L’amour de la spécialité, cette furie de la médiocrité d’un temps qui remplacera incessamment le talent par le métier, l’amour de la spécialité ne nous a pas à ce point brouillé la cervelle que nous ne puissions très bien admettre des livres où l’imagination étend sa couleur inspirée sur les notions exactes de la science et rêve parfois à côté… Entre les savants purs et les poètes ou les écrivains de sentiment et de fantaisie, il y a des écrivains intermédiaires, ayant les deux dons à la fois, dans des degrés différents, qui savent composer des livres moins austères que la science, mais non pas cependant frivoles parce que l’imagination y ajoute son charme. […] Et cependant, malgré tout cela, ce livre de la Mer n’élèvera pas Michelet d’un degré de plus dans la considération publique.
Je ne sais si on le retrouverait aujourd’hui dans aucun auditoire, à ce degré et avec ces qualités. […] Géruzez possède à un degré éminent deux des qualités du génie français dont il conte l’histoire : je veux dire l’agrément et le goût. […] tant ils sont ce qu’une langue à l’état d’ébauche et un degré de culture inférieur pouvaient produire de plus achevé ! […] Vous avez exactement le degré d’ethos et de pathos convenable à un homme comme vous, muni d’un aussi bon tomahawk. […] Il possède à un haut degré le don de l’expression créée.
Il est vrai que voilà bien des années déjà qu’il ne s’est point produit d’œuvre poétique qui ait appelé à un haut degré l’attention du grand public et qui lui ait fait saluer une jeune gloire.
Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut d’abord se donner pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple, étaient imbus des principes, des lumières sans doute, mais aussi, à un haut degré, des préjugés du siècle, dont le fond était une excessive confiance dans la nature humaine.
L’habile et flexible Dumouriez, l’agent de la diplomatie occulte sous Louis XV, le courtisan rompu aux mystères de la vieille monarchie, le républicain au demi-sourire, y prend par degrés la physionomie austère du citoyen le plus dévoué et du sujet le plus loyal ; à force d’abstractions, il est devenu le type épuré du royalisme constitutionnel ; ou, si l’on aime mieux, du constitutionnel royaliste.
Aussi, depuis Remi Belleau, tous les traducteurs en vers d’Anacréon, et Longepierre, et Lafosse, et Gacon, et Poinsinet de Sivry, et Anson, et bien d’autres encore, ont-ils échoué, tous également détestables en ce sens qu’aucun n’est excellent : ici surtout, en effet, point de degrés du médiocre au pire, point de milieu entre le chétif et l’exquis.
Sa conduite, dans la tempête, au milieu des murmures de l’équipage, sa résolution de monter au mât sur le refus du lieutenant, sa volonté ferme de demeurer à bord du vaisseau abandonné tant qu’il en restera une planche à flot, tous ces sentiments énergiques et vrais répandent au milieu de tant de scènes déchirantes une forte teinte de sublimité morale qui rehausse et achève leur effet ; et lorsque, après la tempête, la nuit, sous les rayons de la lune, on voit Wilder, au gouvernail de la chaloupe, se pencher en avant, comme pour entendre la douce respiration de Gertrude endormie, l’âme du lecteur, qui a passé par tous les degrés de l’angoisse, jouit délicieusement de cet instant de pure ivresse, et succombant aux sensations qui l’inondent, elle dirait volontiers avec le poète : C’est assez pour qui doit mourir.
Délivrer la femme, avec son consentement et par des moyens qui, dans ce premier moment, ne présentent aucun danger pour elle, c’est supprimer un je ne sais quoi de pas encore vivant ou qui, dans l’échelle de la vie, occupe le plus bas degré, est tout proche de la vie purement végétative ; et c’est, d’autre part, conjurer une terrifiante possibilité d’angoisse et de souffrance, épargner à la mère et au père putatif de ce je ne sais quoi des années de géhenne, et de ces douleurs sans recours, qui rendent injuste et méchant.
Ensuite, on oublie qu’entre génie et talent il y a différence de degré, non de nature ; ou, si l’on aime mieux une formule plus claire, qu’à toute époque l’originalité, la faculté d’innover, le don de créer sont répartis à doses inégales parmi beaucoup de personnes, au lieu d’être concentrés en deux ou trois seulement.
Le royalisme ne s’introduisit que peu à peu, et il ne prit le dessus que quand la ville ayant été exceptée de l’amnistie accordée à d’autres cités pareillement insurgées la veille, on en vint aux extrémités d’un siège : toutes les nuances d’opinions intermédiaires pâlirent naturellement ou disparurent, et dans la lutte à mort, à ce degré d’incandescence, la couleur la plus tranchée se dessina. […] » Mme Récamier pourtant n’était pas sans souffrir quelquefois du refroidissement inévitable que des lignes politiques de plus en plus divergentes amenaient par degrés dans cette tendre intimité de Camille Jordan et de Matthieu de Montmorency. […] Pour moi, c’est décidé depuis longtemps, j’ai le plus tendre attrait pour lui, et je pense avec peine que vous le marierez, et qu’il aura des affections nouvelles qui me reculeront de plusieurs degrés. […] L’auteur y passe en revue presque tous les orateurs qui se sont fait un nom dans nos assemblées délibérantes : il a cherché à déterminer le genre et le degré de leur mérite littéraire. […] Pour suivre dans ses divers degrés la conduite de Camille Jordan et sa marche progressive courageuse à travers les débats passionnés de la Restauration, pour s’en faire une juste idée, il faut lire l’Histoire du Gouvernement parlementaire en France de M.
Daunou passa dans les divers colléges de l’Ordre et monta par les divers degrés de l’enseignement. […] Il eut, à un degré suprême, le talent de haïr et la volonté de maîtriser. […] Je ne veux pas dire que, transporté et traduit, comme il le fut alors, dans les États de l’Amérique du Sud, il continuât d’être applicable ; mais, en France, la société se faisait mûre pour les garanties qu’il réclamait, que la raison publique se mit par degrés à vouloir, à vouloir avec passion, qu’insultée un jour et défiée, elle revendiqua, trois matins durant, à la face du soleil, et qui sont à peu près obtenues. […] Rossi) divise tous les esprits en deux classes, quels que soient d’ailleurs leur qualité et leur degré : 1° ceux qui apprennent, qui sont en train d’apprendre, jusqu’au dernier jour ; 2° ceux (non pas moins distingués souvent) qui s’arrêtent à une certaine heure de la vie, qui disent non au but d’avenir, et se fixent à ce qu’ils croient la chose trouvée. […] La raison sublime, répondait-il avec Chénier ; mais si un seul des degrés qui, du bon sens, de la raison vulgaire, conduisent jusqu’au haut de l’échelle, se trouvait brisé, il était rétif et ne montait plus.
J’ai été professeur et homme de lettres à un degré un peu supérieur à celui de mon père. […] Point du tout, et l’auteur peut nous donner une pièce où il n’y ait que des ridicules et des blâmables à différents degrés. […] Il y a trois degrés : la pièce morale, la pièce moralisante, la pièce immorale. […] A un certain degré d’outrance grotesque, le comique perd son venin, comme à un certain degré d’hyperbole, le tragique généreux perd ou perdrait tout son pouvoir d’excitation à l’enthousiasme. […] Et votre sottise vous rend méchant comme toute sottise poussée à un certain degré et devenue manie.