Les mots qu’on croit l’être marquent généralement les nuances, les degrés dont une idée, un sentiment sont susceptibles : ils sont entre eux comme les individus d’une espèce, infiniment divers dans l’unité du type.
César, dans ses Commentaires, Voltaire, dans sa prose, La Fontaine, dans ses Fables, nous offrent de merveilleux exemples de ce mérite, qu’ils ont possédé tous les trois dans un degré éminent.
Ces qualités ne paraissant plus indispensables au même degré, beaucoup de nos chirurgiens oublient de les acquérir.
Victor Hugo Quoique la faculté du beau et de l’idéal fût développée à un rare degré chez M.
Paul Fort, qui possède à un haut degré le sentiment de la légende et de la chanson populaire.
Et sur ce mont sacré qui ne monte au sommet, tombe au plus bas degré. […] Despreaux auroit-il voulu dire de lui-même qu’il étoit au sommet ; et ne le voulant pas dire, en auroit-il laissé conclure qu’il étoit donc au plus bas degré ? […] Je n’ai point perdu de vuë le degré de fermeté où les livres saints nous le peignent. […] La pitié a ses degrés, surtout au théatre. […] Si elles ne plaisoient pas, quoiqu’aux vers près, elles rassemblassent à un haut degré toutes les beautés du genre, qu’aurions-nous perdu ?
On l’a pu trouver bien dur pour les protestants ; il a l’air, en vérité, de ne les admettre à aucun degré comme chrétiens, comme frères. […] Si M. de Maistre a compris d’emblée, à ce degré de justesse, la Révolution française, c’est, nous l’avons assez montré, qu’il l’avait vue de près et sentie à fond par sa propre expérience douloureuse. […] Celui qui consent à se laisser emporter dans cette sphère supérieure, et à diriger son regard selon le rayon, sent par degrés, en montant, de grandes difficultés s’aplanir, et bien des notes discordantes d’ici-bas s’apaiser en harmonie. […] il est un degré de récidive et d’habitude où l’on endosse très-justement (pour parler comme de Maistre) les délits du voisin, et où l’on paye pour les autres : Escobar ni l’Inquisition ne s’en relèveront. […] « … Qu’on ne dise pas, messieurs, qu’il est maintenant inutile de nous élever à ce degré de hauteur que nous admirons chez les grands hommes des temps passés, puisque nous ne serons jamais dans le cas de faire usage de cette force prodigieuse.
À quel degré de cette hiérarchie placerions-nous l’art dramatique ? […] Personne n’eut pu tarir en lui ce don du mouvement, cette divination du cœur humain et ce lyrisme actif qu’à un moindre degré il partageait avec Shakespeare, et la scène les eut servis. […] Question de degré, rien de plus. […] Par la suite, après la guerre, il devait adopter le dispositif fixe et transformable à volonté que vous avez devant les yeux, multiplier les plans sur lesquels se meuvent les personnages : proscenium, degrés, loggia. […] Il n’est pas particulier à l’art dramatique chrétien : c’est le problème de l’art dramatique tout court, à un certain degré d’ampleur, de généralité et de conformité à sa nature.
La merveille d’un Léonard, c’est d’avoir poussé l’un et l’autre à un degré incroyable, d’avoir fait de l’un une raison de ménager et d’approfondir l’autre. […] Ce qu’on appelle une réalisation est un véritable problème de rendement dans lequel n’entre à aucun degré le sens particulier, la clef que chaque auteur attribue à ses matériaux, mais seulement la nature de ces matériaux et l’esprit du public. » Le rôle de l’artiste est d’établir la communication entre l’être de sa matière artistique (couleur, formes, vers) et l’être du spectateur ou du lecteur. […] On peut dire que le relevé de ces gênes volontaires, quand on arrive à les reconstituer, révèle sur-le-champ le degré intellectuel du poète, la qualité de son orgueil, la délicatesse et le despotisme de sa nature. » Entendons-nous bien sur ce principe. […] Tu gravis mes degrés de mortelle et de mère, Et déchirant la route, opiniâtre faix, Dans le temps que je vis, les lenteurs que tu fais M’étouffent... […] Au premier abord il semble que cet objet soit simplement lui-même, et lui-même à un degré infiniment plus fort que le degré romantique : car le mythe de Narcisse se tient au centre de sa poésie, la Jeune Parque le continue, la plupart de ses grands poèmes sont des épreuves diversifiées de la Jeune Parque.
On ne se contenta pas de confisquer ses biens, comme aux autres, on ne laissa pas un sou à tous ses parents jusqu’au troisième degré. […] Ils sont à deux étages, le bas consistant en salons avec des chambres et des cabinets autour, et le haut en chambres, qui sont plus petites, en cabinets, en galeries, en niches de cent sortes de figures et de grandeurs, avec de petits degrés çà et là dans les murs. […] Son logis, qui n’est pas grand, mais qui est un vrai bijou, consiste en une grande chambre, deux salles et trois petits pavillons, chacun avec deux degrés, en cabinets et en niches: tout cela de différentes figures, un endroit étant carré, l’autre triangulaire, un autre fait en croix, l’autre hexagone. […] J’oubliais de dire qu’on descend du dessus du pont au-dessous, à fleur d’eau, par des degrés pratiqués dans les arches. […] Il est long d’un mille et large presque autant37, fait en terrasses soutenues de murs de pierres: on y compte douze terrasses, élevées de six à sept pieds l’une sur l’autre, et qui vont de l’une à l’autre par des talus fort aisés à monter, et aussi par des degrés de pierre, qui joignent le canal.
Avant le nouveau texte des Mémoires, découvert en 1817, et qui donne sur cette période première une foule de particularités retranchées par l’auteur dans la version jusqu’alors connue, on ne se pouvait douter du degré de chevalerie et de romanesque auquel se porta tout d’abord le jeune prince de Marsillac. […] On était donc, en 1665, au vrai seuil du beau siècle, au premier plan du portique, à l’avant-veille d’Andromaque ; l’escalier de Versailles s’inaugurait dans les fêtes : Boileau, accostant Racine, montait les degrés ; La Fontaine en vue s’oubliait encore ; Molière dominait déjà, et le Tartufe, achevé dans sa première forme, s’essayait sous le manteau. […] Le degré où l’ennui prend est l’indice le plus direct peut-être de la qualité de l’esprit.
Avec quelque peine, par quels degrés de déchirement douloureux le loyal jeune homme en vient, d’offense en offense, à se décider à rompre, jusqu’au duel final et vengeur auquel il est contraint ! […] Trop loué et surtout loué à faux par Boileau, ce qui reste vrai, c’est que lorsque l’on remonte à la poésie du moyen âge (non pas lorsqu’on en descend en la prenant dès l’origine, mais lorsqu’on y remonte degré par degré), Villon est l’anneau le plus lointain auquel les modernes trouvent à se rattacher un peu commodément.