. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe.
Il faut convenir que rendre l’idée de la première guirlande, du premier sacrifice, du premier soupir amoureux, du premier désir d’un cœur jusqu’alors innocent, n’était pas une chose facile.
Fatmé est fidèle, seigneur, et la pluie de vos faveurs a inondé le sol de mes désirs.
Ce qu’il tue en lui, c’est l’attachement de l’artiste à son œuvre, le désir invincible de réaliser le beau qu’il conçoit. […] quelle belle chose ce sera que cet accouplement de mon désir et de ta haine ! […] Il rompt d’abord par mépris, et le désir le ramène. […] Enfin Leplâtreux suggère à Toutenpain le désir d’être trompé à son tour et de tout faire pour l’être. « Oui, oui, je le serai ! […] Vous n’avez en vous ni ressouvenir ni désir de tragédie.
Bien qu’il s’en défendît, Goethe était imbu de la philosophie française du XVIIIe siècle : eux, revenaient au christianisme, au catholicisme surtout, les uns effectivement, comme Stolberg et Frédéric Schlegel, et les autres par le désir et les aspirations. […] Sa vie est pleine d’agréments : il a façonné selon ses désirs la jolie résidence où il a pris racine, et dont il est plus souverain que l’excellent prince qui s’honore d’être son ami. […] Voilà le prix de tes désirs sanguinaires ! […] Dans le temps héroïque où les dieux et les déesses aimaient, le désir suivait le regard, la jouissance suivait le désir. […] Il a donc une volonté, dont il se servira au besoin pour appuyer ses caprices : « Quelle chose au monde pouvait résister à ses désirs ?
Persès les corrompit et ils jugèrent la cause selon ses désirs. […] Nos désirs ne seraient plus que des réminiscences. […] Peut-être y avait-il dans ses allures un désir d’impressionner. […] « Elle était le Christ des nations. » On n’avait encore jamais vu chez un fils attendri ce désir de crucifier sa mère. […] Ils semblent possédés du désir d’humilier leur patrie devant cette fausse aïeule.
Comme ils ont compris ce qu’il y avait de vérité moderne dans cette dénonciation du mensonge de nos plus beaux désirs ! […] Il y a dans tout désir amoureux, et dans la nuance d’enchantement qui raccompagne, une part énorme de création personnelle, si l’on peut dire. […] Au fond de toutes les théories sur Dieu et l’autre monde, c’est bien ce désir de garder le pouvoir d’impression qui se retrouve sans cesse. […] C’est le désir d’un voluptueux, fatigué de ses plaisirs habituels et qui s’invente un sursaut nouveau des nerfs. […] Une obscure influence est sur elle qui l’empêche d’aller jusqu’au bout de la passion, et son désir s’arrête à mi-chemin de l’amour qu’elle sacrifie de nouveau, à quoi ?
Les oiseaux, les fleurs, une belle soirée de la fin d’avril, une belle nuit lunaire commencée le soir avec le premier rossignol, achevée le matin avec la première hirondelle, ces choses qui donnent le besoin et le désir du bonheur, vous tuent ! […] Il la suivait, cette Sylphide, par les prairies, sous les chênes du grand mail, sur l’étang monotone où il restait bercé durant des heures ; il lui associait l’idée de la gloire. « Elle était pour lui la vertu lorsqu’elle accomplit les plus nobles sacrifices ; le génie, lorsqu’il enfante la pensée la plus rare. » Il y a à travers cela d’impétueux accents sur le désir de mourir, de passer inconnu sous la fraîcheur du matin. « L’idée de n’être plus, s’écrie-t-il, me saisissait le cœur à la façon d’une joie subite ; dans les erreurs qui ont égaré ma jeunesse, j’ai souvent souhaité de ne pas survivre à l’instant du bonheur. […] Mais à quel propos ici ces désirs de mourir, ce cri égaré d’une félicité en apparence sans objet ?
M. de Genoude, lui ayant parlé à Paris de mon admiration pour son talent, lui inspira le désir de me connaître ; un matin, la conversation étant tombée entre eux sur la poésie, à propos des Psaumes, Genoude se prit à lui réciter une Méditation, de moi, sur le même sujet, que je venais de lui adresser à lui-même à propos de sa traduction. […] J’allai de nouveau chez cette intermédiaire, si heureusement trouvée, pour lui faire part du désir que j’avais de dîner confidentiellement avec M. de Lamennais chez elle un soir de la semaine. […] —À cela ne tienne », lui répliquai-je ; et j’écrivis à l’instant à Pastoret le désir de Genoude et les circonstances qui le rendaient intéressant.
L’homme qui a osé les écrire fut plus et moins qu’un homme en les dictant, il fut le martyr du ciel et de la terre ; il faut chercher son nom et ne pas le prononcer, comme celui de la passion ineffable devant l’ineffable feu du désir et les ineffables larmes de l’expiation. […] Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. » « C’est juste l’Isolement de Lamartine, toujours avec la différence des complexions et des natures : Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? […] si tu m’avais donné une femme selon mes désirs ; si, comme à notre premier père, tu m’eusses amené par la main une Ève tirée de moi-même… Beauté céleste !
Lui, il se voit par le dedans, il plonge en son fond, il sent immédiatement ses émotions et ses désirs. […] Il n’y a que lui qui ait ces joies, ces douleurs, ces désirs, ces dégoûts. […] Il amplifiera même parfois ses passions, ses désirs, et il ne lui déplaira pas de paraître courbé sous un mystérieux remords.
Donnez aux provinces leurs libertés entières, faites-en des états fédérés dans l’État, et vous verrez aussitôt surgir une France nouvelle débarrassée à tout jamais des parasites qui la rongent, une France consciente d’elle-même, de sa valeur propre, des différentes faces de son génie, dans laquelle tous les éléments qui la composent auront la même fierté, et non ce lâche désir, cette attitude de chien battu qu’ils prennent en face de Paris, en face de la centralisation la plus monstrueuse que l’on ait jamais vue. […] De l’Académie de Médecine Je ne vois aucune relation entre la politique et le désir de maintenir une culture intellectuelle suffisante chez les jeunes gens destinés aux professions libérales. […] Mais ceux-là mêmes que le désir travaille ne parviennent guère à se dominer.