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9. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

En face de cette conception s’est élevée la doctrine moderne de l’évolution et de la sélection naturelle, qui entreprend d’expliquer les diverses formes de la vie par le triage séculaire des combinaisons les plus capables de survivre. Cette doctrine étend de nos jours la même explication aux espèces intérieures, aux idées. […] L’idéalisme kantien de Schopenhauer peut être pris comme l’expression la plus récente et la plus remarquable de cette doctrine. […] Cette doctrine d’unité, que Schopenhauer lui-même poursuivait et à laquelle il a contribué pour sa part, serait, pour employer le terme aujourd’hui en faveur, une sorte de monisme. […] En adoptant la doctrine de révolution, nous ne la prendrons plus dans ce sens trop matérialiste dont Spencer se contente et qui ne laisse à la pensée que le rôle d’un appareil enregistreur ; mieux entendue, la doctrine de l’évolution doit faire à la pensée sa place légitime dans le développement des choses et, à plus forte raison, dans le développement des idées.

10. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Il fallait un centre de doctrine auquel on pût ramener ces investigations : la liberté le donna. […] Une doctrine jeune et pleine d’ardeur, le Saint-Simonisme, se proclamait de tous côtés autour de nous comme possédant la solution définitive et la clé de l’avenir. Plus d’une fois, auparavant, nous avions approché de cette doctrine  et de ces communications imparfaites il nous était resté, du moins, pour elle et pour ceux qui la cultivaient, un sentiment profond de sympathie et d’estime. Cette fois les promesses de la doctrine perfectionnée étaient plus attrayantes que jamais ; l’inspiration religieuse s’y était mêlée à l’industrie et à la science, pour les unir et les féconder. […] Nous interrogeâmes de plus près la doctrine ; et à mesure que nous la connûmes davantage, nos doutes et nos objections sur sa vérité essentielle et sa mise en pratique s’évanouirent successivement.

11. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Galien met toute sa science physiologique au service de la doctrine de Platon. […] Malheureusement ni la psychologie ni la physiologie n’ont confirmé cette doctrine. […] Un terme impropre ne fait pas une doctrine. […] Au fond, sa doctrine est le sentiment de bien des médecins de tous les temps et de tous les pays. […] Elles constatent des faits que nulle spéculation métaphysique, nulle doctrine morale ne saurait nier.

12. (1915) La philosophie française « I »

À Descartes remontent donc les principales doctrines de la philosophie moderne. D’autre part, quoique le cartésianisme offre des ressemblances de détail avec telles ou telles doctrines de l’antiquité ou du moyen âge, il ne doit rien d’essentiel à aucune d’elles. […] Ils ont fourni trois types de doctrines que nous rencontrons dans les temps modernes. […] Il est juste de reconnaître que les Anglais y ont contribué pour une part plus large encore, et que la doctrine de Locke n’avait pas été sans influence sur l’idéologie française. […] Analogue est la doctrine de Milhaud 30.

13. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Bain n’ait point essayé aussi une réduction, ou qu’au moins il ne nous ait pas donné son avis sur les doctrines courantes. […] « Elle constitue un appui considérable à la doctrine de l’unité de la conscience. […] Il a très bien montré l’insuffisance des doctrines égoïstes et utilitaires. […] Évidemment, on ne peut accepter ni la doctrine qui soutient l’immutabilité absolue de la morale, à laquelle les faits donnent le plus éclatant démenti, ni la doctrine de sa mobilité absolue qui n’est pas moins contredite par l’expérience. […] Spencer, celui de la doctrine d’évolution, a dû amener une différence de plan.

14. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Sa doctrine métaphysique des forces est restée sur l’arrière-plan, à peine esquissée par M. de Biran et M.  […] Si vous voulez la sauver, embrassez nos belles doctrines. […] Nulle manœuvre ne fut plus heureuse et plus habile que la variation perpétuelle de sa doctrine et l’allure ondoyante de son esprit. […] Refaire des doctrines est plus difficile, et il fallait en refaire. […] La doctrine est impuissante et respectée, souveraine et oubliée, dominante et stagnante.

15. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

) Ce n’est pas, messieurs, que je ne conçoive qu’il y ait, pour les politiques eux-mêmes, des doctrines philosophiques plus acceptables, plus désirables que d’autres ; mais ces doctrines-là, si vous prétendez les imposer et les exiger, vous les ferez fuir et vous ne réussirez qu’à obtenir leurs contraires. […] Le pétitionnaire n’a voulu, dit-il, dénoncer que les doctrines, non les hommes. […] cette doctrine (la doctrine ancienne et non actuelle de l’école de Montpellier) est exaltée, préconisée, par contraste avec les abjectes théories de la Faculté de Paris. […] L’Université a été trop longtemps habituée à vivre sous la doctrine philosophique de M.  […] Quoi qu’il en soit, la doctrine dite éclectique (il est bon de le savoir et de le dire) est des plus compromises au fond, des plus entamées à l’heure qu’il est.

16. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il est une doctrine, et non pas un ordre : par là même, comme on s’y lie par une adhésion libre de la raison, non par un engagement destructeur de la liberté, il est en son essence tout laïque. […] Il tire hors de l’École et de l’Église les matières théologiques ; il propose à la raison laïque de décider sur tel dogme, telle doctrine, entre tels et tels théologiens. […] Seule de toutes les doctrines philosophiques et religieuses, la doctrine de la chute explique le contraste incompréhensible de grandeur et de bassesse, qui est le trait caractéristique de la nature humaine. […] Le mot de Pascal contient, deux siècles avant Darwin, l’essence de la doctrine évolutionniste. […] Garasse, Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, 1623 ; Mémoires, éd.

17. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Si les doctrines spiritualistes sont si fausses, et les doctrines condillaciennes si vraies, pourquoi donc celles-ci ont-elles succombé ? […] Partout il substitue purement et simplement la doctrine condillacienne et sensualiste à la doctrine qu’il repousse. […] Telle est la doctrine de M.  […] La doctrine du Dieu caché (Deus absconditus) est une doctrine qui se concilie avec le plus pur spiritualisme. […] Il n’en est pas de même dans la doctrine de Hegel ni dans celle de M. 

18. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Je ne crois pas avoir besoin de l’appareil de beaucoup de preuves pour appuyer une telle assertion ; il suffît de voir ce qui est : or, je le demande, s’aperçoit-on qu’il germe de nouvelles doctrines religieuses à côté des doctrines politiques dont l’invasion tourmente en ce moment la société ? […] Ce pas a été bientôt franchi sous les auspices du jansénisme et de la doctrine des libertés de l’Église gallicane. […] Un publiciste de Genève vient de publier un ouvrage qui contient la même doctrine. […] C’est lorsque des doctrines finissent, et que d’autres doctrines commencent. […] Philosophes de nos jours, je vous en conjure, voyez à quel danger vous nous avez exposés par vos doctrines antireligieuses !

19. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Quoique Tocqueville soit peut-être un des publicistes qui se sont le moins trompés, je pense cependant que sa doctrine pourrait gagner en étendue et en solidité. […] Il nous reste, pour compléter cette étude, à interroger M. de Tocqueville sur ses doctrines philosophiques et religieuses. […] Il montre comment la doctrine de l’intérêt bien entendu est conforme à l’esprit démocratique. […] Il semble même qu’il n’est pas ici entièrement fidèle à sa doctrine, qui consiste en toutes choses et partout à revendiquer la grandeur. […] Depuis la Révolution, les passions se mêlaient sans cesse aux doctrines, et il était presque impossible de séparer les écoles des partis.

20. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Là est l’écueil où viendra toujours échouer toute doctrine matérialiste. […] De cette dernière phase, il ne nous reste que des débris, et tout porte à croire qu’elle était plutôt un sentiment de l’âme qu’une doctrine rigoureusement philosophique. […] Ainsi la doctrine cartésienne aboutissait de toutes parts à la négation de la personnalité divine. […] Cette doctrine répond à un besoin d’imagination, non de raison. […] Nous n’affirmons ni ne nions l’unité de substance, nous ne la comprenons pas plus que la doctrine opposée.

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