Ajoutez que, considérée par l’extérieur et avec l’œil d’un peintre, la vie des gueux a beaucoup de relief et de couleur, soit parce qu’elle est l’exception et qu’elle fait contraste avec la vie de la société régulière, soit parce que, tout y étant libre et dégagé de conventions, tout y est par là même plus expressif. […] Jean Richepin a (surtout dans ses vers, fort supérieurs à sa prose) la sonorité, la plénitude, la couleur franche, le dessin précis, une langue excellente, vraiment classique par la qualité ; et il est le dernier de nos poètes qui ait, quand il le veut, le souffle, l’ampleur, le grand flot lyrique.
Il garda de cette éducation commencée sous les belles années de Louis XVI, la faculté d’espérance sociale et de bienveillance universelle, une vue riante de l’humanité, une teinte de philanthropie dont il avait en lui le principe et le foyer, mais dont la couleur se ressentait de la date de son enfance et de sa première jeunesse. […] Le biographe aime à y retrouver la couleur première de cette imagination douce et pure.
Il se donne raison contre tous : de même que les résistances des corps savants n’ébranlent point sa foi en sa théorie des couleurs, il demeure fidèle à sa philosophie qui semble un anachronisme. […] Toutes sont présentées sous les couleurs les plus poétiques, que pendant longtemps on a crues vraies, et qui d’histoires assez banales ont fait de pures idylles ou de frais romans. […] Que cette histoire soit haute en couleur, qu’elle ait un cachet pittoresque, attrayant pour un poète, on ne saurait le nier. […] D’autres, comme Lewes, renonçant à réunir en faisceau les « fils bariolés » de leur trame, se contentent d’en broder de fines miniatures, en assortissant de leur mieux les couleurs. […] Bernays, qui jettent sur l’ensemble des faits un manteau bleu, couleur de leur rêve innocent.
Dont la couleur au visage lui monte, D’avoir failli, honteux, Dieu sait combien !
Brunetière, après avoir cité une description d’un romancier contemporain, je puis voir effectivement toutes ces choses… Ce sont des tableaux… dont nous n’avons pas besoin d’avoir vu les modèles, pour louer la ressemblance, puisqu’ils ne sont, après tout, que des associations nouvelles d’éléments anciens, de formes familières et de couleurs accoutumées… Nous sommes rentrés ici dans la vérité de l’art, qui consiste à décrire les choses les plus particulières par les termes les plus généraux, et d’autant plus généraux, qu’il s’agit de nous communiquer l’impression de choses plus particulières. » Il semble que nous soyons ramenés au fameux précepte de Buffon, qui recommande d’avoir attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux.
Sa phrase a la musique et la couleur de cette vie étrange qui l’anime.
Platon a l’imagination vive, abondante, fertile en inventions, en idées, en expressions, en figures ; donnant mille tours différens, mille couleurs nouvelles, & toutes agréables, à chaque chose : mais, après tout, ce n’est souvent que de l’imagination.
Pour vos femmes, et le reste de votre composition, je conviens qu’il y a de la beauté ; des caractères de l’expression ; de la sévérité de couleur ; mais mettez la main sur la conscience, et rendez gloire à la vérité !
Un peintre qui de tous les talens necessaires pour former le grand artisan, n’a que celui de bien colorier, décide qu’un tableau est excellent ou qu’il ne vaut rien en general, suivant que l’ouvrier a sçû manier la couleur.
Aux moindres bontés, elle est confuse ; elle ne sait que dire, elle change de couleur, elle fait la révérence en baissant les yeux ; ce pauvre cœur innocent se trouble ou se fond1038. […] Il n’y en a point chez lui de plus vivants que ceux-là, de plus largement tracés à grands traits et d’un élan, d’une couleur plus saine. […] Personne n’a égalé Sterne dans l’histoire de ces hypertrophies humaines ; il pose le germe, l’alimente par degrés ; il fait ramper alentour les filaments propagateurs, il montre les petites veines et les artérioles microscopiques qui s’abouchent dans son intérieur, il compte les palpitations du sang qui les traverse, il explique leurs changements de couleur et leurs augmentations de volume. […] À vingt-cinq ans, il avait épousé par amour une femme de cinquante, courte, mafflue, rouge, habillée de couleurs voyantes qui se mettait sur les joues un demi-pouce de fard, et qui avait des enfants du même âge que lui. […] Un homme ici n’est qu’une tache de couleur, tout au plus un emmanchement de muscles ; je ne sais plus s’il est assassin.
S’abreuver de ces sourires, de ces regards, de ces langueurs, de ces couleurs pieuses et faites pour peindre de l’idéal, c’était un charme qui nous prenait tous les jours, et tous les jours, nous ramenait vers ces robes bleues ou roses, ces robes de ciel. […] La parole est abondante, toutefois sans grand brillant, et sans le mordant de l’esprit, et sans la couleur du verbe ; ce ne sont que des faits, des faits curieux, des faits paradoxaux, des faits épatants, qu’il tire d’une voix enrouée du fond d’une immense mémoire. […] Dans de petites vitrines chatoient des soies aux couleurs délicieuses, des vestes, des gilets de femmes turques montrant leurs rangées de boutons d’or où est sertie une perle : un petit musée de souvenirs de l’Orient. […] Du reste les attaques pleuvent de tous côtés et dans les journaux de toutes couleurs. […] Les meubles ont la forme courante des ameublements à la grosse, écoulés aux commissaires-priseurs ; ils ont les recouvrements tristes des couleurs insalissables.
Ils n’ont pas d’invention réelle, pas de forte composition, pas de relief, pas de couleur, pas de caractères, pas d’art enfin. […] Je sais bien que l’histoire de madame de la Pommeraye, mêlée aux autres gravelures de ce livre, qui n’est au fond qu’une lapalissade philosophique relevée de grivoiseries, empêche de le rejeter avec le dégoût qu’il inspire ; mais il faut ajouter que dans cette histoire, racontée avec des interruptions qui, pour le coup, sont de l’art, il y a plus de mémoire que d’imagination et plus de tour que de couleur. La couleur du style est aussi absente dans cette histoire que dans les romans de Le Sage. […] Il avait la faculté du paradoxe, ce kaléidoscope de l’esprit, qui, remué et secoué, a des combinaisons et des rencontres de couleurs inattendues. […] Ses Salons battent incessamment en brèche la conception de l’art telle qu’elle s’établit de plus en plus dans l’esprit moderne, attentif seulement aux beautés techniques et se permettant très bien des impertinences comme celle de ce coussin de couleur qui choque tant Diderot dans la pauvre étable de Bethléem.