C’est là une idée moderne ; c’est là une méthode toute contemporaine, toute récente ; elle ne peut nous paraître ancienne, et acquise, et déjà traditionnelle, à nous normaliens et universitaires du temps présent, que parce que nous avons contracté la mauvaise habitude, scolaire, de ne pas considérer un assez vaste espace de temps quand nous réfléchissons sur l’histoire de l’humanité. […] Par une contrariété intérieure imprévue, et nouvelle dans l’histoire de l’humanité, il fallait justement arriver au monde moderne, à l’esprit moderne, aux méthodes modernes, pour que l’historien cessât réellement de se considérer comme un homme. […] Ce n’est pas moi qui invente ce circuit, cette circumnavigation mentale excentrique ; c’est mon auteur ; ce sont tous nos auteurs ; je me reporte à ce La Fontaine et ses fables, qui eut tout l’éclat, qui reçut tout l’accueil, et qui obtint tout le succès d’un manifeste ; il s’agit d’étudier La Fontaine et ses fables ; si nous commencions par parler d’autre chose ; et voici la préface : « On peut considérer l’homme comme un animal d’espèce supérieure, qui produit des philosophies et des poëmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons »,… À peu près ! […] Si donc, et c’était la première cause pour laquelle nul aujourd’hui n’avancerait plus que l’histoire est sur le point d’aboutir et de se clore, si donc l’histoire de l’humanité acquise est loin d’être acquise elle-même, comment l’histoire d’une humanité qui n’est pas acquise elle-même serait-elle acquise ; et quand l’histoire du passé n’est pas près de s’achever, tant s’en faut, comment l’histoire du futur serait-elle près de se clore ; nous touchons ici au secret même de cette faiblesse moderne ; on sait aujourd’hui, on a reconnu, généralement, que la plupart des idées et des thèses prétendues positives ou positivistes recouvrent des idées et des thèses métaphysiques mal dissimulées ; cette idée de Renan, que nous considérons en bref aujourd’hui, qui paraît une idée historique modeste purement, et simplement, cette idée que l’histoire touche à son aboutissement et à sa clôture, implique au fond une idée hautement et orgueilleusement métaphysique, extrêmement affirmée, portant sur l’humanité même ; elle implique cette idée que l’humanité moderne est la dernière humanité, que l’on n’a jamais rien fait de mieux, dans le genre, que l’on ne fera jamais rien de mieux, qu’il est inutile d’insister, que le monde moderne est le dernier des mondes, que l’homme et que la nature a dit son dernier mot. […] En sorte qu’on doit le considérer comme le représentant et l’abrégé d’un esprit duquel il reçoit sa dignité et sa nature.
Peut-être l’a-t-il considéré comme une simple bouffonnerie sans conséquence. […] On ne la considère pas autrement à cette époque. […] Le patriotisme considère la patrie comme une cause dont on est l’effet ; le civisme considère la patrie comme une cause finale dont on a l’honneur, le mérite et le devoir d’être le moyen. […] Cela est à considérer. […] Je sais bien que Rousseau raisonne souvent ainsi et que sa méthode courante est de prendre le personnage de Molière qui lui déplaît le plus pour le solidariser avec Molière, pour le considérer comme l’interprète de Molière, pour le considérer comme Molière lui-même et pour mépriser Molière sous son nom ; mais c’est un peu trop procédure de procès de tendances.
Il est clair que toute idée l’ennuie dès qu’il l’a considérée quelque temps. […] Mais son chef-d’œuvre dans ce genre est l’Essai sur l’assassinat considéré comme l’un des beaux-arts. […] William Griswold considère comme les plus importantes pour la justification de son père ; et l’on devine que M. […] Il la considérait, suivant son expression, comme « quelque chose d’intermédiaire entre Rachel et une panthère sauvage ». […] Ojetti, considérée à ce point de vue, apparaît pour le moins aussi improductive que celle de M.
Paul Meurice rappelle ces grandes crises littéraires de leur jeunesse ; d’un œil plus froid aujourd’hui, le grand défenseur du romantisme considère les jours de lutte pour les Burgraves et l’arrivée de Ponsard, posé imprudemment par « l’école du bon sens » en adversaire de Victor Hugo ; Ponsard, dit M.
A le considérer comme lyrique, depuis Rousseau, on ne pourra citer aucun de nos Poëtes plus propre à remplacer ce Grand Homme, auquel il n’est pas inférieur dans plusieurs de ses Odes, & particuliérement dans celle qu’il a composée sur sa mort.
Il attaqua vivement l’auteur, Italien de naissance, un de ces sçavans, il est vrai, sans esprit & sans goût, mais considérés à cause de leur application & de leurs recherches, qui ne sortent des bornes de la modération, que lorsqu’on ne garde aucun ménagement pour eux.
Il faut le considérer plus avant, le prendre à l’essence même dont il émane. » Que signifient ces fortes paroles, sinon qu’il est temps enfin de changer tous les points de départ philosophiques, tournés si obstinément du côté de l’homme, et de les renverser du côté de Dieu ?
Hésiode, considéré comme un poète cyclique, qui raconte toutes les fables relatives aux dieux de la Grèce, aurait précédé Homère.
Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle La marche que nous avons tracée ne fut point suivie par Carthage, Capoue et Numance, ces trois cités qui firent craindre à Rome d’être supplantée dans l’empire du Monde.
Je le considérerai donc ici dans l’objet dont nous nous occupons. […] Je ne l’entreprends donc pas, me réservant dans la suite de prouver ce que j’avance, quand je considérerai les genres en détail. […] « C’était à peu près de cette manière que les Persans étaient anciennement considérés des Athéniens. […] Mais considérons une pièce plus pure, et au-dessus de toutes les critiques : Cinna, par exemple. […] Je n’en considère la nécessité que dans l’art dont nous nous occupons.
* * * Déjà du temps d’Alexandre Dumas, l’inépuisable virtuose, on considérait comme un mérite précieux de savoir faire le plus possible de pages avec le moins de phrases imaginable. […] sans se presser, sentencieusement et péremptoirement, notre personnage considère comme un devoir d’exposer dans toutes les règles à celui qui n’a plus qu’une minute à vivre les convenances du droit civil et les prescriptions juridiques applicables à son cas ! […] Le strict devoir de l’écrivain serait de se considérer ici comme un éducateur. […] Je considérerai même votre œuvre comme très profitable, si vous réussissez : 1º À délivrer l’écrivain de la tyrannie de la ligne. […] Mais, pour le faire entendre du public, M. de Curel a dû recourir à un art que beaucoup de bons esprits considèrent comme inférieur : il a dû faire une pièce !
Je tiens du capitaine Hutton que dans l’Inde cette crainte se manifeste encore chez les jeunes poussins sauvages du Gallus bankiwa ou coq d’Inde commun, que l’on considère comme la souche mère de toutes nos races domestiques, lors même que ces poussins ont été couvés par une Poule domestique, et l’on constate le même fait chez les jeunes Faisans112. […] Or, on sait que ces deux derniers surtout sont généralement et bien justement considérés par tous les naturalistes comme les plus merveilleux de tous les actes instinctifs que l’on connaisse. […] On peut donc, en toute certitude, les considérer comme des esclaves exclusivement domestiques. […] Une Fourmi ouvrière, ou tout autre insecte neutre, se rencontrerait à l’état ordinaire que je n’hésiterais pas un instant à considérer tous ses caractères comme ayant été lentement acquis par sélection naturelle, c’est-à-dire à l’aide de modifications individuelles transmises par voie d’hérédité et accumulées dans la postérité des individus modifiés. […] En somme, et lors même que ce ne serait pas en vertu d’une déduction rigoureusement logique, il me paraîtrait encore plus satisfaisant pour l’esprit de considérer des instincts, tels que celui du jeune Coucou, qui repousse-hors du nid ses jeunes frères d’adoption, celui des Fourmis esclavagistes, ou celui des larves de l’Ichneumon qui se nourrissent dans le corps de la Chenille, non pas comme le résultat d’autant d’actes créateurs spéciaux, mais comme de petites conséquences contingentes d’une seule loi générale ayant pour but le progrès de tous les êtres organisés, c’est-à-dire leur multiplication, leur transformation, et enfin la condamnation des plus faibles à une mort certaine, mais généralement prompte, et la sélection continuelle des plus forts pour une vie longue et heureuse, continuée par une postérité nombreuse et florissante.