L’intelligence, la pensée, la volonté, la conscience, la moralité ou l’immoralité, le choix entre le bien et le mal, la liberté, la perversité ou la sainteté des actes, sont des phénomènes intellectuels de cet être appelé esprit ; phénomènes aussi inexplicables, mais aussi incontestables pour l’homme de bonne foi, que les phénomènes matériels le sont pour nos sens. […] Si cela n’était pas ainsi, les trois grands témoins de Dieu : l’intelligence, la conscience, l’évidence intérieure, auraient menti en nous, c’est-à-dire que ces trois grands témoins, subornés par la vérité suprême, Dieu, auraient été chargés par Dieu de se jouer en son nom de l’intelligence, de l’évidence, de la conscience, de la vérité, de la foi, de l’espérance de l’homme ! […] L’antiquité n’avait pas cette éloquence sereine et impérieuse parlant à la conscience au nom du ciel. […] La théologie est, comme la conscience, du domaine privé de chaque communion. […] Ce trône, pour le prêtre de génie, est plus haut que celui des rois : c’est de là qu’il règne sur le monde des consciences.
Les guerres de religion, atroces mais saintes, dans les deux partis, avaient remué et exercé jusqu’au fond des âmes le plus fort, le plus noble, le plus divin des héroïsmes humains, l’héroïsme de la conscience, non pas celui qui fait les héros, mais celui qui fait les martyrs. […] Sa conscience était dans leurs mains. […] Racine, entraîné vers eux par son estime, retenu à la cour par le prestige du roi et par les caresses de Mme de Maintenon, flottait dans une pénible ambiguïté entre les exigences de sa conscience janséniste et les complaisances de situations qu’il devait au roi. […] Un mariage secret mit en repos la conscience agitée du roi. […] Mais l’intérêt de la religion était tellement confondu dans sa pensée avec l’intérêt de Mme de Maintenon et avec sa propre gloire, qu’il était servile, adulateur et ingrat en conscience, et que son caractère était corrompu par son zèle pour le trône et pour la foi.
Il vous arrive pourtant de travailler sans conscience et de déclarer, étourdi : « Nous sommes nés originairement… » Il vous arrive aussi, stendhalien infidèle, de vous égarer vers des métaphores où nul guide ne vous conduit. […] Un charme triste se cachait dans ses livres, fait de conscience qui s’efforce et d’impuissance qui s’avoue presque. […] Ni Jésus ni Épictète certes ne confondraient le son ivre du clairon avec la voix de la conscience et ne consentiraient à tuer pour les néants que vous êtes : France !
Nous qui croyons que la vie des hommes fait leur pensée et que les livres sont, pour qui sait les entendre, la confession forcée de toute conscience, nous voulons marquer aujourd’hui les influences de la naissance sur le talent réel d’un homme qui, même comme talent, a péri par son origine. […] Ceux qui disent le plus haut, avec la soif de la justice ou la sympathie pour l’infortune, que les fautes sont personnelles, ont-ils jamais pénétré dans la conscience de l’homme que les sociétés ont nommé partout du nom expiatoire de bâtard ? […] En séduisant, il a engagé solitairement sa conscience ; mais un tel engagement ne regarde ni l’univers ni Dieu !
Il a donc remué toutes ces ombres et toutes ces poussières qu’on appelle les faits de conscience. […] Au lieu de rechercher microscopiquement dans la conscience ou dans la mémoire le fait primitif fondamental et qui constitue l’intelligence humaine, il fallait en prendre le germe mystérieux et complexe et montrer que, sans la corvée du père et de la mère, il serait non avenu, puisqu’il ne se développerait pas ! […] C’est donc par une théorie de la parole et non par l’analyse de faits de conscience imperceptibles que M.
Mais peut-être qu’il est une conscience de la nature, ou qu’il est intelligent comme la terrasse de Saint-Germain. […] Baudelaire a senti sa chair et son âme, son corps et son cœur, entraînés par un poids, et il a pris conscience de ce poids. […] Baudelaire a cherché, non dans le décor de la nature, mais dans les ténèbres de la conscience, un génie du catholicisme. […] « La conscience, la timidité, l’hésitation, le manque de mémoire rendent la composition quasi impossible. […] Lui-même écrit : « Ma force est surtout critique : je veux avoir la conscience de toute chose.
Si j’ai bien compris l’auteur de Marfa, il voudrait qu’après la psychologie des personnes on tentât l’étude de ce qu’il y a en nous d’étranger et de supérieur à nous, des influences fatales dont nous n’avons pas clairement conscience et qui ne deviennent intelligibles qu’à la condition de les observer, non plus dans des individus isolés, mais dans des successions ou des groupes d’êtres humains. Moyennant quoi l’on voit se dégager à demi des ténèbres qui les rendent redoutables quelques-unes des lois qui semblent présider au développement moral du monde : lois de solidarité, de réversibilité, de responsabilité collective, d’expiation familiale ; et par suite on entrevoit d’étranges communications, non encore définies, des âmes entre elles et de celles des vivants avec celles des morts, de subites et effrayantes lacunes de la personnalité et de l’identité du moi, et des sortes de substitutions de consciences
J’avais même cessé avec scrupule de voir le roi que je ne pouvais en conscience ni approuver ni servir. […] « Je ne juge pas votre conduite en 1830, lui avais-je répondu : votre conscience est votre seul juge. […] Il fut vivement ému de quelques harangues prononcées par moi à la Chambre pour soutenir, au nom de la conscience publique, le ministère de M. […] car le cri de la conscience est au-dessus même des opinions ! […] Cette morale qui se modèle de si loin sur ses perfections ineffables, je la trouve écrite par lui-même dans ma conscience.
Il a noblement apporté sa pierre à ce temple, de l’Esprit pur que, depuis des siècles, les plus hautes intelligences de l’humanité, les plus grands savants, les plus puissants artistes, ont rêvé d’édifier dans la conscience humaine. […] Il la considère comme la conscience progressive que l’oreille a prise d’une forme de langage dont elle est apte à jouir. […] Plus il comprendra profondément le travail de la conscience et de l’imagination créatrice, plus il verra augmenter ses moyens de prise sur la Nature. […] Un double travail de la conscience et de la subconscience a lieu, dont tout l’effort est de réaliser l’œuvre aperçue ainsi dans l’absolu, comme en un éclair. […] Mais les hommes sentent, avec plus ou moins de conscience, que ces lois du Nombre sont supérieures aux leurs.
Elles se prolongent dans un état social qu’elles froissent comme de chères et pénibles impressions d’enfance dans une conscience d’homme. […] Il détourne à son profit la force que l’âme sociale a donnée aux idées d’obligation, de conscience et de vertu. […] Tous les actes qui ne contrarient pas l’idée de dignité qu’il a choisie à son gré, il pourra les accomplir en toute sécurité de conscience. […] Chacun des hommes qui les incarnaient pouvait se réclamer de sa conscience et de la morale impérative. […] Notre conscience nous le fait connaître sûrement et avec évidence.
Il n’est pas possible d’imaginer plus de bienveillance, de cordialité, de respect pour la conscience d’un jeune homme. […] Il porta la foudre dans ma conscience, comme je le dirai bientôt, et, d’une main brutale, déchira tous les bandages par lesquels je me dissimulais à moi-même les blessures d’une foi déjà profondément atteinte. […] Manier avaient disposés autour de ma conscience pour la calmer et l’endormir. […] Il ne me dissimula même pas tout à fait combien il était surpris et mécontent de cette entreprise d’un zèle intempestif sur une conscience dont il était plus que personne responsable. […] Il fallait ses lumières transcendantes de martyr et d’ascète pour découvrir ce qui échappait si complètement à ceux qui dirigeaient ma conscience avec tant de droiture, du reste, et de bonté.
Victor Hugo, qui a toujours le coup de vent lyrique dans les cheveux, même quand il écrit en prose, nous dit, dans deux mots napoléoniens de préface, que « ce sont là les réalités et les fantômes vagues, riants ou funèbres que peut contenir une conscience, revenus, rayon à rayon, soupir à soupir et mêlés dans la même nuée sombre. » Cette conscience, qui se divise en deux tomes, porte deux noms différents : « Autrefois », — « Aujourd’hui ». Autrefois, Aujourd’hui, qui dans tant de gens feraient aisément deux consciences ! […] Hugo est aussi corrompue et perdue que sa conscience de chrétien. […] Je ne crains pas de le dire nettement, — simplement, — et la conscience sans aucun reproche, — malgré l’exil ! […] En effet, c’est dans Le Sultan Mourad que cet idéal des monstres heureux, ce Caligula du soleil qui a autant de crimes sur la conscience que d’escarboucles sur son caftan, rachète son âme devant la justice de Dieu pour avoir chassé les mouches de la plaie ouverte d’un cochon.