que ne fait-on point pour se soustraire d’une domination étrangère !
Au moment de son départ, il était âgé de quarante-sept ans, malade déjà de la gravelle et se proposant bien d’user en chemin des diverses eaux minérales qui lui seraient indiquées. […] Il s’y trouve pêle-mêle des notes de voyage, des particularités sur les villes et pays qu’il traverse, avec des détails sur sa santé et des prises fréquentes d’eaux ou de médecines. […] Les eaux de Bade paraissent à Montaigne plus actives que les autres, dont il avait essayé jusque-là ; il en boit avec grand effet et rend du sable.
Mais nous ressemblons au peuple qui regarde une éclipse de lune dans l’eau : si l’eau est agitée, il s’écrie : Voyez comme le soleil se bat avec la lune ! […] Il faut que l’eau s’épuise à courir les vallées ; Il faut que l’éclair brille, et brille peu d’instants ; Il faut qu’avril jaloux brûle de ses gelées Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées, Neige odorante du printemps.
La campagne abondait en eaux fraîches et en fruits ; les grosses fermes étaient ombragées de vignes et de figuiers ; les jardins étaient des massifs de pommiers, de noyers, de grenadiers 194. […] La vallée est étroite et sombre ; une eau noire sort des rochers percés de tombeaux, qui en forment les parois. C’est, je crois, la « Vallée des pleurs », ou des eaux suintantes, chantée comme une des stations du chemin dans le délicieux psaume 201, et devenue, pour le mysticisme doux et triste du moyen âge, l’emblème de la vie.
Mais ce canal, grossi par les eaux, débordait souvent et produisait des ravages. Ferdousi avait toujours eu le projet, avec la somme d’or qu’il recevrait, de bâtir une digue qui contînt les eaux, et d’être ainsi le bienfaiteur de sa contrée. […] … Mais le fils d’un esclave ne peut valoir grand-chose, quand même son père serait devenu roi… Quand tu planterais dans le jardin du paradis un arbre dont l’espèce est amère, quand tu en arroserais les racines, au temps où elles ont besoin d’eau, avec du miel pur puisé dans le ruisseau du paradis, à la fin il montrera sa nature et portera un fruit amer.
De son jardin, il voyait l’abbaye de Saint-Denis qui lui rappelait la grandeur humaine et la mort ; il avait fait construire une jolie fontaine dont les eaux l’avertissaient de la fuite de la vie, et que surmontait une statue de l’Amour. Un jour que la comtesse d’Egmont l’y était venue visiter, il mit cette inscription délicate au-dessous de la statue : Églé parut sur cette rive ; Une image de sa beauté Se réfléchit dans cette eau fugitive ; L’image a fui, l’Amour seul est resté. […] Or, la Samaritaine n’était autre chose que la pompe-fontaine construite sous Henri IV sur le Pont-Neuf, et destinée à fournir de l’eau au Louvre, au jardin des Tuileries et au Palais-Royal.
* * * — Dans la vie, il y a des successions de bonnes et de mauvaises chances, semblables à ces courants d’eau chaude et ces courants d’eau froide, que trouve, en mer, un nageur. […] Et l’eau bénite jetée sur la bière, tout le monde assoiffé dévale vers la ville avec des figures allumées et gaudriolantes.