À bien des égards, par l’enthousiasme et la hauteur de la pensée, cette page rappelle l’hymne de Shelley à la Beauté intellectuelle : « J’ai gravi sur mes genoux la montée qui conduit à Dieu : je suis tombé, me suis relevé, je suis retombé encore ; je me suis abattu si fort que je restai sur le chemin, statue gisante, pâle, et comme prêt pour le sommeil suprême ; mais c’est là période accomplie. […] Acceptez-vous ou repoussez-vous la définition du vers à laquelle m’a conduit l’analyse ? […] On est ainsi conduit à une nouvelle explication qui me paraît de beaucoup préférable à celle que j’esquissais plus haut. […] * * * S’il est définitivement établi, comme tout paraît le démontrer, qu’il ne peut pas y avoir une science, mais des sciences, et que ces sciences, loin de conduire l’homme à une vision d’ensemble de l’univers, lui fournissent au contraire continuellement des points de vue nouveaux sur le Réel dans des ordres de connaissance différents, les hommes risquent de perdre toute vue synthétique sur l’ensemble des choses, les sciences allant vers la diversité et non vers l’unité. […] On y est conduit naturellement.
IV Ce jour-là, le caprice ou le hasard m’avaient conduit dans les quartiers les plus suburbains et les plus indigents de Rome. […] Conduit de là en Allemagne par le prince de Salerne, qui allait négocier avec l’empereur, il fut condamné comme rebelle au roi d’Espagne, par le vice-roi de Naples, et dépouillé, par confiscation, de sa maison à Salerne et de tous les trésors qu’elle contenait ; sa femme Porcia, réfugiée à Naples, dans une situation presque indigente, y continua l’éducation de ses enfants. Logée dans une petite maison peu éloignée du collège des jésuites, elle conduisait elle-même, avant le lever du jour, le jeune Torquato, âgé de treize ans, une lanterne à la main, à la porte du collège ; les progrès de l’enfant répondaient à la tendre sollicitude de la mère.
Leur gouvernement est à peine sensible : c’est la maison qui marche, ce ne sont pas eux qui la conduisent. […] Dieu le sait, j’étais simple et pur ; je ne me suis ingéré à rien faire de moi-même ; le sentier qu’il ouvrait devant moi, je m’y précipitais avec franchise et abandon, et voilà que ce sentier m’a conduit à un abîme ! […] Je n’ai jamais douté qu’une providence sage et bonne ne gouvernât l’univers, ne me gouvernât moi-même pour me conduire à ma fin.
Les Perses l’appelaient le confident des Dieux, et il était conseillé par eux, puisqu’il conduisait heureusement l’armée. — Ô Seigneur antique ! […] » — « Non, l’armée a été détruite près d’Athènes. » — « Lequel de mes fils conduisait l’armée ? […] Le fantôme évoque ces fantômes, il prend à témoin les vieillards ses contemporains, qu’il n’a pas dégénéré de leur gloire. — « Et moi aussi j’obtins la destinée que je désirais, et je conduisis de grandes armées dans beaucoup de guerres.
Tous conviennent que si Dieu n’a pas donné immédiatement la parole à l’homme, du moins il l’a doué d’une intelligence telle, que l’homme a d’abord pensé, et qu’ensuite, venant à abstraire ses pensées, il a été conduit peu à peu à les revêtir d’un signe extérieur. […] Il est étonnant qu’ayant refusé à l’homme le pouvoir de créer la parole, ce dernier N4ait pas été conduit, par la rigueur de la conséquence, à lui refuser aussi le pouvoir de perfectionner les langues. […] Il y a, au sujet de la formation du langage, un dernier système que l’on laisse entrevoir plutôt qu’on ne le développe ouvertement ; ce système est très ancien, mais il vient d’être rajeuni avec beaucoup d’art et beaucoup de science : c’est celui auquel on est si naturellement conduit par les idées de M.
Pour les sauver des attaques et de la fureur du peuple catholique, il est besoin de les faire escorter et conduire de Saint-Germain à Poissy par des archers de la garde du roi. […] Cette attention plus que débonnaire de Henri III le conduit, quelques heures après, à s’enfuir.
Mme de Coulanges était sans doute de celles qui avaient le plus pris sa défense : aussi était-elle outrée plus tard au nom de tout son sexe quand elle vit qu’il n’y avait plus moyen de se faire illusion, et que le héros de roman n’était décidément qu’un joueur, un voluptueux et le plus spirituel des libertins : « La Fare m’a trompée, disait-elle plaisamment, je ne le salue plus. » Cette trahison de cœur et la douleur qu’elle en ressentit conduisirent Mme de La Sablière, âme fière et délicate, à une religion de plus en plus touchée, qui se termina même, par des austérités véritables : elle mourut plusieurs années après aux Incurables, où elle avait fini par habiter. […] Mais ce réveil dura peu et conduisit même à l’excès de nivellement qui a suivi.
Rien de plus propre à conduire à ce but désirable que des expériences bien choisies, exécutées et discutées avec attention… On ne saurait trop le répéter aux professeurs : Bornez votre enseignement ; loin de vous engager par-delà le programme, restez en deçà plutôt. […] Le professeur doit conduire lui-même les élèves.
Il subsistait, lui et sa nombreuse famille, des bienfaits et des gages du Roi ; il était son bibliothécaire ; dans ses peines et ses surcroîts d’embarras domestiques (et il avait une sœur qui lui en donna), il était obligé de solliciter par du Perron la faveur et l’appui du roi : « Tu sais, ô mon Dieu, s’écriait-il, que c’est bien à contrecœur que je m’y résous, de peur que le monde ne répande des bruits sur mon compte. » En effet, recevoir et demander toujours, et ne rien accorder jamais, est chose difficile : il y avait des moments où Casaubon avait peur de fléchir, et il se retrempait alors par la prière : « Ô mon Dieu, affermis-moi contre ceux qui, profitant de mes embarras et de mes ennuis de famille, cherchent à tenter mon âme et à me subtiliser ma foi. » Notez qu’il n’était qu’un demi-protestant, ou du moins un demi-réformé : ses conversations continuelles avec du Perron et ses lectures assidues des Pères grecs l’avaient conduit à ce résultat, où plus d’un de ses coreligionnaires de bonne foi est arrivé depuis. […] Ce n’est, point à de simples particuliers, en effet, à expliquer l’Écriture ; et en ce qui est des docteurs du jour, ils ne nous enseignent point de voie certaine, mais ils nous conduisent comme au rond-point des chemins dans une forêt : quand on les a entendus, ils nous laissent plus incertains qu’auparavant.
Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ? […] Rousset nous fait si heureusement profiter, me paraît être bien plus dans le vrai quand il nous montre Louis XIV, toutes les fois qu’il dicte ou qu’il écrit, « parlant en roi passionné pour la gloire, appliqué à ses affaires, qui agit par lui-même, qui prend connaissance et qui juge sainement de tout, et qui n’est pas tellement conduit par ses ministres qu’il n’influe beaucoup dans leurs résolutions, par son attention a les examiner et sa fermeté à les soutenir. » Cette conclusion mesurée est moins piquante que l’autre, qui suppose un Louis XIV. toujours maître et souverain en idée, et en réalité toujours dupe.
Tout au plus le volage mériterait-il qu’on dît de lui en amour ce que Socrate disait à Alcibiade : « Vous demandez toujours quelque chose de tout neuf ; vous n’aimez pas à entendre deux fois la même chose. » Le drame, en cet endroit, est très-bien mené : ie comte Herman, tout amoureux qu’il est de sa femme, se voit conduit à la limite et comme à l’entrée d’une triple infidélité. […] Pompéa, après sa tentative de reprise de possession et cet effort suprême qu’on a vu, s’exécute et se conduit en noble et loyale nature ; elle a inspiré à la comtesse une sympathie involontaire, quasi magnétique, dont elle est reconnaissante et qu’elle se promet de ne pas trahir.
Je vous dirai cependant que j’espère que vous réussirez mieux au voyage que vous ferez ensuite, que vous n’avez fait au précédent. » Pour mieux déguiser son arrivée à Pignerol, Catinat en approchant, avertit M. de Saint-Mars, qui en était gouverneur, de le faire arrêter la nuit par la compagnie franche de la place et conduire incontinent à la citadelle. […] Catinat, averti aussitôt par M. de Boufflers du succès de l’entreprise, se hâta de le rejoindre ; il conduisait lui-même un corps de troupes, et en traversant les terres de Madame de Savoie, il s’attacha, selon son habitude, à réparer les désordres inévitables qu’on avait causés en pays ami, mais qui cette fois étaient bien légers.