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877. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

« À ce bruit ses fils accoururent, l’un avec une fourche, et l’autre avec la pique de son père ; ils se jetèrent, celui-ci sur Pagolo, l’autre sur le Milanais qui nous accompagnait, et qui se défendait en s’écriant qu’il n’avait que faire dans cette querelle, ce qui ne l’empêcha pas de recevoir un coup qui lui fendit la bouche. […] Cherubino et le Milanais blessé, que le coup porté à Pagolo n’avait fait que lui écorcher la peau ; que le maître de poste était mort, et que ses fils se préparaient à le venger ; ils me suppliaient de ne pas recommencer la querelle, dans laquelle je ne manquerais pas de succomber. […] Un procès scandaleux qu’on lui intenta par vengeance, sous prétexte des infâmes amours dont on l’avait accusé en Italie, souleva tellement sa colère, que, l’ayant gagné, il se vengea à coups de dague de ses accusateurs, et les fit repentir cruellement de leur accusation vraie ou fausse. […] Je ne pensai plus ni à ma fièvre, ni à ma peur de mourir, quand tout à coup il se fit une explosion qui nous effraya tous, et moi plus que les autres. […] La tête de Persée n’avait pas moins bien réussi, et j’en fus surpris davantage ; car la matière avait servi tout juste pour la remplir entièrement, et je regardai cela comme un coup du ciel.

878. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

. — Un coup de sifflet à la Divinité partout où elle se montre ! […] Mais quand j’en ai longtemps échauffé ma pensée, Que la Prière en pleurs, à pas lents avancée, M’a baisé sur le front comme un fils, m’enlevant Dans ses bras loin du monde, en un rêve fervent, Et que j’entends déjà dans la sphère bénie Des harpes et des voix la douceur infinie, Voilà que de mon âme, à l’entour, au dedans, Quelques funestes cris, quelques désirs grondants Éclatent tout à coup, et d’en haut je retombe Plus bas dans le péché, plus avant dans la tombe ! […] Il a fait comme un possesseur puissant qui, apercevant hors du parc quelques petites chaumières, quelques cottages qu’il avait jusque-là négligés, étend la main et transporte l’enceinte du parc au-delà, enserrant du coup tous ces petits coins curieux, qui à l’instant s’agrandissent et se fécondent par lui. […] Vous ne l’êtes pas devenu du premier coup. […] On a supposé que ce morceau du IIIe livre des Géorgiques y avait été inséré après coup par le poète, et lorsque déjà il s’occupait de l’Énéide ; il y a des détails qui semblent en effet avoir été ajoutés un peu plus tard ; mais le cadre premier existait, je le crois, et le sens général, selon l’opinion de Heine, est plutôt prophétique qu’historique.

879. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Tout à coup, à force de recherches, dans un dictionnaire ou dans la mémoire d’un ami nous le découvrons, ce mot unique : le papillon se laisse prendre, — mais quoi ? […] Percé de coups de couteau, il ferme ses grands yeux « sans pousser un seul cri ». […] Encore un coup, c’est la vapeur et c’est l’électricité qui ont fait cela. […] Mais dès que la raison se rend compte du but des commandements et des prohibitions des révélations précises, dès qu’elle voit que leur véritable sanction est dans la vie actuelle, elle perçoit du même coup qu’on l’avait leurrée (par pitié, par bonté, par prudence) en lui imposant l’espérance ou la crainte d’un bonheur ou d’un malheur sans fin. […] Un peintre, du fond de son atelier, peut, en quelques coups de pinceau, bouleverser les âmes, leur donner de nouveaux désirs et précipiter le rêve de la perfection.

880. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain s’y sont du premier coup rassemblées. […] Né dans le Midi, venu à Paris dans les premières années du siècle, et disciple studieux, ardent, de l’école républicaine et philosophique, de Garat, Ginguené, Chénier, il présente avec le jeune et facile rival qui, pour coup d’essai, le détrôna, des contrastes frappants, et dont tous n’étaient pas à son désavantage. […] Il y a l’accent qui insinuait, le geste qui achevait, la saillie qui osait, qui se reprenait et s’apaisait aussitôt, qui, comme une vague échappée et prête à faire écume, rentrait tout à coup au sein du discours avec grâce, et la nuance de plaisir et de pensée, et l’impression née de cet ensemble ; il y a l’orateur, la merveille elle-même, comme disait moins poliment le rival vaincu du grand Athénien. […] Mais ses adversaires n’y gagnaient pas ; sa critique avisée et flexible s’emparait, se prévalait avec tant de célérité de ce qu’il y avait d’incontestable alentour, qu’elle semblait l’avoir pensé en même temps ; sa concession se dérobait derrière une objection presque toujours évidente et qui portait coup.

881. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Une petite rivière brillante, aux ondes perlées, encaissée à merveille, et courant sur un lit de sable fin sous une atmosphère transparente, a son prix, et comme beauté, à l’œil du peintre, elle est supérieure au fleuve plus large, mais inégal, brisé, et tout d’un coup vaseux ou brumeux. […] Il y a dans la seconde moitié un endroit où Gustave, près de quitter Valérie, et l’entretenant avec trouble, se blesse tout d’un coup au front en s’appuyant contre une fenêtre ; c’est là une blessure un peu illusoire et de convention ; le plus délicat des amants ne saurait se blesser ainsi. […] Je voudrais le lire avec vous : il m’a fait du bien ; il ne contient pas des choses très-nouvelles ; ce que tous les cœurs éprouvent, ou comme bonheur ou comme besoin, ne saurait être bien neuf ; mais il a été à mon âme en plus d’un endroit…Il y a des vérités qui sont triviales, et qui tout d’un coup m’ont déchiré. […] On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.

882. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Les cailloux bruissaient en roulant sous ses souliers ferrés ; il tenait à la main, par suite de sa vieille habitude, la longue gaule de noisetier écorcé, armée de l’aiguillon de ses bœufs ; il en frappait par intervalles, à coups répétés, les buissons du sentier et les branches pendantes des rameaux des bois sur la route, comme s’il eût porté un défi à toute la nature. […] Dans les intervalles on entendait le bruit des souliers à clous du toucheur de bœufs sur la rocaille, les coups de la gaule de noisetier sur les buissons, et la forte respiration d’un homme qui gravit une pente. […] mon pauvre Didier, rentre dans ton bon sens et ravale ta joie et ta chanson ; tu ne seras jamais que le jouet de tout le monde et de la Jumelle. » À ces mots, qui jetèrent tout à coup le froid de la moquerie sur le feu de l’enthousiasme, le petit Didier, concevant un humble doute, sentit son cœur lui manquer dans la poitrine. […] On y entendait le pas cadencé de milliers d’hommes marchant ensemble à la défense des frontières sur le sol retentissant de la patrie, la voix plaintive des femmes, les vagissements des enfants, les hennissements des chevaux, le sifflement des flammes de l’incendie dévorant les palais et les chaumières ; puis les coups sourds de la vengeance frappant et refrappant avec la hache, et immolant les ennemis du peuple et les profanateurs du sol.

883. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Caton se donnait un coup de poignard, mais Caton était cuirassé. […] Il résolut de provoquer la bataille entre l’esprit nouveau et l’esprit ancien par un coup d’État. […] Portalis, fut remplacé par le ministère du prince de Polignac, annonçant un coup d’État. […] Son nom resta consacré du premier coup.

884. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

» Elle a un petit mouvement de dépit, traverse la rue, pose le front, mordu d’un coup de soleil, contre la grille de l’église, où, dans le moment, monte une noce. […] Enfin, soudainement, il a improvisé une danse qui était la caricature de toutes les danses, moquant, avec un pantalon qui avait des jours dans le derrière, la marche des salons, singeant la Petra Camara et ses coups de hanche, mimant la lorgnette de Napoléon et sa main derrière le dos, talonnant une bourrée, exécutant les enchaînements de pas les plus compliqués, puis faisant l’avant-deux d’un ataxique avec l’affreux déraillement des jambes, puis se gracieusant comiquement et embrassant les pas de sa danseuse à terre, etc., etc. […] * * * — Physionomie originale d’un petit vieillard qui, en entrant à la Taverne anglaise, jette sur une chaise un manteau doublé d’un tartan écossais à carreaux rouges et noirs : une grosse tête renflée aux tempes, un front extraordinairement bombé avec un rentrant fait comme par un coup de marteau au-dessus du nez. […] Dans la grande allée où, seules, les ornières ne sont pas couvertes de feuilles, des coups de jour entrant par les trouées du feuillage et la balayant de lumière, et l’extrémité de l’allée, toute légère, toute claire, toute transparente, toute septentrionalement lumineuse, et apparaissant dans la couleur locale idéalisée d’une apothéose de l’automne.

885. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Si le sujet est grand, est connu, comme la Mort de Pompée, le poète peut tout d’un coup entrer en matière ; les spectateurs sont au fait de l’action commencée, dès les premiers vers, sans obscurité : mais si les héros de la pièce sont tous nouveaux pour les spectateurs, il faut faire connaître, dès les premiers vers, leurs différents intérêts, etc. […] Où prendre, encore un coup, les originaux de semblables discoureurs ? […] Aujourd’hui, les monologues conservent la même mesure des vers que le reste de la tragédie ; et ce style alors est supposé le langage commun : mais Corneille en a pris quelquefois occasion de faire des odes régulières, comme dans Polieucte et dans le Cid, où le personnage devient tout à coup un poète de profession, non seulement par la contrainte particulière qu’il s’impose, mais encore en s’abandonnant aux idées les plus poétiques, et même en affectant des refrains de ballade où il fallait toujours retomber ingénieusement. […] Voltaire est le seul qui ait donné quelques exemples de ces traits de répartie et de réplique en deux ou trois mots, qui ressemblent à des coups d’escrime poussés et parés en même temps.

886. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

me répond mon vieil ami, je n’aime pas à recevoir des coups, des coups de pied, des coups de poing et des nasardes, je n’aime point…, etc. […] Gnaton donne à son vieil ami le bon conseil : « Imite mon exemple et fais-toi parasite. » L’autre se rebiffe : « Gardez-en, m’a-t-il dit, le profit tout entier : On ne m’a jamais vu ni flatteur, ni parjure : Je ne saurais souffrir ni de coups ni d’injure ; Et, lorsque j’ai d’un bras senti la pesanteur, Je ne suis point ingrat envers mon bienfaiteur. […] De moment en moment enjambant l’intervalle, Enfin, ils feront tant, au milieu du dédale, Qu’imperceptiblement ensemble ils se rendront, Et malgré vos efforts, mon fils, ils se joindront : C’est un coup sûr.

887. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIV » pp. 58-60

Il eût dû être autre le lendemain de Lucrèce et sous le coup de l’enthousiasme même ; il l’eût dirigé en le partageant ; c’est de cette façon empressée que je conçois le mieux le rôle de la critique marchant, comme Minerve, en avant ou à côté de Télémaque.

888. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Au fait, quel que soit le vote, le coup moral est porté.

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