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31. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Le Papou, dont le corps et le bras sont souvent bien développés, a de très petites jambes et rappelle ainsi les quadrumanes, tandis que l’Européen, ayant les jambes plus longues et plus massives, il y a entre ses membres antérieurs et postérieurs plus d’hétérogénéité. […] Un homme peut assembler une machine ; il ne peut faire une machine qui se développe elle-même. […] On peut dire, à ce point de vue, que la science est une extension des perceptions par le moyen du raisonnement. 2° La science non développée est une prévision qualitative ; la science développée est une prévision quantitative. […] Si ses spéculations ont pour objet le futur, il ne peut assigner aucune limite à la grande succession de phénomènes qui se développent toujours devant lui. […] Spencer a repris et développé ces idées dans sa Classification des Sciences, et M. 

32. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs. […] Les professeurs écossais, Ferguson en particulier, ont développé ce système sous la monarchie libre de la Grande-Bretagne. […] Mais ce livre, c’est le temps qui le fera ; et la postérité ne partagera pas plus la petite fureur qu’excitent aujourd’hui les idées philosophiques, que les atroces sentiments que la terreur avait développés : Les fils sont plus grands que leurs pères, Et leurs cœurs n’en sont pas jaloux. […] que les Romains ont étudié la philosophie, ont possédé des historiens connus, des orateurs célèbres et de grands jurisconsultes, avant d’avoir eu des poètes ; 2º. que leurs auteurs tragiques n’ont fait qu’imiter les Grecs et les sujets grecs ; 3º. je développe un fait que je croyais trop authentique pour avoir besoin d’être expliqué ; c’est que les chants de l’Ossian étaient connus en Écosse et en Angleterre par ceux des hommes de lettres qui savaient la langue gallique, longtemps avant que Macpherson eût fait de ces chants un poëme, et que les fables islandaises et les poésies scandinaves, qui ont été le type de la littérature du Nord en général, ont le plus grand rapport avec le caractère de la poésie d’Ossian.

33. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Oui, les divers types de l’animal humain vivant en société, et ses rapports cachés ou visibles avec le milieu où il se développe, sont curieux à étudier ; mais c’est bien long, Balzac. […] On dirait que sa sécheresse la conserve. « La mort n’y mord. » Et, quand nous relisons ces ouvrages d’une aussi harmonieuse pureté, nous sommes étonnés de tout ce qu’ils contiennent sans en avoir l’air ; nous sommes ravis de cette exacte et précise traduction des choses, où rien d’essentiel n’a été omis, où n’a été admis rien de superflu ; nous en développons la richesse secrète ; nous nous apercevons que dans ces nouvelles, dont quelques-unes ont été composées voilà cinquante ou soixante ans, se trouvent déjà tous les sentiments, toutes les façons de voir et de concevoir le monde qui ont paru depuis et qui paraissent encore le plus originales. […] Mérimée aime à voir se développer librement, bonne ou mauvaise, la bête humaine ; et quand elle est belle, il n’est pas éloigné de lui croire tout permis.

34. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

J’écrivis alors, étourdiment :    « Tels sont les lieux communs développés par M. de Maupassant. […] Il me semble que, lorsqu’on est en somme parmi les privilégiés de ce monde, lorsqu’on ne souffre ni continuellement, ni trop violemment dans son corps, et qu’on est préservé des extrêmes douleurs morales par la littérature et l’analyse (lesquelles, soyez-en sûrs, nous sauvent de plus de maux qu’elles ne nous interdisent de joies), une sorte de pudeur devrait vous empêcher de répéter trop longuement des plaintes déjà développées par d’autres. […] J’ai l’air de développer gravement un truisme.

35. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Dans la famille se développait un goût d’artistique curiosité. […] Nous aurions pourtant à développer ce qu’il y a d’excessif dans l’opposition qu’il y fait. […] Les milieux de grande culture variée où il allait se développer ne firent que fournir une riche abondance d’arguments aux opinions qu’il avait dans le sang.‌

36. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

André, a développé, étendu ce principe, & l’a appliqué avec beaucoup de justesse à tous les Beaux-Arts. […] Après cela, il entre dans la définition du goût, il en expose les sources, il développe les moyens propres à le former & à l’entretenir, il découvre les vices qui l’affoiblissent & le corrompent ; & de tous ces articles il forme une chaîne de preuves qui le ramenent à son principe général, l’imitation.

37. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 430-432

L’Auteur y développe, y discute, avec autant de sagacité que de justesse, tous les événemens, toutes les intrigues, toutes les manœuvres, tous les motifs, toutes les ressources, toutes les passions qui ont produit tant de vicissitudes dans cette Isle célebre, & dont le Gouvernement a fourni tant de tableaux différens. […] Il est tant de petits incidens dévoués par leur peu de valeur au silence, qu’on ne peut trop savoir de gré aux Ecrivains substanciels & judicieux, dont la plume rejette tout ce qui ne tend point à développer, à faire saisir & à constater les faits essentiels.

38. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Qui donc sait que dans cette entreprise commune à ces deux penseurs se rencontrait une vue neuve et profonde, qui, développée avec la patience du génie allemand, eût peut-être donné naissance à un mouvement philosophique aussi considérable dans l’histoire que l’a été le mouvement kanto-hégélien, si des circonstances favorables se fussent prêtées à un semblable développement ? […] Comment l’idée de Maine de Biran aurait-elle pu jeter des racines et se développer dans cette dispersion indéfinie ? […] Le spiritualisme lui-même, souvent trop timide et qui craint trop d’ennuyer, plus occupé d’ailleurs de se défendre que de développer ses doctrines, n’a pas rendu jusqu’ici à son vrai maître, Maine de Biran, tout l’honneur qui lui était dû28. […] Bien plus, ce n’est pas par une influence extérieure, par esprit de révolte ou par rupture soudaine qu’il s’est séparé de cette philosophie ; c’est par un progrès nature, c’est en croyant l’approfondir et la développer, c’est en y appliquant une analyse plus exacte et plus rigoureuse ; depuis longtemps il l’avait dépassée qu’il croyait y être encore. […] Vacherot a également, dans l’article Conscience du Dictionnaire des sciences philosophiques, développé avec beaucoup de force le point de vue de Biran ; et malgré les changements ultérieurs de sa pensée en Théodicée, il est resté, en psychologie, profondément attaché à ce point de vue.

39. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Alors les images se développent à loisir. […] Une idée s’est imposée à l’esprit et veut être réalisée, développée. […] On tiendra ses idées en suspens jusqu’à ce que le moment soit venu de les développer. […] Où le poète prend-il les images qui développent son idée ? […] Nous avons vu comment ils se développent dans l’esprit du poète, par la méthode d’inspiration.

40. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Soit qu’il énonce les oracles du Très-Haut, soit qu’il fasse gronder le tonnerre sur la tête des Rois coupables, soit-qu’il entr’ouvre les abîmes sous les pieds des sujets rebelles ; soit que, sous un jour plus touchant, il dévoile les richesses de la miséricorde divine, il développe les routes de la Providence, il étale la magnificence de ses bienfaits : tous ces différens tableaux font éprouver au Lecteur des mouvemens qui élevent l’ame, un feu qui la pénetre, une sensibilité qui l’attendrit ; par-tout il voit une éloquence qui l’entraîne, des graces qui l’enchantent, une harmonie qui le séduit. Dans l’Histoire des Macchabées, tout ce que la guerre a de plus terrible, la politique de plus profond, le courage de plus sublime ; tout ce que les desseins de Dieu sur son peuple peuvent offrir de sagesse, de majesté, de puissance, de bonté, est développé avec des traits qui caractérisent le Génie créateur, dans un genre où le Créateur lui-même se manifeste si énergiquement.

41. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Ce dernier livre de Proudhon n’ajoute rien aux doctrines (si cela peut s’appeler des doctrines) qu’il a développées dans ses précédentes publications. […] Esprit fortement généralisateur, il pose plus pour les idées qu’il ne les développe. D’autres les développeront pour lui.

42. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

L’Harmonie ne peut être en mouvement que selon un rythme, et le Rythme est le mouvement lui-même ; il est inutile, je suppose, de développer ce pléonasme ! […] Il est malaisé d’abstraire l’Harmonie du Rythme qui se développe en elle. […] Souvent en ses poèmes la cohésion des sons n’est pas assez totale ; parfois même ils s’y développent, on le dirait, suivant un hasard propice plutôt que d’après un dessein réfléchi. […] Il est homme avant d’être artiste ; pour lui, vivre c’est agir, regarder est une joie puissante, puisqu’en l’action, puisqu’en les images se développe et se précise le moi. […] Mais l’étude des proportions révélées par les traditions, l’entente progressive des manières d’art et des règles admises par autrui peuvent développer ce goût et faire du poète un artiste.

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