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557. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Celle qui fut ma fille à mes yeux va périr Sans trouver un guerrier qui l’ose secourir : Ma douleur s’en accroît, ma honte s’en augmente. […] A ma douleur ne veux-tu qu’insulter ?

558. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

On le regarderoit avec plus de satisfaction si Rubens avoit exercé sa poësie à répresenter les unes contentes, les autres transportées de joïe, quelques-unes sensibles aux douleurs de la reine, et d’autres un peu mortifiées de voir un dauphin en France. […] On y apperçoit distinctement la joïe d’avoir mis au monde un dauphin, à travers les marques sensibles de la douleur à laquelle ève fut condamnée.

559. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Il y a là une douleur d’enfantement qu’elle semble ignorer. […] Il y a des pleureuses, qui sont ses douleurs. […] … Une tache rouge (ô douleur !) […] Pour créer de la douleur en lui-même et en l’adorée, Emmanuel fait semblant d’être marié. […] On connaît l’égoïsme hargneux des malades, et la douleur continue est une bien terrible maladie.

560. (1887) George Sand

La mort de sa grand’mère, dont elle raconte les derniers moments avec une douleur sans phrase et une sincérité touchante, termina la période d’initiation. […] Nous verrons qu’elles procèdent toutes d’un fonds commun d’émotions et de douleurs personnelles, sans être pourtant la confidence et le récit de sa vie. […] C’est, à coup sûr, la confidence la plus sympathique et la plus curieuse que Mme Sand nous ait donnée sur elle-même par la sincérité de l’accent, avec une exquise discrétion de la douleur. […] Les égarements qu’il amène rencontrent dans l’auteur et dans ses principaux personnages la plus large indulgence, la sympathie la plus illimitée : « Marthe, dit Eugénie (dans le roman d’Horace), pourquoi donc cette douleur ? […] Il y eut des nuits de recueillement, de douleur austère, de résignation enthousiaste, où j’écrivis de belles phrases de bonne foi.

561. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Les objets du monde extérieur ne deviennent des réalités pour le moi que par le moyen des sensations de plaisir ou de douleur dont ils l’affectent.

562. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Les hommes qui se consacrent au culte des Muses se laissent plus vite submerger à la douleur que les esprits vulgaires : un génie puissant use bientôt le corps qui le renferme : les grandes âmes, comme les grands fleuves, sont sujettes à dévaster leurs rivages.

563. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Les transports qui suivent la reconnaissance des deux époux ; cette comparaison si touchante d’une veuve qui retrouve son époux, à un matelot qui découvre la terre au moment du naufrage ; le couple conduit au flambeau dans son appartement ; les plaisirs de l’amour, suivis des joies de la douleur ou de la confidence des peines passées ; la double volupté du bonheur présent, et du malheur en souvenir ; le sommeil qui vient par degrés fermer les yeux et la bouche d’Ulysse, tandis qu’il raconte ses aventures à Pénélope attentive, ce sont autant de traits du grand maître ; on ne les saurait trop admirer.

564. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

C’étoit l’heure où, du jour adoucissant les peines, Le sommeil, grâce aux dieux, se glisse dans nos veines ; Tout à coup, le front pâle et chargé de douleurs, Hector, près de mon lit, a paru tout en pleurs, Et tel qu’après son char la victoire inhumaine, Noir de poudre et de sang, le traîna sur l’arène.

565. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

En Amérique, on exerçait les jeunes gens, comme à Sparte, à vaincre la douleur ; et pour être admis à l’honneur de combattre et de porter les armes, il fallait donner les plus grandes preuves d’intrépidité et de force.

566. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

., groupes très jaloux de ne pas être confondus ; les symbolistes, par exemple, revendiquent le culte de la douleur, les instrumentistes, la coloration des mots, etc., etc. […] Les douleurs sourdes qui lui torturaient le ventre s’apaisèrent. […] Chaque jour voit s’affaiblir la pauvre enfant qui, lorsque son amant vient pour l’enlever, tombe épuisée de douleur. […] Tout à coup une voiture s’arrête, dépose des voiles noirs, agités, éperdus, une douleur qui fait mal à voir. […] Et, saignante de ma blessure, Elle mourra de ma douleur !

567. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Et je sentis l’anathème éclater dans la véhémence de ma douleur. […] C’est bien en vue de la vie éternelle, mais c’est aussi, et très formellement, pour diminuer les douleurs de la vie présente (les deux buts devant d’ailleurs être atteints par les mêmes voies) que Veuillot se soucie de l’humanité, étant lui-même trop vivant, trop débordant d’énergie et trop épris de l’action pour se désintéresser, à la façon des ascètes, de cette vie mortelle et transitoire. […] Je ne crois que difficilement à la douleur métaphysique. […] Et vous connaîtrez quelle forte vie intérieure eut ce grand homme d’action ; vous verrez comment il porta la douleur (il perdit en quelques années sa femme et trois filles, et une des deux autres se fit religieuse), et vous jugerez comme moi que les lettres qu’il écrit sur ses filles mortes et à sa fille cloîtrée sont de purs diamants de spiritualité, atteignent au sublime du sentiment religieux et sont assurément parmi les plus incontestables chefs-d’œuvre de la prose chrétienne, — et de la prose sans épithète. […] Ne peut-il tenir autant d’émotion, de trouble, de douleur, de faiblesse et d’effort, et de « drame » enfin, dans l’examen de conscience d’un catholique tenté que dans le monologue d’Auguste ou dans celui d’Hermione ?

568. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Il ne chante le plus souvent que les angoisses de son cœur ; mais il le fait avec une telle intensité de pensée et de style que ses cris de douleur deviennent comme impersonnels, et se transforment ainsi en chefs-d’œuvre, où nous reconnaissons nos propres souffrances, nos secrètes convoitises, les passions de tous les siècles et de toute la terre. […] Poète sincère et spontané, inventeur d’une forme exquise, en des vers musicaux, nuancés et fluides, il dit sa foi ingénue, son amour inquiet, sa saignante douleur. […] Selon les heures, les paysages, les sursauts de passion, nous choisissons tour à tour divers poètes dont le chant exalte notre joie ou se mêle instinctivement à notre douleur. […] Combien Leconte de Lisle, qui connut toutes les douleurs humaines, qui les exprima dans une forme admirable de puissance et d’émotion concentrée, qui pensa vraiment et dont l’apparente impassibilité fut faite de toutes les détresses éternelles, me paraît mériter une plus hautaine et plus pure gloire ! […] Il y a des poèmes d’amour de Musset, de douleur de Baudelaire, des élévations philosophiques de Vigny ou de Leconte de Lisle, des frissons de sensibilité moderne de Verlaine ou de Samain dont je ne trouve pas l’équivalent dans Hugo.

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